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Rencontre avec l’un des fondateurs de la société de production SUPERPROD (interview)

Rencontre avec l’un des fondateurs de la société de production SUPERPROD (interview)

05 July 2022 | PAR Lucine Bastard-Rosset

SUPERPROD Animation est une société de production française spécialisée dans les séries télévisuelles d’animation et de fiction et les longs métrages d’animation. Dans le cadre du Festival d’Animation d’Annecy, nous avons rencontré Jérémie Fajner, l’un des deux fondateurs de la société.

Pour commencer, serait-il possible que vous présentiez rapidement SUPERPROD et la façon dont vous en êtes venus à créer cette société de production avec Clément Calvet ? 

Avant de fonder SUPERPROD, je travaillais déjà depuis 1999 environ avec Clément Calvet. À l’époque, nous dirigions une société, Alphanim, que l’on a développée et transformée en l’un des plus gros studios européens. En 2007 , celle-ci est devenue Gaumont Animation. Quelques années après, nous avons décidé de quitter cette aventure pour fonder notre propre société. Nous avons monté SUPERPROD en 2010 avec l’idée de mener nos propres projets de séries d’animation et de longs métrages d’animation tout en ayant la volonté de se diversifier dans d’autres domaines. C’est l’animation qui nous porte depuis 20/25 ans et on adore. 

Pour débuter sur des questions à échelle nationale, vous allez très prochainement ouvrir un nouveau studio d’animation à Angoulême pouvant accueillir près de 300 artistes. Comment s’est déroulée la création de ce studio ? Comment en êtes-vous venus à sa création ? 

Quand on a monté SUPERPROD, on n’avait pas de studio, car un studio c’est beaucoup d’investissement, d’infrastructures, de personnes qu’on ne pouvait pas mobiliser à l’époque. Par contre, dès qu’on a pu le faire, nous avons monté notre propre studio pour contrôler nous-mêmes toute la fabrication et relocaliser en France la fabrication de nos programmes. Donc, dès le départ, nous avions cette idée-là en tête et nous avons pu la concrétiser en 2015 en montant notre studio à Angoulême.

Nos premières productions étaient déjà fabriquées dans notre studio à Angoulême, car c’est un endroit où il y a des écoles, un soutien des collectivités territoriales et une vraie politique pour l’animation. Ce studio a grossi et grandi et aujourd’hui, on est plus de cinquante a y travailler. Le grand événement, c’est le regroupement de tous nos petits studios à Angoulême dans un seul et même studio qui sera tout près de la gare et qui ouvrira à la rentrée. 

SUPERPROD est devenue en un peu plus de 10 ans un acteur majeur de l’animation française. Comment avez-vous fait pour atteindre une évolution si rapide ? 

Ce qui nous a conduits à grandir, ce sont les projets. Nous avons toujours mis le maximum d’efforts dans les projets : en en développant des nouveaux, en engageant des artistes, des auteurs, et en proposant des projets au marché audiovisuel – aux chaînes de télévision, aux distributeurs de cinéma, etc. – pour pouvoir les monter. Chaque projet nous a fait grandir un peu plus : artistiquement, en termes de taille du studio, en travaillant beaucoup, en s’entourant de beaucoup de personnes. Ce qu’il y a de génial avec l’animation, c’est que c’est collectif et personne ne peut dire “j’ai fait le projet”, au contraire, “on l’a fait” autant dans la fabrication, que dans le montage financier. Il faut beaucoup de partenaires, fournir beaucoup d’efforts ensemble. 

Cette évolution s’est faite au fur et à mesure : nous avons réalisé une première série, puis on en a développée une seconde, etc. Nous avons beaucoup investi en développement pour avoir des projets, Nous travaillons beaucoup avec des partenaires internationaux aussi. On fait toujours des coproductions avec des partenaires – même si presque tout est fabriqué en France – car ça nous permet d’aller un peu plus vite. C’est peut-être notre particularité. 

Nous nous sommes aussi diversifiés : on fait des séries, des films, on connaît beaucoup de monde et depuis peu, on a aussi une structure qui fait de la musique. Notre idée c’est d’être maître à bord, de contrôler pour pouvoir livrer la meilleure qualité et faire ce dont chaque projet a besoin.

Nous avons toujours investi tout ce qu’on gagnait, sur le créatif, l’outil de fabrication pour pouvoir se développer et être plus solide. Ce marché est très compétitif, il y a plein de bonnes sociétés y compris en France, mais ailleurs aussi, et il faut essayer d’être au niveau. 

Pour revenir sur votre collaboration, vous travaillez avec de grandes chaînes françaises – Canal+, M6, France Télévisions, TF1 – mais également avec de grands studios américains – Warner, Netflix, Disney. Comment se passent ces collaborations ? Comment en venez-vous à travailler avec ces grands studios, ces chaînes françaises ? 

Tout d’abord, nous aimons faire les deux, car c’est très différent. Nous avons deux types d’activités. La première, c’est qu’on développe nos projets, on les finance et on les produit. Généralement, cela se fait avec des partenaires français et souvent on va associer un partenaire étranger – une chaîne, une plateforme.

Après, Nous avons d’autres types de clients qui viennent nous voir, les majors américaines, et qui nous proposent de fabriquer et de produire pour eux des projets. Par exemple, la Warner est venue nous voir pour savoir si on était intéressé de fabriquer la prochaine série de Batman pour les préscolaires. Il y avait une compétition au niveau mondial et Nous avons été choisi après trois mois d’efforts très intenses. On apporte à ces séries tout notre savoir-faire créatif et industriel. Ils écrivent les scénarios aux États-Unis, ils nous les envoient et on fait la réalisation, les story-boards, le design 2D et 3D jusqu’à l’image finale. 

Pour revenir sur le contexte particulier de ces dernières années avec la pandémie du Covid-19, est-ce que cela vous a impacté ? L’animation fait partie d’un des rares domaines à avoir été un peu plus épargnée puisqu’il y a cette possibilité de travailler à distance. 

Évidemment que le Covid a eu un impact, mais on a eu la chance de pouvoir s’organiser en travaillant à distance. La grève de décembre 2019 nous avait bien entraînés et, lors du confinement en mars 2020, l’équipe de techniciens et d’informaticiens a mis 300 voire 400 personnes en télétravail en quatre jours. Nous n’avons interrompu aucune de nos quatre productions et avons même commencé de nouvelles productions.

Vous êtes actuellement à la recherche de nouvelles personnes pour différents types de postes au sein de votre société. Quels sont vos besoins actuels de recrutement ? 

Nous avons une politique très active de recrutement en ce moment, que ce soit pour nos séries d’animation ou pour nos films. Actuellement, nous commençons un gros film d’animation que Netflix vient d’annoncer, qui n’a pas encore de titre, mais qui est réalisé par Steve Box – le réalisateur de Wallace et Gromit : Le Mystère du lapin-garou. Ce travail s’étend sur trois ans et est réalisé en animation 3D avec “des chats et des poils”. On est en train de constituer des équipes et on recrute donc à tous les postes. 

Nous recrutons également, pour nos séries d’animation, des directeurs de production, des chefs de département, des animateurs sur Paris et Angoulême. On essaye aussi de proposer à nos équipes une certaine manière de travailler, un certain sens du collectif, la possibilité de se former et de progresser. On forme à l’anglais, à de nouveaux logiciels et on tente de faire bénéficier toutes les équipes de ces formations. 

Nous développons le plus possible les relations avec les écoles pour accueillir des stagiaires, pour former des personnes qui débutent dans le métier et le secteur, car il faut leur donner cette opportunité-là.

Vous parlez de votre nouveau projet de création en collaboration avec Netflix, quels sont vos autres projets de création à venir ? 

Nous avons une dizaine de séries en développement, dont un projet en 2D en collaboration avec France Télévision : Compostman et moi. On développe un autre projet en 3D – Frnk – adapté d’une BD où l’on suit un adolescent projeté au temps préhistorique. On a aussi un projet préscolaire – Dinospital – ou encore un projet Heroic-Fantasy – Heroic-Football

Nous développons aussi plusieurs longs métrages et plusieurs projets que l’on a produits ces deux dernières années vont enfin être diffusés : la série Batman – lancée à l’automne sur HBO Max dans le monde entier – la série Spirit Ranger pour Netflix sortira à l’automne et la série Ghee Happy avec le réalisateur de Pixar Sanjay Patel. 

Vous réalisez principalement des projets pour les enfants, mais aimeriez-vous vous ouvrir vers un public plus large ? 

Nous réalisons déjà beaucoup de projets pour un public familial comme le film Croc-Blanc. On avait produit un film d’animation pour adulte très radical qui parlait de la Première Guerre mondiale : Cafard. On vient de constituer une équipe entièrement dédiée à la réalisation adulte avec des réalisateurs, scénaristes et directeurs artistiques.

Visuel : © Superprod

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Lucine Bastard-Rosset
Après avoir étudié et pratiqué la danse et le théâtre au lycée, Lucine a réalisé une licence de cinéma à la Sorbonne. Elle s'est tournée vers le journalisme culturel en début d'année 2022. Elle écrit à la fois sur le théâtre, la musique, le cinéma, la danse et les expositions. Contact : [email protected] Actuellement, Lucine réalise un service civique auprès de la compagnie de danse KeatBeck à Paris. Son objectif : transmettre l'art à un public large et varié.

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