Cinema
Paperboy de Lee Daniels, un film de genre détourné en réflexion sur les impossibles différences

Paperboy de Lee Daniels, un film de genre détourné en réflexion sur les impossibles différences

25 May 2012 | PAR Yaël Hirsch

Le réalisateur de « Precious » (voir notre critique) a créé la surprise en compétition au 86ème festival de Cannes, avec une adaptation assez libre et très intelligente du livre de Pete Dexter, « Paperboy ». Almodovar avait tenté la transposition du roman mais abandonné le projet en cours de route, Lee Daniels l’a fait, avec succès, créant avec ses superstars d’acteurs un climat trouble et jamais gratuit car propice à une réflexion sur le racisme et l’homophobie…

En 1969, dans la ville humide de Lately aux Etats-Unis les droits civiques des noirs n’ont pas passé les marais puants de la région. Journaliste du Miami Times, Ward Jansen (Matthew MacConaughey) revient dans la maison familiale où il retrouve son frère Jack (Zac Efron) et vient aider une femme un peu étrange, une barbie doll qui entretient des correspondances passionnées avec des détenus (Nicole Kidman), à prouver l’innocence du condamné à mort pour meurtre violent dont elle est amoureuse, Hillary van Wetter (John Cusack).

Lee Daniels change la perspective de la narration en faisant raconter l’histoire à la nounou noire de la famille, qui est comme une mère pour Jack (divine et inattendue Macy Gray) et en insistant sur l’homosexualité de Ward, le grand frère journaliste attiré par les hommes noirs. Ne reculant jamais devant des images brusques pour illustrer ses propos, le réalisateur demande à tous ses acteurs (sauf Efron, Apollon absolu) de jouer à contre-courant de ce qu’ils font d’habitude. Petit truc qui rend parfaitement crédible la grande idée du film : nous avons tous notre part d’ombre, qui repose en grande partie sur nos tabous dont la race et le sexe sont la clé. Quand les contradictions sont trop fortes, la part d’ombre se transforme en pulsion de mort…Un film menaçant et plus profond qu’il n’y paraît où Kidman semble s’éclater dans son rôle poupée gonflable, ce qui, vu la pauvreté des rôles féminins cette année en compétition, la place dans une position non seulement botoxée mais palmable.

” The Paperboy”, de Lee Daniels, avec Nicole Kidman, John Cusack, Matthew MacConaughey, Zac Efron, Macy Gray, David Oyelowow, USA, . En competition. Sortie le 14 novembre 2012.

Infos pratiques

Lucas Belvaux au Festival Visions Sociales, la conscience de Cannes!
Le Beau Robert Pattison ne sauve pas Cosmopolis de ses bavardages pesants
Avatar photo
Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

2 thoughts on “Paperboy de Lee Daniels, un film de genre détourné en réflexion sur les impossibles différences”

Commentaire(s)

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration