Critique Le village des ombres: promenez vous à Ruiflec…
Le premier long métrage de Fouad Benhammou tentera d’effacer l’échec des derniers films de genre français, à partir du 17 novembre prochain. Le village des ombres est un film à l’atmosphère fantastique autant qu’horrifique qui s’inspire d’un cinéma de genre espagnol très prolifique ces dernières années. Avec un certain succès.
Le village des ombres se cale sur une trame ultra classique pour tout film d’horreur qui se respecte. Un groupe de jeunes à la campagne qui passe un weekend dans un petit village déserté. Des disparitions et un jeu du chat et de la souris contre une force maléfique qui tente de les anéantir. Soyons tout de suite clairs : le village des ombres ne vous fera ni tressaillir, ni hurler de peur : il se situe plus dans la lignée de L’orphelinat ou Les autres pour l’ambiance, et Jusqu’en enfer de Sam Raimi dans l’utilisation des codes du film d’épouvante à l’ancienne (l’humour en moins). Fouad Benhammou distille une atmosphère, ménage des effets sonores et une musique stressante sans chercher provoquer le sursaut à tout prix. Il est assez rare pour être souligné que le film ne se complait pas non plus dans le gore trash caractéristique des dernières productions du genre en France.
Mélangeant les influences de légendes historiques style Brocéliande à un scénario truffé de rebondissements efficaces, le réalisateur mène sa barque sans génie mais avec un réel respect pour le spectateur. L’originalité du film vient d’une bonne trouvaille scénaristique : c’est le village lui-même qui tente de se venger du groupe d’amis qui doit donc se battre contre un environnement qui lui est entièrement hostile. Les règles du décor dans lequel les personnages évoluent sont donc constamment modifiées et renforcent la sensation d’étouffement. Tourné avec un budget assez réduit, le film compense son manque de moyens par une utilisation judicieuse de la caméra qui donne plus d’ampleur à un espace relativement restreint.
On pourra critiquer le jeu des acteurs pas toujours très convaincants et la faiblesse de certains dialogues qui peuvent faire sourire. Cependant, ce premier long métrage est un essai en partie transformé grâce à une identité visuelle affirmée et au courage de proposer une autre vision du film de genre français. On remarque une véritable envie de cinéma et non un simple contre la montre pour obtenir une interdiction au moins de 16 ou 18 ans pour faire monter le buzz.
A la fin de cette année, les amateurs de films d’horreur pourront consommer leur Saw annuel (déjà le 7ème du nom), auréolé du sous titre «à voir en 3D ». Il semble donc tout à fait opportun de changer ses habitudes en préférant ce village des ombres qui offre un divertissement recommandable à défaut de marquer les esprits.
Gilles Hérail
Le village des ombres (sortie le 17 novembre/ toutes les informations dans notre interview)
3 thoughts on “Critique Le village des ombres: promenez vous à Ruiflec…”
Commentaire(s)