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“I Care a Lot” : Rosamund Pike et Peter Dinklage se font face dans une comédie noire grinçante

“I Care a Lot” : Rosamund Pike et Peter Dinklage se font face dans une comédie noire grinçante

20 February 2021 | PAR Manon Bonnenfant

Belle surprise de cette fin de mois, “I Care a Lot” de J Blakeson est une comédie noire proposée par Netflix, alliant plusieurs sous-genres. Rosamund Pike y campe une escroc impitoyable, indétrônable. Jusqu’à ce qu’elle goûte au revers de la médaille.

Prête à tout pour réussir…

Rosamund Pike est de retour dans un rôle qui ne lui va que (trop) bien. On se souvient tous de l’épouse manipulatrice et esclave des apparences dans l’excellent Gone Girl (2014). Sa froideur effrayante et capacité à jouer avec nos émotions avaient crevé l’écran. Mais si l’actrice britannique incarne un personnage dans la même veine, la comparaison avec Gone Girl s’arrête ici. I Care a Lot, c’est avant tout du comique saupoudré de noirceur. Ou l’inverse. Les sous-genres se confondent avec une homogénéité justement dosée. On appréciera la proximité établie avec nous autres spectateurs dès les premières secondes. Rosamund Pike se glisse dans la peau de Marla Grayson. Officiellement, elle prend en charge des personnes âgées (et riches) placées sous sa tutelle. Officieusement, elle les escroque. Car pour Marla, le monde se scinde en deux catégories : ceux qui prennent, et ceux à qui on prend. Une philosophie de vie rappelant “Le Prince” de Machiavel : construire et conserver son pouvoir par tous les moyens. Et dans un monde où nos aînés ont relativement peu leur mot à dire, pourquoi ne pas en “tirer profit” ?, selon Marla. Se définissant comme une “fucking lioness”, elle ne se gêne aucunement à user de la faiblesse et naïveté des personnes du troisième âge pour s’en mettre plein les poches. Et comme toute bonne escroqueuse, la manipulation est un domaine dans lequel elle excelle. 

… mais à quel prix ?

C’est ainsi qu’on la retrouve – coiffée d’un carré parfaitement glaçant – à duper autrui. Un masque enfilé et savamment entretenu devant ceux qui ne sont pas dans le coup (les juges et journalistes notamment). Une actrice qui joue une actrice, mise en abyme comique mettant en exergue la facilité qu’il est de manipuler les instances de pouvoir. Et de gagner. Pour une femme, de surcroît. Le hic, c’est que la prochaine victime de Marla ne s’avèrera pas être sans défense. Rosamund Pike partage également l’écran avec Eiza González (Baby Driver) – sa partenaire de choc – , et Peter Dinklage (Game of Thrones) qui deviendra son pire cauchemar. D’I Care a Lot se dégage une grande fraîcheur, le format choisi y est pour beaucoup : comique, sans pour autant s’abîmer dans le nanar, tension instaurée tout du long et allégée par des séquences absurdes… J Blakeson (La Cinquième Vague) prend un malin plaisir à nous mener par le bout du nez… jusqu’à la toute dernière minute. La performance de Rosamund Pike est une fois de plus à saluer, terriblement drôle et redoutable à la fois. Peter Dinklage, sa Némésis, n’est pas en reste et s’impose comme un charismatique gangster. Sans pitié, mais aussi plus vulnérable. Si l’on regrette le peu d’interactions générales entre ces deux grands acteurs, on ne peut qu’apprécier ce qui est un combat de gladiateurs au sein d’un système typiquement américain. 

Sans être LA révélation de l’année (qui est loin d’être encore d’être finie), I Care a Lot surprend, nous fait passer du rire aux frissons et réussit le pari d’une satire sur notre société où gloire et argent se gagnent par moult sacrifices. Dans l’ombre ou la lumière, les prédateurs sont légion.

“I Care a Lot”, actuellement disponible sur Netflix.

 

Visuel : ©Netflix, affiche officielle 

 

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