Cinema
[Critique] « Gone girl » : cylindre fou qui tourne à plein talent

[Critique] « Gone girl » : cylindre fou qui tourne à plein talent

06 October 2014 | PAR Geoffrey Nabavian

La sortie d’un nouveau David Fincher est toujours un événement. Chance : Gone girl ne déçoit pas. Ben Affleck a beau ne pas être au top, le chemin infernal composé par le réalisateur laisse éclater une vénéneuse atmosphère. A la virtuosité pas gratuite, qui plus est…

[rating=4]

Gone girl AfficheNick et Amy ont vécu, jeunes, une histoire parfaite à New York. Pleine de passion et de sexe, dans les corps comme dans les mots : ils aimaient se poser de petites énigmes à base de poésie. Après cinq ans, et des changements d’importance, leur relation n’est plus la même. Le jour de leur anniversaire de mariage commence, pour Nick, par un Bourbon, au bar qu’il a acheté avec sa sœur, dans la petite ville du Missouri qui les vit grandir. Puis vient l’heure du retour à la maison, vers dix heures… Maison où il découvrira la table en verre du salon brisée, et sa femme disparue…

Comme il a la tête de Ben Affleck, on le trouve plutôt débonnaire, Nick. D’ailleurs, il aide tout le monde, à la plateforme qui s’occupe de centraliser les recherches. Peut-il avoir tué Amy ? Certains, en ville, en sont persuadés. Pas forcément les plus intelligents. L’officier de police Boney est plus maline, elle. Mais pas forcément assez… Surtout qu’Amy semble avoir laissé derrière elle une énigme… Plus que jamais, David Fincher fait émerger la perversité cachée derrière un quotidien ultra sécurisé. Sachez que le film, qui mélange temporalités et points de vue, est surprenant. Il nous livre une représentation extrême de l’usure d’un couple. Une histoire d’amour tendre, une vie plus terne dans le Missouri : le choc a lieu, il n’y a plus ensuite qu’à en observer les effets. Monstrueux. Mais il y a toujours plus horrible. Et l’on débouchera bientôt dans un cauchemar bien pire, matérialisé par un décor sophistiqué, et un Neil Patrick Harris à l’allure asséchée…

Gone girl a donc une thématique forte. On peut dire aussi qu’il renouvelle une figure de cinéma de façon radicale. D’accord, il est maîtrisé. Mais question émotion… ? Si Ben Affleck oublie d’être transcendant, et si Rosamund Pike (Amy) reste parfois un peu en surface, on se console avec Kim Dickens (l’officier Boney) et Carrie Coon, sœur attentionnée et forte. C’est surtout cette représentation virtuose des malaises souterrains qui émeut. La mère d’Amy, filmée comme un personnage dessiné, fait par exemple froid dans le dos. Ces ruptures de ton, dans lesquelles s’invite la tendresse, sont redoutablement efficaces. A-t-on besoin de vous préciser, pour finir, que Gone girl tient en haleine ? Découvrez ses mystères à la Fincher, sous-tendus par un fond ultra pertinent.

Gone girl, un film de David Fincher. Avec Ben Affleck, Rosamund Pike, Carrie Coon, Kim Dickens, Patrick Fugit, Tyler Perry, Emily Ratajkowski, et Neil Patrick Harris. Policier / dame américain. Durée : 2h30.

Visuels :  © 20th Century Fox

[Interview] Mina Tindle : « une envie de faire tomber quelques voiles »
[La recette de Claude] Nouilles sautées aux crevettes, ou au poulet, ou au porc, sauce aigre-douce, piment doux
Avatar photo
Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

One thought on “[Critique] « Gone girl » : cylindre fou qui tourne à plein talent”

Commentaire(s)

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration