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« Un enterrement et quatre saisons » de Nathalie Prince : faire le deuil d’un amour fou

« Un enterrement et quatre saisons » de Nathalie Prince : faire le deuil d’un amour fou

20 February 2021 | PAR Alice Martinot-Lagarde

Dans Un enterrement et quatre saisons, publié aux éditions Flammarion, Nathalie Prince raconte une année de vie après la disparition de son mari. Elle y livre son histoire, celle d’un chemin douloureux et d’un amour intense.

Libérer son chagrin. Accepter. Réapprendre à vivre. Le chemin est long et le cœur lourd. Perdre l’homme qui partageait sa vie est une épreuve qui ébranle l’existence, retourne le monde, transforme la façon de penser. Son mari, cet être tant aimé, vient de disparaitre et Nathalie Prince entame avec courage ses premiers pas dans la cinquième saison. Cette cinquième saison, comme elle l’appelle, c’est l’après, cette partie de la vie que l’on ne pensait pas possible, celle que l’on n’aurait jamais voulu vivre. Parce que la suite sans lui, c’était inimaginable.

C’est le récit d’une lutte pour avancer. Désorienté, il faut bien choisir à quoi on s’accroche et ce que l’on veut continuer à porter. Nathalie Prince, elle, s’applique à l’affection de la terre, trouve ses réjouissances dans la beauté des fleurs et cultive son jardin au rythme des saisons tel un hymne à la vie. Alors qu’elle retrace avec une tendresse infinie l’histoire de son amour perdu, des bancs d’une prépa lettres à la naissance de leurs quatre enfants, elle prouve que la maladie et la mort sont loin de tout détruire. Il n’est jamais question que tout s’arrête, il reste tellement de choses à chérir.

Chaque étape a sa part de douleurs, des petits pincements au cœur qui forment le chemin vers l’après et qui constituent ce deuil qu’il faut voir se construire avec patience. Reste à trouver sa place au milieu des absurdités du monde, faire face à une réalité plus terre à terre. Nathalie Prince expérimente un certain lot d’aberrations, un décalage dont elle préfère de se moquer, racontant les obligations laborieuses envers les administrations et les contraintes juridiques grotesques. On rit de son ton léger et piquant qui ne fait pas oublier la peine mais délaisse la gravité pour un humour noir finement écrit.

C’est finalement un livre rempli d’amour, pour lui, pour leurs enfants, mais aussi pour elle-même et pour la vie. L’acte d’écrire et de raconter apparait alors puissant, il pallie la peur de l’oubli, met en lumière les drôleries de l’existence et permet une formidable résilience. Nathalie Prince réussi à dégager une brillante intensité sans tomber dans le superficiel. Il est question de ressentis, d’émotions, jamais ses mots ne cherchent à susciter la pitié ni à exhiber son chagrin. Il en ressort un texte poétique fort et extrêmement touchant, un témoignage intime d’une épreuve à la fois si personnelle et terriblement universelle. 

 

Nathalie Prince, Un enterrement et quatre saisons, éditions Flammarion, 272 pages, 20 euros. 

visuel : couverture du livre

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Alice Martinot-Lagarde

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