Cinema

Critique de Date Limite, cinq journées en Enfer

10 November 2010 | PAR Sonia Ingrachen

Après le succès surprise de Very Bad Trip, on retrouve l’humour dejanté de Todd Phillips pour sa nouvelle comédie Date Limite.
Peter Highman va devenir père, il doit prendre l’avion pour rejoindre sa femme enceinte qui va accoucher dans à peine cinq jours. Le voyage en avion d’Atlanta à Los Angeles ne devait être qu’une formalité, mais c’était sans compter sa rencontre avec Ethan Tremblay, l’énergumène  qui va quelque peu (et c’est un euphémisme) troubler son voyage.

Dans Date limite, Todd Phillips reprend tous les ingrédients du Buddy movie, ce genre phare des années 80. Deux hommes que tout oppose sont obligés par le hasard des évènements de cohabiter ensemble, créant au passage quelques situations d’incompréhension, des confrontations et une résolution finale lorsque les deux personnages vont devenir complices. La formule est si souvent utilisée qu’elle en est devenue un cliché du cinéma américain. Elle est même désormais dérivée sous toutes ses formes, du duo masculin (Ticket pour deux, modèle implicite de Date Limite) à sa transgression gender (Thelma et Louise) en passant par le métissage (L’Arme Fatale) et la parité (Kiss And Kill, Mr and Mrs Smith).
Mais malgré l’utilisation de ce genre vu et revu, le spectateur apprécie quand même ce duo qui fonctionne plutôt bien.
Le tandem de choc est incarné par deux personnages diamétralement différents. Peter Highman, interprété par le charismatique Robert Downey Jr, est un architecte qui représente à lui seul tous les stéréotypes du cadre moyen : maniaque, introverti et froid, c’est un nerveux colérique qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.
Ethan Tremblay est quant à lui un nounours un peu simplet accro à la fumette (non pardon il a un glaucome !), un boulet à la folie douce qui rêve de devenir acteur à Hollywood. Zack Galifianakis incarne à la perfection ce phénomène ambulant. Le film repose essentiellement sur l’atout comique que représente l’acteur. Dans Vey Bad Trip il était déjà le personnage le plus décalé et le plus attachant. Dans la série comique Bored To Death chacune de ses apparitions est un instant mémorable. Date Limite est le terrain où la folie comique de l’acteur s’exprime entièrement.

Le choc du hasard (la voiture d’Ethan percute celle de Peter devant l’aéroport) et les maladresses d’Ethan (des mots que l’on ne doit pas prononcer dans un avion) vont faire se rencontrer ces deux hommes. C’est le point de départ de ce road trip de cinq jours (infernaux) à travers les Etats-Unis : une virée en Enfer pour Peter. En chemin bien sûr, ils auront le droit à un lot de gags et de péripéties inattendus, drôles parfois potaches mais souvent efficaces. Comme dans tout road trip, les deux hommes vont faire en route quelques rencontres mémorables; on découvre par exemple Heidi (la talentueuse Juliet Lewis) une dealeuse haute en couleur ainsi qu’ un employé de la western Union (Danny Mcbride) en fauteuil roulant et plutôt très violent.

Cette comédie fonctionne aussi parce qu’elle joue la carte de la transgression : On se masturbe, on se drogue et en plus on se bat avec un handicapé. A ce titre les scènes où Peter et Ethan sont stones dans la voiture ou celle où Peter met un coup de poing au gamin insupportable de la dealeuse (nous aussi cela nous démangeait!) sont mémorables. La bande originale du film nous offre aussi quelques instants plaisants avec des titres aussi éclectiques qu’ Amazing Grace de Rod Stewart, Check Yo Self d’ Ice Cube, Is There A Ghost de Band of Horses, Hold On I’m Coming de Sam & Dave…

Au final, Todd Phillips a fait une comédie qui marche grâce à ses acteurs (le décalé Zack Galifianakis) et à quelques scènes bien drôles. Un peu moins bon que Very Bad Trip, le film nous fait tout de même passer un bon moment.

Un film de Todd Phillips, avec Robert Downey Jr., Zach Galifianakis, Michelle Monaghan, Juliet Lewis, Jamie Foxx…
Titre original : DUE DATE (Etats-Unis)
Genre : Comedie – Duree : 1H35 mn
Distributeur : Warner Bros
Sortie en salles le 10 Novembre 2010
Année de production : 2010


Quand MAC nous transforme en méchantes
Paris commémore la fin de la Guerre de 1914-18
Sonia Ingrachen

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration