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[Compétition] “Marguerite et Julien”, un film dont le récit accroche
Révélée par La Reine des pommes, adulée pour La guerre est déclarée, et confirmée par Main dans la main, Valérie Donzelli franchit un cap international avec cette présentation en Sélection officielle à Cannes. Avec ce projet intrigant, elle réussit sa tentative de film romanesque, mais ne bouleverse pas totalement.
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Une fois de plus, Valérie Donzelli nous livre une ode à l’amour fou. Ici, c’est une soeur qui aime son frère, et vice-versa. Dans ses mains, on l’imagine, le film ne sera pas scabreux : elle va s’employer à parler d’un sentiment “incompréhensible” – c’est l’un des personnages qui le dit – qui défie bienséance et morale. Sous la forme d’un conte lancé à pleine vitesse.
Dans un univers de rêve qui fait référence à un fait divers du XVIIème siècle, Marguerite (Anaïs Demoustier) éprouve une attirance passionnelle pour son frère Julien (Jérémie Elkaïm). Venue tout droit des jeux d’enfants, et devenue “amour inexplicable”. L’oncle des jeunes gens, prêtre (Sami Frey), voit ce lien trop fort d’un mauvais oeil. Les parents de Marguerite et Julien s’alertent bientôt. Et par un concours de circonstances, les deux jeunes vont aller trop loin, et être mis hors-la-loi… C’est une course que nous propose la réalisatrice. De la musique fiévreuse, des plans nerveux… L’urgence de s’aimer, sans doute. Si l’on est pas totalement bouleversé par les scènes, le tragique nous atteint tout de même.
Et surtout, on s’accroche à l’histoire. Le mélange des temps passe totalement. Valérie Donzelli conserve le côté bricolé de ses réalisations précédentes : il lui suffit d’une couleur de volets originale pour projeter un château dans le XVIIème siècle. D’un costume pour évoquer une époque. Surtout, on ne sent pas de pathos. Plutôt des fulgurances poétiques. Remplies de charme. Qui procure donc du plaisir, et ne font pas s’enfuir à toutes jambes.
Sauf que la légèreté affichée produit parfois une impression brouillonne. Qui empêche certaines scènes de nous transporter. On aime lorsque Marguerite et Julien rejouent intensément à leurs jeux d’enfants, pour la première fois. On apprécie moins les scènes de séduction qui précèdent, car elles sont moins précises. Idem pour la séparation dans la serre, pour l’arrestation de Marguerite par les gendarmes, et pour certaines scènes qui font avancer le récit. Où les artifices se voient.
La forme est simple. Le corollaire de ce choix est qu’elle ne prend pas toujours corps. Et que du même coup, le maniérisme guette… Les interprètes, habités, savent heureusement rester intenses. Mention spéciale à Raoul Fernandez, royal dans le rôle de Lefebvre, le mari de Marguerite. Pathétique et émouvant, puis tout à coup monstrueux. Et à Sami Frey, de retour, dans un rôle de prêtre marquant, très sombre. Marguerite et Julien, ou un film agréable, dont l’histoire entraîne à sa suite, sans volonté d’épater.
Marguerite et Julien, un film réalisé par Valérie Donzelli. Avec Jérémie Elkaïm, Anaïs Demoustier, Frédéric Pierrot, Sami Frey, Maxime Dambrin, Raoul Fernandez, Géraldine Chaplin… Distribution France : Wild Bunch. En salles le 30 septembre 2015.
Visuels : © Céline Nieszawer
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