![[Cannes, Un certain regard] Une « Disappearance of Eleanor Rigby » bien lourde](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2014/05/The-Disappearance-of-Eleanor-Rigby-640x425.jpg)
[Cannes, Un certain regard] Une « Disappearance of Eleanor Rigby » bien lourde
The Disappearance of Eleanor Rigby constitue en réalité un cycle de trois films, réalisés par Ned Benson et sous-titrés « Him », « Her » et « Them ». Trois points de vue sur la même histoire. Pas assez de place à Cannes : on n’a pu voir que le « Them » à Un certain regard. Et peut-être son manque de densité s’explique-t-il par l’existence des deux autres films, à l’angle plus précis, celui du mari ou de la femme. Toujours est-il qu’on y rit un peu, qu’on y admire parfois une certaine maîtrise technique, et… qu’on s’y ennuie beaucoup.
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La dernière scène du volet « Them » de The Disappearance of Eleanor Rigby résout tout, tout en ne résolvant en fait rien. Les deux heures du film écoulées, les plus tenaces pourront enfin comprendre que Conor et Eleanor, deux conjoints interprétés par les beaux – et talentueux – James McAvoy et Jessica Chastain, se courent après, au sens propre du terme, en permanence, tout en essayant désespérément de fuir leur amour. Un amour brisé mais pas tout à fait par une souffrance terrible et inattendue, survenue alors qu’ils n’étaient pas trentenaires.
Un piège, une boucle, totalement insurmontable. Un « mal des trentenaires », gravement renforcé par une tragédie familiale. Aucun espoir d’en sortir. Très peu de possibilité d’évolution, tant sur le plan humain que sur le plan narratif. Un sujet extrêmement difficile à réussir, au cinéma. Dans le film de Ned Benson, rien ne bougera, au final, chez les protagonistes. Mais comment rendre leur lutte avec eux-mêmes perceptible et surtout, supportable ? « Avec de l’humour », a pu se dire le réalisateur. A l’écran, le résultat est peu concluant : les dialogues sont très écrits, mais les bons mots se suivent et finissent par se ressembler. Et pourquoi diable la prof d’Eleanor (jouée par Viola Davis) fait-elle obstinément la tête ? Pourquoi notre Isabelle Huppert nationale, incarnant sa mère, n’est-elle que sur le registre de l’intériorité douloureuse et torturée ?… Rien ne bouge chez les personnages secondaires non plus. Toute cette précision, cette écriture, alourdissent le film au lieu de l’aérer.
Tentative de suicide de Jessica Chastain au début, déboires de James McAvoy dans un rôle de restaurateur… Les interprètes ont beau faire ce qu’ils peuvent, on ne parvient pas à être émus. Trop sophistiqué, tout ça. On le voit venir à dix kilomètres, le vide fantomatique qui envahit Eleanor Rigby. Sauf qu’on eût aimé le ressentir aussi, et profondément…
The Disappearance of Eleanor Rigby, un film en trois parties (Him/Her/Them) de Ned Benson avec James McAvoy, Jessica Chastain, Ciaran Hinds, Isabelle Huppert, William Hurt. Drame américain.
Visuel : © Wanda Vision