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“Par cœurs” de Benoît Jacquot : un dispositif peu convaincant

“Par cœurs” de Benoît Jacquot : un dispositif peu convaincant

27 December 2022 | PAR Julia Wahl

Dans son film Par cœurs, Benoît Jacquot nous fait vivre l’édition 2021 du Festival d’Avignon, à travers les yeux d’Isabelle Huppert et de Fabrice Luchini. Un pari pas toujours réussi.

Huppert et Luchini étaient tou.tes les deux programmé.es au Festival d’Avignon en 2021. La première dans une Cerisaie mise en scène par Tiago Rodrigues, fraîchement nommé directeur dudit festival ; le second dans une lecture publique de Nietzsche et Baudelaire, produite et diffusée en direct par France culture. Complice de longue date de ces deux acteur.ices (il a tourné avec Huppert dès 1981 dans Les Ailes de la colombe et avec Luchini dès 1998 dans Pas de scandale), Benoît Jacquot leur a demandé de pouvoir filmer les coulisses de leur prestation avignonnaise.

Il avait déjà monté un projet semblable avec le seul Luchini : l’année de Pas de scandale, il avait tourné une captation d’une lecture publique de textes de La Fontaine, Céline et Flaubert. Sans surprise, cette première version du projet s’appelait Par cœur, au singulier.

Peut-être l’erreur a-t-elle justement été de vouloir passer au pluriel : Huppert n’a pas (et ne cherche pas à avoir) le bagou cabotin de Luchini. Pour l’heure, elle se bat surtout avec une phrase de Tchekhov qu’elle ne parvient pas à mémoriser. Aussi la voit-on durant la première partie du film – soit environ trois quarts d’heure – répéter sans cesse cette même phrase, les quelques propos qu’elle tient directement face caméra venant commenter ce trou de mémoire. Si le format fonctionnait pour Luchini, il correspond moins à Huppert.

Le spectateur qui reste ces longues quarante-cinq minutes dans la salle de cinéma voit ensuite paraitre à l’écran un Luchini semblable à ce que l’on en connaît : volontiers hâbleur, tout en prétendant se mettre humblement au service des grands auteurs, il capte tout de suite l’attention. La présence d’Isabelle Huppert, dense mais plus sobre, pâtit alors de cette juxtaposition. Quand Fabrice Luchini a l’occasion de mettre en scène – au sens le plus commun du terme – son amour pour Nietzsche, Jouvet ou Molière, son acolyte ne présente à la caméra que sa difficulté à mémoriser son texte. On s’interrogera alors sur l’organisation du dispositif, de toute évidence très inégal, mais aussi sur les choix de montage, qui coupent de façon trop brutale le film en deux parties étanches. Restent quelques très jolis plans, comme cette belle plongée sur la Cour d’Honneur du Palais des Papes durant La Cerisaie.

Visuel : affiche du film

Paris, Police 1905 Le Paris des vices et de la vertu
La Belle au bois dormant dans une nouvelle chorégraphie de Martin Schläpfer à l’Opéra d’État de Vienne
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Julia Wahl
Passionnée de cinéma et de théâtre depuis toujours, Julia Wahl est critique pour les magazines Format court et Toute la culture. Elle parcourt volontiers la France à la recherche de pépites insoupçonnées et, quand il lui reste un peu de temps, lit et écrit des romans aux personnages improbables. Photo : Marie-Pauline Mollaret

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