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Paris, Police 1905 Le Paris des vices et de la vertu

Paris, Police 1905 Le Paris des vices et de la vertu

27 December 2022 | PAR Ilan Lévy

Une belle idée de série, une 2ème saison intéressante, quelque peu gâchée par Saint Vincent Bolloré !

On prend les mêmes et on recommence

Dans le Paris de l’Affaire Dreyfus et de sa violence, la 1ère saison Paris Police 1900 avait su trouver le ton juste. Le scénariste Fabien Nury, issu du monde de la BD et une pléiade de bons comédiens, pas forcément connus, racontaient à merveille cette époque incroyable où violence et antisémitisme faisaient front commun.
Dans la 2 ème saison, qui se déroule en 1905, date au combien importante de l’histoire de France, revoir les comédiens est un régal : Antoine Jouin en inspecteur consciencieux et sans filtre, Marguerite « Pompe funèbre » en mère maquerelle du tout Paris, le préfet Lépine, impeccable de droiture et défenseur inlassable de l’institution policière et l’arrogant et insupportable Bertillon, à l’origine de la médecine légale.

Une intrigue qui tient en haleine…un peu

Dans le bois de Boulogne, un cadavre est retrouvé, à l’endroit où se rencontrent les « invertis » ; nom donné aux homosexuels en 1905. La pratique de l’homosexualité est alors interdite et passible de prison et les homosexuels sont fichés.
Le commissaire Jouin, aux méthodes peu conventionnelles, mène l’enquête, alors que sa femme est l’une des 1ères avocates de France. Tous deux prennent sous leur aile une jeune prostitué, Rosalie Dantremont, dont l’arrestation arbitraire par la police des mœurs entraine la mort de son bébé.
Dans un Paris lugubre, glacial, -la majorité des scènes se passent de nuit-, contraire de l’image de La Belle Epoque, Jouin va devoir éclaircir ces deux mystères tout en luttant contre ses collègues qui souhaitent en finir avec lui.
A son tour accusé d’homosexualité, le pire crime de l’époque, il doit faire appel à son ancien collègue Fiersi et s’attaquer à un réseau de « pédérastes » protégée par la police des mœurs.

La patte cléricale de Saint Vincent Bolloré

Si la série, curieusement passée de 8 épisodes à 6, remplit son rôle pour le côté policier et que les comédiens font de leur mieux pour meubler une intrigue un peu maigre, on se demande bien où est passée la fameuse loi de 1905.
Après le tournage de la saison 1, le réalisateur avait annoncé que la 2ème saison se déroulerait dans le contexte de la loi 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Il est vrai que celle loi plus que centenaire reste au sommet de l’architecture législative et républicaine en France et régit les relations entre les religions et l’Etat.
D’après plusieurs médias, de Franc Tireur à Marianne, c’est Vincent Bolloré, le propriétaire de Canal +, qui serait intervenu pour supprimer toutes références, pourtant annoncées, à cette loi que l’Eglise de l’époque avait refusé parfois violemment.
On se demande quel scénario va bien pouvoir écrire le très saint Vincent Bolloré pour la saison 3 : le Paris de 1914-1918 sans la guerre peut-être ? Ou bien 1945 sans le droit de vote aux femmes ?
La liberté religieuse est fondamentale en France, mais n’autorise pas toute réécriture de l’histoire en fonction de ses propres convenances.

Ilan Levy

Paris Police 1905
Canal +
6 épisodes 52 minutes.

 

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Ilan Lévy

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