Cinema
Cannes 2022, jour 3 : Le retour de James Gray & Jerzy Skolimowski

Cannes 2022, jour 3 : Le retour de James Gray & Jerzy Skolimowski

20 May 2022 | PAR La Rédaction

Deuxième journée de compétition, bien rythmée, et très ensoleillée. En compétition officielle, c’est aussi la journée des grands retours : l’américain James Gray montait les marches avec Anne Hathaway et Anthony Hopkins pour Armageddon Time et le polonais Jerzy Skolimowski, 84 ans, retrouvait le chemin du Palais avec Mateusz Kosciukiewicz et Isabelle Huppert…

Par Paul Fourier, Yohan Haddad, Yaël Hirsch et Geoffrey Nabavian.

Les tableaux matinaux de la Quinzaine : God’s creatures et Les Harkis

Ce jeudi matin, du côté de la Quinzaine des réalisateurs, nous nous sommes promenés le cœur bien accroché entre un village de pêcheurs (aux deux sens du mot) d’Irlande avec God’s creatures et un campement de harkis au moment où l’Algérie prend son indépendance, au début des années 1960 avec .

Ode à la très belle Emily Watson qu’on prend plaisir à retrouver en mère-louve écailleuse d’huîtres, God’s creatures de Seala Davis et Anna Rose Holmer met en scène dans un décor de carte postale (vagues brisées contre la mer, comptoir du pub en acajou, usine de poisson rutilante) le retour du fils prodigue. Mais premier gros problème : les dialogues de ce drame assez grossier pèsent plus lourd que les filets pour attraper les huîtres. Les acteurs font tout leur possible mais eux-mêmes ont du mal à débiter leur texte ultra-descriptif. L’effet de réel ne marche pas quand il s’agit de dépeindre un milieu social modeste et les rivages lointains de l’Australie d’où revient le fils longtemps disparu sont bien abstraits et inutiles. Cerise sur le gâteau : la damnation, avec de grands moments de crainte de dieu assez déconnectés des personnages. Bref, les images sont belles, mais l’urgence du message à passer reste en suspens.

Aux antipodes de cette impression de flottement maritime, Les Harkis de Philippe Faucon s’attaque à un sujet délicat avec infiniment de précision et d’honnêteté. Le film présente plusieurs trajectoires d’hommes algériens qui rejoignent l’armée français en lutte contre les nationalistes algériens à la toute fin des années 1950. Avec les accords d’Évian, la trahison va les frapper de plein fouet. Un film précis dans ses descriptions et les relations qu’il dépeint, qui se met au service d’une meilleure conscience historique avec rigueur et élégance.

On a choisi, à 14h, de se confronter au film ayant lancé la veille la Quinzaine des réalisateurs, L’Envol, réalisé par Pietro Marcello. Impression mitigée, au final : s’il commence par convaincre, en se centrant d’abord sur un personnage central incarné par le très impressionnant Raphaël Thiéry, il finit par laisser une impression de déjà-vu et de superficialité, car il brasse trop de thèmes.

À 15h, nouveau visionnage de La femme de Tchaïkovski par un autre rédacteur et un avis un peu différent sur la qualité du film. Si la première partie du film est académique, limite ennuyeuse, dans la seconde qui commence lorsque le musicien décide de se séparer d’un parasite dont il n’a jamais été amoureux, Serebrennikov fait de sa caméra le scalpel féroce et brillant d’une folie mortifère.

Nouvelle expérience de petit village, mais cette fois-ci perdu en Finlande pour le film que nous avons vu à 17h, à la Semaine de la Critique. Mikko Myllylahti, remarqué comme co-scénariste de Olli Mäki qui a gagné Un Certain Regard en 2016 signe avec Metsurin tarina (The Woodcutter Story) un premier long-métrage haut en couleurs, en lumière froide et en personnages bourrus. Lire notre critique. 

À 19h, nous étions en pôle position pour le nouveau film de James Gray, en compétition officielle. Les avis sont partagés !

Au même horaire, loin  du réalisateur américain très attendu, une légende se glissait dans le Palais : la section Cannes Classics proposait de se confronter à l’un des plus grands acteurs français, au destin tragique. Le documentaire Patrick Dewaere, Mon héros, narré par la fille du célèbre interprète Lola Dewaere et réalisé par Alexandre Moix, ne révolutionne pas le genre côté forme, mais on y apprend beaucoup de choses, à ne pas dévoiler ici. Décidé à faire le tour, de façon digeste, des démons de l’homme pris pour sujet, il tient ce fil jusqu’au bout. Et sa forme harmonieuse a tout le loisir d’évoquer en parallèle la marche de sa carrière, qui fut assez particulière en fin de compte.

Et à 22h, c’est malheureusement sans Jerzy Skolimowski mais avec sa productrice et scénariste Ewa Piakowska que nous avons vu le nouveau long métrage du réalisateur polonais, qui, à 84 ans, poursuit ses recherches formelles en suivant le fil rouge de l’échappée belle d’un âne. “Eo” est son cri et son nom (c’est la traduction du “hi han” français) et le Balthazar de Bresson est son modèle… Une course qui finit dans une cuisine de palais italien avec Isabelle Huppert en robe de chambre et louboutins… 

Les soirées cannoises ont été riches, ce jeudi 19 mai, avec Kylie Minogue sur la plage Magnum et Pierre de Maere, Kiddy Smile et Arnaud Rebotini au Silencio. Rendez-vous demain pour le compte-rendu d’une autre journée de Toute La Culture sur la croisette… 

Visuel (c) YH / GN

 

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