Cinema
[Cannes, Jour 5] La ministre à Cannes, un tour par l’Iran et la Palestine, Sean Penn en compétition et Suprêmes qui met la fièvre à la Croisette

[Cannes, Jour 5] La ministre à Cannes, un tour par l’Iran et la Palestine, Sean Penn en compétition et Suprêmes qui met la fièvre à la Croisette

11 July 2021 | PAR La Rédaction

Ce samedi, l’activité bat son plein sur la Croisette et l’on avait du mal à trouver de la place pour circuler rue d’Antibes, aussi bien que devant le Palais. Roselyne Bachelot était aussi à Cannes, pour un déjeuner du CNC et à la projection des Amours d’Anaïs à la Semaine de la critique, qui célébrait ce samedi 10 juillet son 60e anniversaire en jauge très réduite. Mais la fièvre, elle est venue de JoeyStarr et des équipes du film Suprêmes d’Audrey Estrougo, avec une Salle Lumière pleine à la séance de minuit trente.

Par Geoffrey Nabavian et Yaël Hirsch

À 8 h 30, nous avons commencé à la Quinzaine des réalisateurs par le premier long-métrage de Panah Panahi, le fils de Jafar Panahi, Hit the Road, qui met une famille de quatre plus un chien sur la route dans une fuite joyeuse par-dessus l’angoisse, et poétique, à travers notamment les propos du benjamin… Un très joli premier film, que le piano rend absolument intemporel.

À 10 heures, séance inaugurale pour nous à l’intérieur de l’enceinte du Cineum à Cannes. Dans l’une des douze salles de cinéma de ce “multiplexe” d’un genre tout nouveau, recouvert par la coquille designée par Rudy Ricciotti, on a assisté à la projection de Marcher sur l’eau, documentaire engagé donné à voir en 2021 au sein d’une section “Cannes Climat”. Un film cohérent et pas catastrophiste, suivant les habitants du village de Tatiste, au Niger, quasiment privés d’eau et se battant pour obtenir des possibilités de forage. Une œuvre réalisée par Aïssa Maïga.

À 10 h 30, c’est en salle du 60e que nous avons vu en séance spéciale le film d’Eva Husson, Mothering Sunday. Love affair en costumes avec un casting très british (Odessa Young, Josh O’Connor, Colin Firth…) pour cette adaptation du roman de Graham Swift. Si cette histoire contemporaine de Lady Chatterley est très agréable et sensuelle, le bain moussant tient plus du téléfilm que de la Palme. 

A 11 h 30, nous rattrapions avec joie et reconnaissance La Fracture de Catherine Corsini, dont voici la critique. 

À 13 heures, il était temps de découvrir un film présenté à Cannes 2021 Hors compétition et projeté lors d’une Séance de minuit : Oranges sanguines, nouvelle œuvre réalisée par Jean-Christophe Meurisse, artiste venu du théâtre contemporain et membre central des Chiens de Navarre, connus pour leurs spectacles expérimentaux et provocateurs. Un groupe théâtral ayant vu passer dans ses rangs Thomas Scimeca ou Jean-Luc Vincent (notre interview vidéo ici). Un excellent moment acide : suite de scènes très corrosives abordant des sujets d’actualité via des personnages décalés et déjantés, ce film peut compter sur la présence de splendides interprètes, les immenses Christophe Paou et Olivier Saladin, surtout.

À 16 h 30, retour en Debussy pour le film d’Eran Kolirin à qui l’on doit La Visite de la fanfare, et qui signe avec son nouveau film, Et il y eut un matin, une fresque très noire sur les rapports entre palestiniens et israéliens. Un couple modèle d’arabes israéliens ayant réussi à Jérusalem se retrouvent dans le village de l’époux, qui se trouve brusquement enfermé, gardé et coupé de toute onde de communication. C’est grinçant et assez désespéré, la photo est belle, mais les ennuis qui s’accumulent sont parfois un peu trop attendus et l’on a du mal à sympathiser avec les personnages. La présentation du film, avec le réalisateur désolé de n’avoir pas pu amener ses acteurs, coincés au pays, et brandissant un citron devant le public cannois, donnait déjà un bon aperçu du message du film.

À 19 h 15, encore un moment très décalé, avec un film de la nouvelle section Cannes Premières, sensément dédiée aux nouveaux types de cinéma et aux films en recherche : Cette musique ne joue pour personne, nouvelle œuvre réalisée par Samuel Benchetrit. Un moment sympathique : une suite de scènes très décalées avec des idées cocasses (souvent drôles), pour évoquer au final l’égarement amoureux. Avec Valeria Bruni-Tedeschi, François Damiens, Ramzy Bedia, Vanessa Paradis bien sûr, et même Joeystarr.

À 19 h 46, à l’espace Miramar, la ministre est venue pour voir la Séance Spéciale du 60e anniversaire : Les amours d’Anaïs, le premier long-métrage de Charline Bourgeois-Tacquet, 5e promotion Next Step, qui a trois acteurs phares comme meilleur atout : Anaïs Demoustier, Valeria Bruni-Tedeschi et Bruno Podalydès. Et les actrices sont venues présenter le film ! Cette comédie raconte avec un rythme un peu forcé et une légèreté surjouée les émois d’une trentenaire étudiante en lettres, dans la lignée des comédies amoureuses d’Emmanuel Mouret. Il y a pas mal de hics entre les citations faciles de Schopenhauer et la difficulté à croire en l’attirance entre les deux actrices. Mais les robes d’Anaïs sont très belles et les falaises bretonnes également. 

À 21 h 30, nous étions invités dans un élégant salon privé du Nomade pour déguster des cocktails faits par les mixologues du Perchoir à partir de Whisky Copper Dog et la carte imaginée par le chef Adrien Cachot, finaliste de la saison 2020 de Top chef et qui a travaillé à la carte du Nomade avec Lori Moreau. Nous pouvions tout choisir sur l’alléchant menu et avons commencé par le carpaccio de pieds de cochon avec sa gelée de gin tonic, sa salade acidulée et quelques morceaux croquants qui s’opposaient au fondant de la viande, un régal ! En plat principal nous avons choisi les langoustines cuites à la perfection, relevées d’une chips d’andouille béarnaise et accompagnées d’avocat texturé, assez mûr et très intéressant en tempura. Le plus ? Une noix de crème de coriandre magnifiait le plat. Vous l’aurez compris, l’originalité célèbre du chef n’a pas été démentie et nous avons terminé ce festin avec son dessert culte qui contient de la… salade. Le croquant de la romaine, le fondant du mascarpone et l’acidulé du sorbet framboise ont fini de nous séduire. La carte est à essayer au Nomade, tout au long du festival. Nous n’avons malheureusement pas pu rester pour le concert de l’artiste électro Romane Santarelli, mais avons eu vent de son son qui a électrisé la terrasse pour un début de nuit flamboyant vers minuit trente. 

À 22 h 15, il était temps de découvrir l’un des nouveaux films en Compétition pour la Palme d’or en 2021 à Cannes : Flag Day, nouveau film interprété mais aussi réalisé par Sean Penn. Un travail auquel on a trouvé des qualités, pas négligeables ! Notre critique est à lire ici.

À 0 h 30, la foule était en extase pour la montée des marches nocturnes de l’équipe du film d’Audrey Estrougot sur NTM, Suprêmes. La joie était au rendez-vous, la salle comble et l’équipe du film accompagnée par Joeystarr a fait se lever tout le Théâtre Lumière. Le film, lui, est léché, l’image est travaillée, la musique magnifiée de manière chronologique, et l’on revit avec les acteurs du film ces années 1990 dont la salle a pu se montrer très nostalgique.

 

Visuel Une : © Yaël Hirsch

Visuels : © Geoffrey Nabavian

[Cannes 2021, Un Certain regard] Et il y eut un matin, d’Eran Kolirin
[Cannes 2021, ACID] Interview de Laure Portier : « Faire des films me donne du courage »
La Rédaction

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration