Cinema
Cannes, compétition : The Immigrant, un mélodrame à la sortie d’Ellis Island signé James Gray

Cannes, compétition : The Immigrant, un mélodrame à la sortie d’Ellis Island signé James Gray

24 May 2013 | PAR Yaël Hirsch

 

[rating=3]

Le réalisateur culte de “La nuit nous appartient”(2007) et “Two lovers”(2008) est en compétition à Cannes avec une version très mélodramatique de l’immigration vers les États-Unis. Un film d’époque porté par le duo Marion Cotillard et Joaquin Phœnix.
Début des années 1920, rescapées d’un massacre par l’armée en Pologne, Ewa (Marion Cotillard) et Magda espèrent comme beaucoup d’immigrants trouver une nouvelle vie, heureuse, aux Etats-Unis. Mais Magda, souffrant de la tuberculose est mise en quarantaine à Ellis Island. Quant à Ewa, elle aurait eu de “mauvaises mœurs” sur le bateau. A cela s’ajoute le fait que l’oncle et la tante des deux sœurs, pourtant déjà bien installés à New-York, ne sont pas venus les chercher. Sans argent ou moyen de subvenir à son existence Ewa est placée dans la file d’expulsion. Un homme lui vient en aide. Il s’appelle Bruno (Joaquin Phœnix), est directeur de revue et a le bras long à Ellis Island. Il ramène Ewa à Manhattan et lui propose de l’héberger et du travail. Mais petit à petit, il devient clair que le travail a comme principal outil le corps de la jolie immigrante. Bien que catholique fervente, celle-ci accepte, afin de réunir assez d’argent pour subvenir aux soins de sa sœur, puis la ramener d’Ellis Island. Ewa a besoin de Bruno qui l’utilise, mais complique encore cette sordide situation quand il commence à développer des sentiments à l’égard de sa nouvelle « protégée ».
Dans un décor brumeux qui inscrit résolument le film de James Grey dans une « époque », l’action se concentre vraiment sur le sombre maquereau et la lumineuse immigrante exploitée. Tendue, efficace et aussi un peu attendue, notamment pour le dénouement, l’intrigue fonctionne, même si l’on attendait mieux sur un sujet aussi riche de la part du réalisateur de « Little Odessa » (1994). Là où le coup de maître du jeune réalisateur bouillonnait de vécu et de vie, son nouveau film sur les immigrants venus de l’est sent la naphtaline et le convenu. Egrenant les clichés les uns après les autres (à commencer par la première image, très convenue de la statue de la liberté), reposant tout l’équilibre du film sur le surjeu d’une Marion Cotillard fort jolie et très labile en Polonais et d’un Joaquin Phoenix sombre et débrouillard crade à souhait, « The immigrant » en fait trop dans le mélodrame pour toucher juste.

“The immigrant de James Gray”, avec Marion Cotillard, Joaquin Phoenix, Jeremy Renner, Wild Bunch. En compétition. Sortie le 27 novembre 2013.

Cannes, jour 9 : Le noir et blanc de Nebraska, la foi de Tore Tantz, un irrésistible Jerry Lewis et les travaux d’Hercule de Jodorowsky
Cannes, compétition : Only God Forgives : Nicolas Winding Refn lasse la Croisette
Avatar photo
Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration