Cannes 2022, Compétition : avec Frère et sœur, Arnaud Desplechin s’égare entre trop de thèmes
Dans ce nouveau film d’Arnaud Desplechin, si la relation frère/sœur conflictuelle du titre inspire des passages de valeur, tout le reste paraît rebattu.
Arnaud Desplechin avait déjà consacré un film entier aux rapports de détestation entre une sœur, Elizabeth, et un frère “banni”, Henri. Dans son nouveau long-métrage, on retrouve ces deux figures, devenues Alice et Louis. Le second représentant bien entendu, d’une certaine manière, le cinéaste lui-même…
Ici, donc, Marion Cotillard prend la suite d’Anne Consigny et Melvil Poupaud celle de Mathieu Amalric, pour un nouveau récit centré sur la rage qui a séparé un frère et une sœur. Et ce sont tantôt des scènes de souvenirs stylisées tout en légèreté, tantôt des séquences plus cocasses se déroulant dans le présent de ces protagonistes, éloignés pendant des années, qui donnent à voir ces rapports. Des rapports faits de jalousie, de dédain, de vraie hargne et d’envie de faire mal à l’autre dans certains cas…
On l’aura compris, ces passages-là restent suffisamment riches pour bien marquer et capter l’attention. L’ennui c’est qu’autour d’eux se greffent une foule d’autres faits et intrigues beaucoup plus déjà-vus dans l’œuvre du réalisateur français, et tournant à la caricature cette fois : parents sur le point de mourir, difficultés à créer… Peintes via des scènes ampoulées, et traversées par des personnages bien trop nombreux, ces intrigues ne valent au final quasiment que pour elles-mêmes, et tricotent un tout bancal aux côtés du thème principal.
Au final, cette thématique de la relation entre frère et sœur marquée par la détestation ne devient plus figurée, au bout d’un moment, qu’au cœur de scènes marquées par les non-dits et l’impossibilité d’exprimer clairement le ressenti. On repart donc déçu, en se disant que tout le film aurait dû éclairer et rendre limpides, profonds et aiguisés ces ultimes échanges, et ce même s’ils étaient restés conduits au moyen de peu de mots. Très loin de l’impression un peu fade que produit le long-métrage au final…