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[Cannes 2021, Compétition] L’Histoire de ma femme, un film romanesque plaisant, brillant, pas extraordinaire
Cette adaptation du livre de Milan Füst est une coproduction européenne qui fait rire, un peu voyager, mais peine à étourdir, du fait de quelques choix qui coupent un peu l’émotion.
La première chose sur laquelle peut compter L’Histoire de ma femme, coproduction européenne dirigée par la réalisatrice hongroise Ildiko Enyedi – remarquée une première fois en France au cœur de l’été 2000 avec Simon le mage, puis signataire, dix-sept ans plus tard, du coup d’éclat Corps et âme, qui lui fit gagner l’Ours d’or à la Berlinale – est son héros. Une intrigue aussi romanesque – adaptée du roman du hongrois Milan Füst – nécessite un personnage central très charismatique : par chance, le film peut se reposer sur les épaules de son acteur, le néerlandais Gijs Naber, extraordinaire. Ici dans la peau d’un capitaine de cargo à la fois bonhomme et très dur à cuire, bon mais un peu bandit sur les bords parfois, il entraîne véritablement le spectateur à sa suite tant il impose sa force teintée d’une légère fantaisie.
Ce personnage principal, Jakob Störr, prend un jour la décision de se marier, à une épouse qui saura l’attendre lorsqu’il sera sur la mer. Un choix décidé surtout par commodité, par l’envie d’avoir une personne attentionnée et prête à aider qui l’attendrait entre deux voyages. Mais aussi, profondément, par le goût du risque : Jakob Störr est très joueur et n’a peur de rien. Par le plus grand des hasards, celle qu’il choisit se révèle être Lizzy – jouée par la star française Léa Seydoux – tornade séduisante, menteuse, assez riche, mondaine et aimant elle aussi plus que tout le risque. L’affection qui habite ces deux “aventuriers” va tenir, malgré leurs frasques incessantes.
Des rues de Paris aux mers ou aux ports, et en sept “chapitres”, ce film déroule des situations à étincelles, excitantes sur le papier. La mise en scène parvient à intéresser car elle arbore un côté brillant, fouillant un peu les êtres passant devant l’objectif. Et la photographie, due à Marcell Rév, est très belle bien entendu. Côté émotion, en revanche, le bât blesse quelque peu. Ce n’est pas tant que le film soit froid ou pas assez rythmé, mais il fait se succéder ses petites péripéties dans une ambiance un peu acide, en divertissant et en touchant, mais sans atteindre à la folie ou au naufrage sentimental qui pourraient laisser bouleverser.
En fait, le montage gêne : les scènes apparaissent trop courtes, très souvent, comme coupées avant la fin, trop narratives ou trop ouvertement acides ou corrosives, et du même coup, l’émotion grave n’a pas le temps de se construire, de se développer et de grandir, jusqu’à envahir le spectateur. L’Histoire de ma femme demeure au final un film qu’on aurait aimé aimer davantage, et emporter avec soi, si les émotions qu’il donne à vivre n’étaient pas tant contrôlées, encadrées, afin qu’il ait au final un bel aspect. Un côté beau un peu excessif et étouffant.
L’Histoire de ma femme est présenté au sein du Festival de Cannes 2021, en compétition pour la Palme d’or.
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Visuel : © Pyramide Films