![“La Belle et la Meute”, proposition réussie [Cannes 2017, Un certain regard]](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2017/05/la-belle-et-la-meute-1024x576.jpg)
“La Belle et la Meute”, proposition réussie [Cannes 2017, Un certain regard]
La très douée Kaouther Ben Hania plonge une jeune fille violée dans l’enfer d’un monde qui ne la comprend pas. Ses travellings sont ensorcelants, sa rage d’essayer, communicative…
[rating=4]
Dès le premier plan, une jeune fille se maquille face caméra. Cette dernière, à l’écoute du corps qu’elle filme, nous donne à voir la beauté de ce visage, tous ses détails… L’oeil de la brillante réalisatrice Kaouther Ben Hania (Le Challat de Tunis, Zaineb n’aime pas la neige), découverte en partie grâce au Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient 2014, fait d’emblée merveille. Un début de soirée suit bientôt, au cours duquel des travellings, arme essentielle de notre artiste, se déploient…
On va retrouver l’héroïne, à la suite d’une ellipse, violée, et errant dans la ville avec Youssef, celui avec lequel elle avait quitté sa fête. En des échanges remarquablement joués et maîtrisés, elle va se heurter, avec peu de mots à la bouche, à une nuit tunisienne qui ne la comprendra pas… Les dialogues de ces scènes, toutes en caméra tournoyante, écrits de manière juste et originale, captiveront souvent, malgré quelques longueurs. Le son, capté d’une façon particulière, rendra ces passages dialogués justes, tenus, au bord de la rupture. Et en même temps, dits à très bas volume sonore… Avec ses touches musicales sensibles, sa justesse de point de vue, sa distance, et sa jeune actrice, Mariam Al Ferjani, La Belle et la Meute parvient à s’élever au rang de film marquant, et à composer une union d’envies et de talents, désireux d’aller jusqu’au bout d’une tristesse, à évoquer…
*
Visuel : © Jour2fête