Berlinale, jour 4 : Romance, sexe et famille au programme du jour
Pour ce quatrième jour de Berlinale, le festival a préparé un programme aussi varié que riche : un film roumain sur la faute et la famille, une romance réussie, dernier wagon du duo Delpy/Hawke et un drame d’après Apartheid… Et pour les plus de 12 ans, le soufre annoncé du film de James Franco sur les rushes censurés de “Crusing” était projeté en séance nocturne… Journée hétéroclite donc, mais que l’équipe de Toute La Culture a voulu résolument légère sous le ciel d’hiver berlinois.
Nous avons mentionné le policier roumain en compétition dans notre chapô, mais il faut tout de suite passer aux aveux : nous n’avons sciemment pas vu “Child’s pose” de Calin Peter Netzer ce matin parce qu’il était projeté … à 8h30. Honte à nous, nous avons fait le choix rationnel d’une demi-grasse matinée et de quelques écritures d’articles, comptant bien nous amender demain.
C’est donc enfin le ventre plein (une heure entière pour déjeuner tôt) et toujours réjouies de voir l’hiver berlinois osciller autour de 0 degré (soit dix de plus que l’an dernier) et souriant aux rayons du soleil descendant sur la Potsdamer Platz que nous sommes allées pour pêcher un peu de liberté. Inattendue en sélection d’un festival connu pour sa vision sociale forte, la comédie romantique “Before midnight”, suite attendue par les fans de “Before sunshine’ (1995), “Before sunset” (2005) a été suivie avec ferveur par les journalistes qui riaient à chaque bon mot. Et des mots, il y en a eu beaucoup entre Céline (alias Julie Delpy) et Jesse (alias Ethan Hawke) sur un décor défilant comme une carte postale du Sud du Péloponnèse. Fidèles à eux-mêmes les deux acteurs ont déroulé en temps réel la suite des aventures de leurs couples imaginaires, désormais parents de deux jumelles de 7 ans et en vacances en Grèce. Il faut dire que les dilemmes sont bien vus, Jesse toujours un fantasme de coolitude américaine et Céline une féministe très casse-pied mais irrésistible. Les deux acteurs portant bien leur quarantaine et le film mêlant fidélité et modestie au linge pas si sale du couple, tout se passe à merveille. La midinette a su se réveiller en chacun(e) d’entre-nous. A la conférence de presse, mis à part la blondeur hirsute des cheveux de Ethan Hawke, même élégance feutrée et même profil bas et aquilin pour ces vraies stars sans bling-bling. A applaudi des deux mains et même grimpé sur les chaises pour immortaliser le profil angélique de la belle Delpy. Un film tout de même hors compétition, dont vous trouverez la critique, ici.
A 15h, nous sommes allées à l’aventure, la vraie. Direction l’Afrique du Sud, avec la réalisatrice Pia Marais et son personnage de maman noire célibataire, professionnelle du détecteur de mensonge et qui écrase sur le chemin de son premier travail dans un casino un vieil homme blanc, par accident. Le profil parfait de Rayna Campbell, la présence cool de l’acteur allemand August Diehl et la beauté de certains paysages déployés par la cinéastes n’ont pas suffi à nous émouvoir. Question portrait de femme, dans cette compétition, Gloria l’emporte largement en énergie, subtilité et maîtrise. Bien fait, Layla Furie nous a tout de même paru un peu trop appuyée. Critique, ici.
Il a ensuite fallu attendre jusqu’à 21h30 pour se glisser à la projection “Panorama” du fameux documentaire de James Franco et Travis Matthew : “Interior. Leather Bar.” La réputation sulfureuse du film l’a précédé puisque le duo s’est attaqué aux rushes du mythique “Crusing” de William Friedkin qui plaçait Al Pacino à la tête d’une enquête dans les backrooms newyorkais de l’an de grâce de juste avant l’ère du Sida : 1980. Or, même en l’an de grâce la censure et le conservatisme régnaient, qui ont forcé le réalisateur de “L’exorciste” à retrancher 40 minutes de scènes S&M. Le documentaire du jeune premier hollywoodien / jeune étudiant de Yale / jeune auteur branché / devait donner à voir ces scènes coupées. Mais la réalité, même présentée par un Travis Matthew aussi sympathique qu’il est peu charismatique a été bien ennuyeuse. A peine un pénis en érection à discerner dans les fumigènes et une mise en abyme prétentieuse du documentaire qui a lassé le public, surtout en VO non sous-titrée aussi casual que les épaules voûtées de James Franco. Notre critique du film, ici.
Rendez-vous demain pour LE film qui devrait créer un peu de politique sinon de polémique à cette Berlinale : “Closed Curtain” du réalisateur Iranien Jafar Panahi. Et pour deux films que nous nous réjouissons de voir : les “Side effects” de Soderbergh avec, comme l’an dernier, une tripotée de stars (Catherine Zeta-Jones, Jude Law, Rooney Mara, Chaning tatum). Et enfin, ce qui sent de loin le chef d’oeuvre mais pourrait tout aussi bien amèrement nous décevoir : “Camille Claudel”, de Bruno Dumont…