Cinema
Interior. Leather Bar. James Franco filme son nombril en se référant à William Friedkin

Interior. Leather Bar. James Franco filme son nombril en se référant à William Friedkin

12 February 2013 | PAR Yaël Hirsch

Après un passage par Sundance, le documentaire “Interior Leather bar” de James Franco et Travis Matthew était présenté dans le cadre de la sélection du Forum de la Berlinale.Un film qui voudrait combler les béances imposées par la censure au “Cruising” de William Friedkin (1980) tout en bénéficiant de l’aura gay et S&M du film, mais qui ne montre que de jeunes acteurs peu affûtés en train de réfléchir à faire un film. Du tease, mais sans strip, ni talent.

“Interior. Leather Bar.” annonce tente de réparer les 40 minutes de coupures imposées par la censure au film de William Friedkin,”Crusing”, qui plaçait Al Pacino à la tête d’une enquête dans les backrooms newyorkais de l’an de grâce 1980, juste avant l’ère du Sida. Du footage au foutage de gueule, il n’y a parfois qu’un pas à faire que James Franco effectue gracieusement, emmenant avec lui toute une flopée d’acteurs et amis qu’il ridiculise au passage. Car dans cet “Intérieur. Bar en cuir” au titre pictural, point de sexe. Du tout. On voit bien passer trois ou quatre ceintures cloutées et une paire de fesses, et il y a bien deux scènes de clips un peu noires et enfumées où l’on aperçoit quelques centimètres de peau entre hommes, mais en moins hot que chez Rihanna… Prise de risque dans le frotti-frotta avec le porno : zéro.

En réalité sur une très longue heure de film, les deux réalisateurs mettent en abyme le documentaire qu’ils souhaiteraient faire. Mais à force de Paludes, les  acolytes éludent; il y a un projet de film et pas de film. Comme dans du mauvais Larry Clark, tout tourne autour des ceux qui participent au tournage et dans l’analyse en situation de leur désir de le faire. Si bien qu’on voit surtout une demi-douzaine d’acteurs, volontiers hétérosexuels, évoquer leurs peurs de devoir avoir des rapports sexuels devant la caméra ou de devoir embrasser un homme. Ils en profitent pour interroger avec fièvre les vrais ressorts de leur art. En réalité, ce n’est même pas de leur désir dont il est question mais de celui de James Franco. Les 60 longues minutes du montage tournent autour du hit-boy débraillé d’Hollywood : c’est lui qui ouvre le film, affalé sur un canapé, c’est lui qui mobilise les troupes, son nom est martelé par les protagonistes et le pompon du nombrilisme arrive avec ses explications. D’un air docte et détaché (T-shirt et barbiche je m’en foutiste) l’étudiant de Yale sermonne :  les gens aiment voir du sexe à l’écran, c’est un fait; or le sexe gay est aussi important que le sexe hétéro. D’où l’importance de son film pour montrer ce qu’il faut à qui il faut… Explications péremptoires dont on pourrait rire si on croyait que Franco blaguait.

Malgré un montage parfois malin et une doublure de Pacino plutôt touchante (Val Lauren), ce “Leather bar” masturbe donc surtout le cerveau de quelques comédiens qui n’ont inventé ni l’eau chaude, ni le glory hole.

Site officiel du film

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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