![[Arras Film Festival] « L’Ennemi de la classe » : beau film slovène qui recueille et fait grandir la parole](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2014/11/LEnnemi-de-la-classe-Affiche-2-450x325.jpg)
[Arras Film Festival] « L’Ennemi de la classe » : beau film slovène qui recueille et fait grandir la parole
De vraies scènes, qui durent, et captent les relations d’une classe avec un professeur très spécial. Avec les mots pour seul effet. Dans L’Ennemi de la classe, film présenté à l’Arras Film Festival dans la section Découvertes européennes, le parti-pris de sécheresse tient en haleine. Une réussite.
[rating=4]
Un lycée slovène. Dont on ne verra qu’une classe. Classe qu’on ne suivra que dans ses cours d’allemand, et où les élèves ont tous leur spécificité, très bien traduite au long du scénario. Un professeur très particulier qui débarque : Robert Zupan. Vêtu de noir, ne laissant transparaître aucun sentiment, parlant par citations, il mène la vie dure à ses élèves. Veut les amener à avoir de vraies opinions, de vrais projets, et à devenir des êtres humains. Brutalement, un drame se produit. Pas totalement à tort, la classe va alors essayer de s’organiser contre cet « ennemi »…
Ce premier film du slovène Rok Bicek ausculte. Jamais on ne quitte l’habitacle du lycée. L’extérieur ? Une entêtante lumière qui filtre à travers les fenêtres. Les explications sont réduites au minimum. Afin que le débat ait lieu. Que tout se joue dans les mots. Longues scènes sèches dans lesquelles M. Zupan déroule ses questions aux élèves, et où ceux-ci répondent… Phrases qui sonnent tout à coup comme des coups de feu, lorsque la classe entre en révolte… On est pris, fascinés par ces relations qui nous sont dépeintes. Le long d’un vrai film. Avec des scènes de classe dotées de vrais enjeux, qui, surprise, arrivent à être pédagogiques, même dans la tension.
L’aridité règne, mais pour notre bien. D’un côté, la classe, dans laquelle chacun amène une originalité précieuse. De l’autre, ce professeur énigmatique, qui contrôle chacun de ses gestes et de ses mots. On a le temps d’observer. Personne n’a raison. Les pistes attendues sur lesquelles pourrait partir le scénario ne sont pas suivies. Et l’interprétation est sans faille : splendide Igor Samobor, sublimement dénué d’affect, et émouvant tout de même, et excellents jeunes. Un film suprêmement intelligent, auquel il ne manque peut-être qu’un peu d’ampleur… Car son parti-pris de parole est tenu jusqu’au bout, mais il aurait pu aboutir à plus de flamboyance… Un talent sûr, en tout cas, qu’on veut voir grandir. Sans qu’il cède aux sirènes des effets superflus.
L’Ennemi de la classe, un film de Rok Bicek. Avec Igor Samobor, Natasa Barbara Gracner, Tjasa Zeleznik. Drame slovène. Durée : 1h52. Sortie en France programmée au 4 mars 2015.
Visuels : © Paname Distribution