Cinema
Alyah, un premier film parfaitement réussi

Alyah, un premier film parfaitement réussi

12 September 2012 | PAR Yaël Hirsch

Premier long métrage de Elie Wajeman, Aliyah avait été sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Suivant un jeune juif parisien un peu perdu de 27 ans qui se décide à aller vivre en Israël (en hébreu cela se dit faire son “Alyah”), ce film à la fois réaliste et poétique est à la fois émouvant et parfaitement maîtrisé. Un très joli baptême pour un autre jeune génie de la Fémis qui révèle un Pio Marmaï charismatique. En salles le 19 septembre 2012.

Alex (Pio Marmaï)est un jeune parisien de 27 ans qui a perdu sa mère et dont le père a refait sa vie. Il vit bien de deal d’herbe et souffre d’être sous la coupe de son grand frère Isaac (Cédric Kahn, excellent acteur) qui lui demande toujours de l’argent ou de l’aide pour rattraper ses erreurs. Retrouvant un cousin devenu israélien à un dîner de shabbat donné par sa tante, il décide de partir pour la Terre Sainte, sans jamais y être allé depuis l’enfance pour ouvrir un restaurant à Tel-Aviv. Une option intelligente pour aller vivre loin de son frère et faire quelque chose de sa vie . Mais au même dîner il rencontre la jolie Jeanne (Adèle Haenel) à laquelle il s’attache, il a peur qu’Isaac l’empêche de partir et pour être associé dans l’affaire de son cousin, il doit réunir 15 000 euros. A ces difficultés s’ajoute la procédure classique de l’Alyah : certificat de judaicité, cours d’Hébreu et perspective d’être mobilisé s’il y a une guerre en Israël, même s’il est trop vieux pour faire son service militaire.

Filmé dans le temps de latence qui précède la mise en œuvre des grandes décisions, “Aliyah” dépeint en demi-teinte 27 ans d’une vie à la fois riche et banale, marquée par la mort de la mère et enracinée dans un judaïsme à la fois très présent et doux. Tout le processus de l’acquisition de la citoyenneté israélienne est traité à la fois avec humour sur la propagande et tendresse pour la démarche du héros qui cherche à structurer sa vie. Le personnage du grand frère abusif, véritable salaud et maître du chantage affectif est une vraie trouvaille. Les deux frères sont deux pôles, où les deux acteurs choisis par Elie Wajeman. A la fois solaire, agité et dangereux, Cédric Kahn sait se rendre parfaitement insupportable. Quant à Pio Marmaï, jusque là abonné aux rôles de beaux gosses sans épaisseurs, il a dans ce rôle de jeune-homme flottant et mystérieux enfin trouvé la partition qui révèle son charisme. Lunaire, poète, révolté, il y a un peu du Delon de Rocco et ses frères dans le personnage d’Alex tel que l’interprète Marmaï. En face de ce duo, celles qui interprètent les femmes de la vie d’Alex sont tout aussi bien choisies : la sauvage et sensuelle Adèle Haenel pour l’amoureuse du présent et la cérébrale Sarah Le Picard en sage femme du passé. Abouti de tous les points de vue : image, musique (beethoven et Sugar man!), jeu, scenario et dialogue, Alyah est tout simplement un excellent film.

Alyah, de Elie Wajeman, avec Pio Marmaï, Cédric Kahn, Adèle Haenel, France 2011, 1h30. Sortie le 19 septembre 2012.

 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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