Cinema

Agnus Dei d’Alejandra Sanchez ou le mur de l’impunité dévoilé

26 October 2011 | PAR Coline Crance

Alejandra Sanchez lors de son dernier documentaire s’était intéressée aux meurtres de femmes dans une cité industrielle sur la frontière mexico-américaine. Aujourd’hui avec ce deuxième documentaire, elle enregistre face caméra le témoignage de Jésus, violé par un prêtre alors qu’il était enfant de choeur. Un documentaire violent dont le procédé choc est discutable mais qui reste sans tabou.

La pédophilie ne mérite pas le silence. Ce documentaire illustre la complicité qui existe entre religieux et certaines familles, qui préfèrent fermer les yeux sur les agissements des prêtres afin que leurs enfants puissent être éduqués. La pauvreté et la puissance des soutanes face à l’impuissance des enfants permettent à ce fléau de continuer dans un silence liturgique. Agnus Dei, c’est le parcours et le combat de Jésus qui décide de prendre son destin en main. Il affronte alors le mur du silence de l’église, la confrontation avec son agresseur pour pouvoir essayer de reconstruire sa dignité d’homme.

 

Alejandra Sanchez filme progressivement le combat du jeune homme et dévoile ainsi la complicité entre la justice et l’église en ce qui concerne la pédophilie. Son agresseur est toujours en liberté et continue de prêcher alors que Jésus a déposé plainte contre lui en 2008. Il s’agit donc plus vraiment de suivre u combat judiciaire, mais plutôt celui d’un homme qui cherche à retrouver sa dignité jusqu’à aller se confronter à son violeur dans une scène finale glaçante où seuls des demis aveux seront accordés en se justifiant à demi-mot se cachant derrière le mur d’impunité devant lequel tant de contemporains se résignent. Mais Agnus Dei n’est pas pour autant un pamphlet anti-ecclésiastique, il est un véritable travail d’investigation entrepris sur deux ans. Seul bémol, est sans doute l’utilisation parfois outrancière de ” procédés chocs” : elle alterne des passages de messes, des cours sur la sexualité dans les séminaires entre des photos pédophiles de l’agresseur de la victime. Mais bon, les choses ont le mérite d’être clairement dites et explicitées.

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Coline Crance

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