A Simple Life d’Ann Hui : un film sobre et touchant

En compétition pour la Mostra de Venise en 2011 et deux fois primé par le public au festival Paris Cinéma cette année, A Simple Life propulse sa réalisatrice sur le devant de la scène. Grande figure de la nouvelle vague hongkongaise, la trop souvent oubliée Ann Hui signe un un film humaniste, brillant par son authentique simplicité. Une belle œuvre.

Au service d’une famille bourgeoise depuis quatre générations, la domestique Ah Tao (Coupe Volpi à Venise pour la meilleure interprétation féminine) vit seule avec Roger (Andy Lau), le dernier héritier. Producteur de cinéma, il dispose de peu de temps pour elle, qui, toujours aux petits soins, continue de le materner… Le jour où elle subit une première attaque cardiaque, les rôles s’inversent et, à partir d’une situation de contrainte, se dévoile le véritable attachement des deux personnages.

Le scénario aux allures de mélo-cliché se révèle inattendu. Ann Hui signe un drame humain, une chronique de la vieillesse joyeuse et mélancolique, par moments très rude. L’humanité est au centre de son œuvre et, plutôt que des scènes, le film rapporte des bribes de vie. La caméra adopte la discrétion du personnage d’Ah Tao, contrastant avec la profusion des sentiments et la complexité des rapports humains. Quant aux jeu d’acteur tout en nuances de Deanie Yip et Andy Lau, il n’est plus à confirmer ; leur complicité à la ville est transposée à merveille à l’écran et transporte le spectateur.

Pas caricatural pour un sou, A Simple Life est un film dont la pudeur et la retenue n’ôtent rien à son relief, bien au contraire, il gagne en luminosité.