Arts
J’ai deux amours à la Cité de l’Immigration

J’ai deux amours à la Cité de l’Immigration

31 December 2011 | PAR Elodie Rustant

Comment l’immigration, autrement dit l’exode de son pays natal, souvent déchirant, peut devenir matière féconde et source de création artistique ?

C’est la question soulevée par la nouvelle exposition de la Cité de l’Immigration. 106 œuvres ont été sélectionnées dans le riche fond d’art contemporain du musée afin d’offrir un regard nouveau sur l’exil.

Exil souvent traité de façon douloureuse et c’est peut être la critique que l’on pourrait faire à cette belle et émouvante exposition. Si les deux amours chantés par Joséphine Baker en 1930 étaient bien son pays et Paris, ici c’est surtout le déracinement brutal qui est mis en scène.

La terrible série de photographies d’Ad Van Denderen au titre évocateur « Go No Go » nous entraine le long des frontières européennes aux côtés de ceux qui tentent de les franchir. Avec Mathieu Pernot c’est le dénuement absolu des migrants Afghans qui nous est présenté. Bruno Serralongue, lui, ne photographie plus les hommes mais leurs abris de fortune. La situation de ces exilés leur confère un statut d’invisibles.

Rares sont les œuvres proposant un discours alternatif à la misère.   Le Camerounais  Barthélémy Toguo emprunte la voie de la poésie avec son installation « Road to exile ». Un bateau naviguant sur une mer de bouteilles de verre chargé de baluchons colorés. C’est davantage l’idée même de mouvement qui est suggérée. L’exil semble avant tout perçu comme un voyage, certes périlleux, mais également initiatique.

Artiste français d’origine algérienne, Kader Attia revisite avec un humour  décapant le concept d’intégration avec sa « Machine à rêve » remplis de produits de consommation occidentaux de la marque « Hallal ».

Selon les commissaires Hou Hanru et Evelyne Jouanno, « l’immigration, qu’elle soit temporaire ou pérenne, n’est plus un passage mais une transformation. »

La démarche artistique permet ici la mutation d’une épreuve humaine et géographique en un objet porteur de sens mais chargé de tension.
C’est surtout cette tension que l’on retient. Celle du déracinement abrupt mais intimement fertile.

Photographies :

Voitures cathédrale, 2004 © Thomas Mailaender

Foreigners Everywhere 2009 © Claire Fontaine & Galerie Chantal Crousel,Paris

Cinéma : le Best of 2011 de la Rédaction
La colline aux coquelicots (bande originale)
Elodie Rustant

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