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Les vernissages de la semaine du 6 novembre

Les vernissages de la semaine du 6 novembre

06 November 2014 | PAR Nina Farge

Si le programme des vernissages d’artistes-peintres a déjà été plus étoffé par le passé, deux expositions nous ont néanmoins semblé majeures. Par ailleurs, le Mois de la photographie constitue l’occasion de découvrir ou de retrouver dès aujourd’hui des artistes (et des oeuvres) contemporains d’envergure!

Mercredi 5 novembre

Guillaume Bresson à la Galerie Nathalie Obadia

Troisième collaboration entre la galeriste et le jeune artiste-peintre toulousain, l’exposition qui se tient du 5 novembre au 24 décembre au nouvel espace rue du Bourg-Tibourg présentera dix nouvelles toiles de différents formats, déployant à partir d’un canevas grillagé donnant la part belle aux travaux de perspective différentes figures humaines ou architecturales. Féru de peinture classique, celui qu’on appelle parfois le “Poussin des parkings” n’en demeure pas moins foncièrement contemporain : habile superposition de références historiques et actuelles, son oeuvre évoque tout autant les peintures à perspective de la Renaissance que des univers virtuels en trois dimension comme les jeux vidéo. A travers des compositions structurées de façon intemporelle, l’artiste fait émerger des objets: dans un cadre architectural lugubre et dépouillé caractéristique de notre époque (parkings par exemple), des figures humaines déformées par la violence des bagarres sont jetées sur la toile muée en scène de spectacle. Point de narration à proprement parler cependant: adaptant à la peinture la célèbre définition du Nouveau Roman, Guillaume Bresson veut montrer l’aventure d’une peinture plutôt que la peinture d’une aventure. Conçues comme des terrains d’expérimentation, ses toiles sont ainsi plus riches du point de vue stylistique, offrant à voir à travers attentes non résolues et non-événements une véritable poétique de la banalité.

Plus d’informations ici.

Jeudi 6 novembre

Axel Ouidir à la Galerie de l’Angle
Le photographe Axel Ouidir expose 2964 / un printemps amazigh. Le jeune homme de 36 ans est né en Kabylie et c’est là qu’il revient, dans son village natale pour capter la douceur de ce pays.

Galerie de l’Angle, 45 rue des Tournelles, 75003 Paris. Tél. : 09 52 39 90 20 et www.galeriedelangle.fr – Vernissage le 6 novembre à partir de 18h30.

Park Seo-Bo “Ecritures” à la Galerie Perrotin

Né en 1931, Park Seo-Bo s’est érigé en maître de la peinture monochrome coréenne (dite Dansaekhwa) à travers 60 ans de carrière. Considéré comme le chef de file du modernisme coréen, on lui impute même la paternité de l’art contemporain de son pays aux côtés d’artistes comme Lee Ufan ou Kim Tschang Yeul. C’est une péripétie vieille de cinquante ans qui amena le jeune peintre à exploiter le filon de l’abstraction, auquel il restera fidèle par la suite: désireux de participer au concours des “Jeunes Peintres du Monde” organisé à Paris par l’UNESCO en 1961, il apprend à son arrivée que la date en est reportée. Sous la brosse de Park Seo-Bo, cet incident se mue alors en inspiration: il décide en effet de rester malgré tout dans la Ville lumière et s’imprègne de l’art informel qui inonde ses galeries. Cette véritable révélation permettra à l’artiste de cristalliser un style, une pâte qui lui est propre: après avoir produit des oeuvres informelles aux inflexions qui se font expressionnistes; il ouvre un nouveau chapitre pictural dans les années 1960 avec ses Ecritures. Quarante de ces peintures sont présentées à la Galerie Perrotin du 6 novembre au 20 décembre prochain: l’occasion unique de se plonger dans l’univers de l’artiste, qui souhaitait à travers ces voyage[s] de la main rythmés par l’effort physique de leur production, atteindre une profondeur spirituelle. La rencontre avec le public parisien aura donc enfin lieu!

Plus d’informations ici.

Mois de la photographie

Jeudi 6 novembre

Yves Marchand et Romain Meffre, Industry à la Galerie Polka

Réunis par une fascination commune pour les ruines en 2002, les deux jeunes photographes français articulent depuis presque quinze ans une collaboration intense autour de différents lieux de désolation: vestiges européens, décombres de Detroit, abandon d’une île japonaise interdite d’accès au public… Ils exposent du 8 novembre au 10 janvier prochains une rétrospective de l’ensemble de leur carrière, à la Galerie Polka. Si leur travail se caractérise par un cadrage froid et invariant, le spectacle ne devrait pas être triste pour autant!

Vernissage le 6 novembre de 18h à 21h. Plus d’informations ici.

Roberto Frankenberg, Traces [1] à la Maison de la culture yiddish

On connaît surtout Roberto Frankenberg pour ses portraits pénétrants et décalés, et ses collaborations avec la presse (Vogue italien, Elle, Marie-Claire…) dans des rubriques légères comme “mode” ou “lifestyle”. Le photographe hollando-brésilien a cependant une face plus sombre, qu’il révèle dans d’autres projets plus personnels comme Full Moon, photographies de paysages baignés du seul clair de lune; ou plus intimes, dont Traces nous fournit l’exemple émouvant. Le photographe évoque en effet le génocide des Juifs, dont il est la victime indirecte puisqu’une grande partie de sa famille y a trouvé la mort. Autrefois guidé par son père, seul aujourd’hui, il arpente ruines et sites désertés à la recherche de traces, de sa famille défunte, de l’Histoire. “J’éprouve le besoin de photographier cette expérience, l’absence, la mémoire… ce que l’on ne voit pas et ceux que l’on ne voit plus”: les premiers travaux, exposés à la Maison de la culture yiddish du 4 novembre au 15 janvier prochains, témoignent de la quête de celui qui tâche d’immortaliser par la photographie la course fugace du temps et de la mémoire.

Vernissage le 6 novembre à partir de 18h30. Plus d’informations ici.

Vendredi 7 novembre

Patrick Zachmann, Mare Mater à la Magnum Gallery

Tout aussi sensible à ce qu’il n’hésite pas à appeler “devoir de mémoire”, le photographe français Patrick Zachmann s’intéresse pour sa part aux problématiques identitaires et sociales soulevées par l’immigration. Auréolé de nombreux prix, il est membre de la prestigieuse agence Magnum, dont la succursale parisienne expose logiquement quelques séquences de son nouveau projet intitulé Mare Mater jusqu’au 23 novembre prochain. Le familier des “voyages” photographiques nous ramène cette fois-ci aux origines des migrants, à leurs expressions culturelles refoulées, aux idiosyncrasies tues, sacrifiées sur l’autel de l’intégration. Cette “part manquante” qui embarrasse.

Vernissage le 7 novembre de 18h à 21h. Plus d’informations ici.

Visuels: Park Seo-Bo, Ecriture n°22 (Wikiart)

Couverture de Mare Mater, journal méditerranéen, Patrick Zachmann (Actes Sud- 2014)

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Nina Farge
Étudiante en deuxième année de master "Administration de la musique et des arts du spectacle vivant" à l'université d'Evry, licenciée en "Lettres et Arts"; je me passionne depuis toujours pour la culture, et plus particulièrement pour la danse.

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