Arts
“Fichés?” Une exposition sur la naissance et l’évolution des fiches d’identité ouvre aujourd’hui aux archives nationales

“Fichés?” Une exposition sur la naissance et l’évolution des fiches d’identité ouvre aujourd’hui aux archives nationales

28 September 2011 | PAR Amelie De Chaisemartin

Les archives nationales ouvrent leurs cartons et exposent au grand public, “grand pas seulement parce qu’il est nombreux, mais parce qu’il est curieux” a déclaré hier Jean-Marc Berlière, commissaire scientifique de l’exposition, un grand nombre de leurs fiches, depuis le second empire jusqu’aux années soixante.

Ce n’est pas une exposition d’art, c’est bien une exposition d’archives, insiste Jean-Marc Berlière. Les portraits n’ont pas de but esthétique, ce sont des photos d’identité de gens aujourd’hui oubliés, collées sur des documents de travail, des fiches d’identification, des permis de séjour, des passeports et des cartes d’identité.

L’exposition retrace la naissance de l’identification photographique, depuis le système créé par le fonctionnaire Bertillon, en passant par l’identification des soldats, des déserteurs, et celle des espions suspects et des étrangers, pendant la première guerre mondiale, jusqu’à l’identification des juifs sous Vichy, et les fiches de la décolonisation et de la guerre d’Algérie.

Ce parcours chronologique a donc, avant tout, un intérêt historique. On découvre comment on en est progressivement arrivé au fichage universel actuel. On découvre aussi l’histoire de personnes “anonymes”, souvent identifiées parce que suspectées, souvent au ban de la société. On découvre comment un titre d’accès à la citoyenneté est devenu un instrument d’exclusion. Et cette histoire proche a bien pour but de susciter des questions sur la surveillance actuelle de l’Etat des individus, à l’heure d’internet, du biométrique, et d’une politique d’exclusion systématique des travailleurs étrangers.

Ce parcours a également un intérêt pour l’histoire de l’art, car il interroge sur l’influence de la banalisation du portrait d’identité sur le portrait artistique, et pour la philosophie, en soulevant la question de l’identité individuelle. Comment identifie-t-on un individu ? Quel signalement nous permettra de le reconnaître ? Ses oreilles, sa cicatrice, son empreinte digitale ?

Mais le plus grand mérite de cette exposition est de faire vivre ces archives, et de donner le goût aux chercheurs,  aux journalistes, aux curieux, d’aller explorer ces documents vivants de l’Histoire, plutôt que de se contenter de lire une Histoire déjà écrite par d’autres.

Vous aurez, en outre, le plaisir de redécouvrir le magnifique hôtel de Soubise, une des perles du marais.

Et, si vous voulez inventer votre propre histoire, et votre propre fiche, vous trouverez à l’entrée de l’exposition un photomaton, dans lequel vous pourrez vous “ficher” en faisant des photos avec des mentions policières telles que “terroriste” ou “opium”. Ces photos ne sont, malheureusement pas conformes et ne pourront figurer sur votre passeport…:)

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Amelie De Chaisemartin

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