Phénomène Fénéon, chapitre 1 au Musée du Quai Branly
Ce n’est pas une, mais 3 expositions qui seront consacrées à Félix Fénéon. Cette personnalité de la vie culturelle, artistique, politique au tournant du XXe siècle et méconnue aujourd’hui est en ce moment exposée au Musée du Quai Branly, sera suivi en automne par le Musée de l’Orangerie pour enfin atterrir à New-York, au MoMA, au printemps 2020.
Le musée du Quai Branly explore le côté collectionneur de Félix Fénéon et en dresse “un portrait en creux”, d’après les mots de Philippe Peltier, commissaire de l’exposition avec Isabelle Cahn. Sa collection des arts lointains, provenant d’Afrique, d’Océanie, mais aussi d’Amérique est en effet un des reflets de sa personnalité : un homme de goût, original et libre. Si on ne sait pas exactement où Fénéon s’est procuré ces objets ni à partir de quand, on sait néanmoins qu’il était un défenseur de cet art, comme en témoigne la fameuse « Enquête sur les arts lointains. Seront-ils admis au Louvre ?», publié en 1920 dans la revue Le Bulletin de la vie artistique, qu’il crée un an plus tôt, interrogeant plusieurs intellectuels sur la reconnaissance des arts lointains dans le paysage culturel français. L’époque de la simple découverte de ces arts est alors dépassée.
L’exposition au Quai Branly commence par une mise en contexte, révélant certains paradoxes de ce marchand d’art et anarchiste, et mettant en valeur certains noms moins connus comme son amie et artiste Lucie Cousturier. On découvre également l’histoire de cette collection “devenue un mythe”, qui voyageait beaucoup pour des expositions et qui fut dispersée après la mort de Fénéon lors de sa vente en 1947 à l’Hôtel Drouot. Une partie exceptionnelle de sa collection d'”arts lointains” se retrouve entre les murs du musée pour l’occasion, en dialogue avec quelques tableaux occidentaux de sa collection ; le Nu Bleu de Pierre Bonnard regarde par exemple une statuette féminine en bois, fibre, coquillage et perles des Sénoufos, Burkina Faso (?).
Fénéon avait l’oeil mais aussi la plume aiguisée : critique d’art incisif (il est notamment le porte-parole du néo-impressionnisme, terme qu’il invente en 1886), collectionneur passionné et “découvreur” de talents (Bonnard, Matisse, Seurat), il “savait saisir l’air du temps”, peu importe les frontières.
Félix Fénéon (1861-1944). Les arts lointains, du 28 Mai au 29 Septembre 2019, au 37 quai Branly – 75007 Paris. Le second chapitre à l’Orangerie s’intéressera à la première partie de sa vie.
Visuels : affiche et vues de l’expo ©EZ, Etriers de poulie de métier à tisser – Bulletin de la vie artistique – Portrait de Fénéon par Signac – photographie, anonyme – photographies par Walker Evans d’objets pour l’exposition “African Negro Art” au MoMA