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Lâcher de licornes, au Musée de Cluny

Lâcher de licornes, au Musée de Cluny

29 July 2018 | PAR Sabina Rotbart

Juste remodelé, le Musée de Cluny, dans le cinquième arrondissement, séduit par une exposition qui renouvelle l’approche de ce drôle d’animal mythique. La chasse aux fantasmes est ouverte.

Juste remodelé par l’architecte Bernard Desmoulin, le musée national du Moyen âge présente depuis sa récente réouverture une exposition piquante sur la licorne, cet animal mythique qui est l’œuvre emblématique de son incroyable collection. Dans ce nouveau bâtiment remarquablement bien inséré dans l’espace urbain, délicatement voilé d’une peau de métal en aluminium cuivré, les parcours de visite ont été refondus, le visiteur se régale devant la nouvelle présentation, formidablement épurée, variée et lisible. En attendant la suite, le remodelage des scénographies et des parcours muséographiques de l’hôtel médiéval des abbés de Cluny, prévue pour 2020.

Ambigüité essentielle
Vous découvrez chemin faisant l’ambigüité fondamentale de cette figure mythique de la licorne, tantôt animal favori qui ne se laisse approcher que par les vierges, tantôt animal puissant, agressif, féroce. Tantôt emblème de la Vierge, tantôt du Christ.
Cet icône présent dès l’Antiquité mais diffusée surtout dans les enluminures à la fin du Moyen Age et au début de la Renaissance, inspiré sans doute de témoignages farfelus des voyageurs disant l’avoir rencontrée en Orient, mariage contre nature entre la corne de narval et un corps de chèvre ou de rhinocéros, n’a pas cessé d’inspirer les artistes, comme en témoignent les variations de Gustave Moreau, Rilke ou Cocteau autour de ce personnage qui est essentiellement livresque comme l’explique Michel Pastoureau.

Une aimable diversité
Les œuvres présentées vont des enluminures des bestiaires du XIIème siècle aux créations contemporaines comme celle de Claude Rutault pour le Mobilier national ou à l’amusante Peau de licorne de Nicolas Buffe, qui mêle porcelaine de Limoges et tapisserie d’ Aubusson. La licorne inspire aussi chorégraphies (ballet de Cocteau) et performances où l’animal n’est pas toujours aussi paisible qu’à Cluny…

photo: Michel Denancé / Bernard Desmoulin, architecte

visuels :
Femme à la licorne, attribuée à Giovanni della Robbia ou à son atelier, Terre cuite émaillée, 1490-1530, 1689 (A) © Métropole Rouen-Normandie, musée des Antiquités
Hortus sanitatis, Johannes de Cuba,J. Meydenbach, Impression sur papier, 1491, Réserve 5915 © BIU santé
Peau de licorne, Nicolas Buffe, Porcelaine, laine et soie, 2010-2011, Tissage : Atelier Patrick Guillot, Aubusson. Porcelaine : Craft, Limoges.
© Cité internationale de la tapisserie

Infos pratiques

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Sabina Rotbart
journaliste en tourisme culturel, gastronomie et oenotourisme. [email protected]

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