“La Planète Mode de Jean Paul Gaultier. De la Rue aux Étoiles” au Kunsthal de Rotterdam
Au cours de ces 35 dernières années, Jean Paul Gaultier a fortement influencé l’univers de la mode avec ses créations et ses designs avant-gardistes. L’exposition “La Planète Mode de Jean Paul Gaultier. De la Rue aux Étoiles” développée par le Musée des beaux-arts de Montréal en collaboration avec la Maison Jean Paul Gaultier arrive aujourd’hui à Rotterdam pour une présentation forcément très fashion et décalée de l’univers du créateur.
La création de l’iconique créateur Jean Paul Gaultier a inspiré une belle exposition. Malgré les 35 ans de carrière de l’homme à la marinière, ici, point de rétrospective, le créateur confessant dans sa présentation à la presse que cette idée l’effrayait un peu, mais une incursion dans son univers si particulier et avant-gardiste. On passe ainsi de la jungle urbaine inspirée de cultures mondiales, allant de l’Afrique à l’Inde en passant par la Russie et la Grèce ; à la religion avec sa collection “Les vierges” ou les sirènes de la collection éponyme et les costumes de scène de Madonna ou Mylène Farmer. L’exposition du Kunsthal Rotterdam présente plus de cent quarante créations originales datant du début des années 1970 à nos jours, issues de ses collections de haute couture et de prêt-à-porter, voire de collections privées. Pour la plupart des créations, cette exposition est une véritable première. Toujours étonnantes, elles sont le fruit de la rencontre d’un esprit curieux et pionnier, toujours à la recherche d’une autre beauté et des cultures du monde entier qu’il ne cesse de réinventer au fil de ses collections.
Les différents univers sont matérialisés par des espaces très différents, allant de la pièce cosy avec un gros cube de satin rose dans lequel sont disposés des corsets et robes à poitrine conique à la zone rouge où le cuir, le métal et les couleurs chair s’unissent pour une atmosphère transgressive rappelant l’époque Vogue de Madona. Ailleurs, ce sera un défilé mécanisé de robes emblématiques. Autre point fort de la scénographie, les 30 mannequins interactifs dont le visage projeté donne une impression saisissante de vie, d’autant que l’on peut y reconnaître des personnalités comme Jean Paul Gaultier lui même. Ils sont également coiffés de perruques et parfois synchronisés avec des voix.
On avait pu en voir un semblable à l’exposition consacrée à Hussein Chalayan au musée des Arts Décoratifs. Quelques enregistrements de défilés, de programmes de télévision, de films, de vidéos et de concerts complètent la planète haute en couleur de Jean Paul Gaultier. L’on peut cependant regretter le peu de comparaison entre les différentes facettes de Jean Paul Gaultier, pourtant connu comme multi-talents. Ce sont principalement les dessins préparatoires dont l’absence est la plus remarquée et la plus regrettable. Ils sont en effet à la base du processus créatif, et leur mise en parallèle avec les vêtements aurait été très enrichissante. Enfin, la présence de l’ourson de l’artiste ajoute une touche d’émotion et nous renvoie à l’enfance du créateur, à l’époque ou, durablement impressionné par le film falbala et les froufrous présents dans l’armoire de sa grand-mère ont fait éclore sa passion pour la mode.
Depuis sa création, l’exposition a fait une halte aux États-Unis, au Musée des Beaux-arts de Montréal (17 juin-2 octobre 2011), au Musée d’art de Dallas (13 novembre 2011-12 février 2012) et au Musée De Young de San Francisco (24 mars-2012). Elle a posé également ses valises à l’Institut de la culture de la Fondation Mapfre à Madrid, du 6 octobre au 18 novembre 2012. Le curateur de l’exposition, Thierry-Maxime Loriot, a réussi à faire une création digne de Gaultier résultant dans une exposition théâtrale et exubérante. Il affirme que « Cet accès unique à l’univers de Jean Paul Gaultier et de la haute couture permettra aux visiteurs de découvrir un véritable artiste. Gaultier introduit des tendances au lieu de les suivre, c’est pourquoi son oeuvre est toujours d’actualité, même au bout de 35 ans. Cette exposition évoque le passé et montre en même temps la vision du futur par les yeux de Jean Paul Gaultier ».
Cette exhibition, si elle est très plaisante à regarder et parcourir présente en effet l’œuvre riche en influences du créateur, pourtant, l’on n’y ressent pas son parcours, comme semblait l’indiquer le titre, ni même la progression de sa créativité. “La Planète Mode de Jean Paul Gaultier. De la Rue aux Étoiles” reste toutefois une exposition très belle et intéressante que tout amateur de mode et de création devrait aller voir.
A noter, le corner Shop De l’exposition propose plein de souvenirs, mais il faudra y mettre le prix.
Visuels : Photographies ©Sandra BERNARD
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