Mahabharata quand le costume fait le moine
Cette semaine, la capitale a la chance d’accueillir simultanément deux pièces inspirées du Kabuki. La première Jiuta, dont nous avons déjà vanté les nombreux mérites, nous présente un art sublimé, la seconde, Mahabharata est une pièce très vivante mêlant subtilement tradition et modernité et où le costume tient une place primordiale.
Arrivé au Japon à l’ère Heian (IXème – XIIème siècles) à l’époque où la cour impériale puissante et très ouverte entretenait de nombreuses relations avec le continent, le Mahabharata s’est tout simplement assimilé à la culture japonaise.
Le metteur en scène, Satoshi Miyagi a souhaité rappeler cette période lointaine, via les costumes. Contrairement aux anciens costumes très colorés, ceux-ci sont entièrement blancs, couleur sacrée incarnant la pureté.
Le plus incroyable, c’est que ces costumes sont, pour la plupart et comme l’exige la tradition du Kabuki, faits de papier. Pliés, cousus, superposés, découpés ou ébouriffés, leur rôle est primordial dans la compréhension de l’œuvre. Extrêmement travaillés, ils ont une grande force expressive au sens où, simplement en les voyant, l’on comprend qui est le personnage ou sa fonction (dieu, roi, animal, …).
Lors de la déchéance du couple royal, il ne leur reste plus rien que leurs vêtements les plus simples. Et lors de leur séparation, n’est-ce pas une manche du kimono de son épouse que le prince Nala emporte avec lui et conserve toutes ces années. Ce morceau d’étoffe, symbole de son amour perdu, est également un signe de reconnaissance pour certains personnages.
Véritable éblouissement, ils méritent à eux seuls le déplacement, en particulier ceux des dieux des éléments. D’une très bonne tenue mais fluides et détaillés, ils se prêtent particulièrement bien à cette mise en scène.
Le seul personnage coloré (souillé?) est le vilain Kali, démon par qui le malheur arrive.
Le papier constitue également l’ensemble des accessoires, qu’il s’agisse d’origamis complexes ou de dés, le papier, blanc comme il se doit, est omniprésent. L’on a l’impression de voir s’animer des marionnettes ou des personnages d’estampes anciennes.
Visuels : © Takuma Uchida et musée du quai Branly
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