
De Tombouctou à Zanzibar, découverte des trésors de l’islam en Afrique
L’Institut du Monde Arabe nous propose, jusqu’au 30 juillet 2017, une exposition inédite consacrée aux liens étroits tissés entre le monde arabo-musulman et l’Afrique subsaharienne.
L’exposition « Les trésors de l’islam en Afrique » met en avant un autre regard sur l’islam et interroge ses processus de transmission et d’appropriation par les peuples africains. On y explore la diffusion de l’islam en Afrique subsaharienne qui a conduit à l’épanouissement de sociétés nouvelles. On y découvre que la pratique de l’islam se détache d’une simple influence arabe, berbère ou persane en devenant un fait musulmo-africain, dont les empreintes sont visibles dans la création artistique, passée et contemporaine.
Sur 1100 m2 sont réunies près de 300 œuvres, dont des pièces montrées pour la première fois en France, comme les exceptionnels manuscrits de Tombouctou. Ces pièces majeures témoignent de l’effervescence intellectuelle de la ville au XVe siècle et contredisent l’idée d’un continent africain où prévaudrait l’oralité. L’accent est mis sur l’intensité des échanges entre le nord et le sud, et atteste d’une circulation permanente des idées et des formes.
Cette exposition rend également compte de la diversité des pratiques de l’islam en Afrique subsaharienne aux travers d’édifices architecturaux répondant aux traditions locales, bien loin des constructions connues dans le reste du monde arabo-musulman. En effet, dès le VIIIe siècle, des communautés musulmanes se sont dotées de lieux aux typologies originales pour prier. Ainsi, la multiplicité des pratiques se matérialise dans la pluralité des lieux qui servent à l’exercice du culte, mosquées, mausolées, zawiyas, etc…
Au-delà de la religion, l’islam a transformé en profondeur la culture matérielle en Afrique subsaharienne. La richesse des sociétés musulmanes se manifeste dans l’art et l’artisanat du quotidien. La mobilité des artisans a permis la rencontre des savoir-faire, des techniques et des styles. On voit rapidement émerger des spécificités régionales comme la broderie, la vannerie ou encore la calligraphie.
La présence d’artistes contemporains dans cette exposition rend compte d’un héritage commun culturel et religieux. Ils interrogent leur patrimoine musulman dans des peintures ou des installations impressionnantes afin de transmettre la spiritualité à travers l’art. Et contribuent au décloisonnement des disciplines, en dialoguant avec l’artisanat, les pièces historiques et le patrimoine immatériel.
Cette exposition célèbre le dynamisme de l’art contemporain africain sans pour autant l’opposer à son passé. Elle salue une Afrique fière de ses racines pluriculturelles portée par une nouvelle génération ambitieuse. Ce qui y est dévoilé vient conter une histoire méconnue qui porte un tout autre éclairage sur le continent africain.
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