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« Björk: Digital » à Londres, quand le virtuel devient virtuosité

« Björk: Digital » à Londres, quand le virtuel devient virtuosité

11 October 2016 | PAR Alexis Duval

Jusqu’au 23 octobre, avec « Björk: Digital », la Somerset House de Londres accueille un parcours saisissant au cours duquel la chanteuse islandaise déploie un attirail technologique au service de son art.

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Björk, c’est une voix, un phrasé, un univers. Mais c’est d’abord et avant tout un mystère. A bientôt 51 ans (le 21 novembre), la muse islandaise fait encore une fois la preuve de son inventivité avec “Björk: Digital”, un formidable parcours à la découverte des mille visages de l’artiste. Visible jusqu’au 23 octobre à la Somerset House de Londres – et, dans une version différente, du 15 octobre au 12 novembre à Montréal -, l’exposition propose une exploration des vidéos créées pour accompagner le neuvième album de l’icône, Vulnicura, sorti en 2015.

Les visiteurs, par groupes de vingt, se voient offrir une expérience privilégiée où la technologie est au service de la perception. Première salle, première stupeur : on est invité à circuler dans une pièce où deux écrans se faisant face montrent deux versions du clip de “Black Lake”, commandité par le Musée d’art moderne de New York, pendant que des dizaines d’enceintes placées tout autour enveloppent de manière irrésistible. La beauté, la noirceur et la rudesse saisissantes des paysages islandais dans lesquels les vidéos, réalisées par Andrew Thomas Huang, ont été tournées n’ont d’égal que le lyrisme et la viscéralité de la musique.

S’ensuivent trois salles où lunettes et casques disposés sur des tabourets qui pivotent permettent de voir en réalité virtuelle les clips de trois titres de Vulnicura. Comme si Björk était à quelques centimètres de vous. Une audace qui désarmera les plus technophobes. Ainsi dans “Stonemilker”, la chanteuse, tunique jaune au vent et pantoufles blanches, se transcende et se démultiplie. Le clip, également filmé par Andrew Thomas Huang sur une plage islandaise, est à l’image du titre : d’une douceur infinie.

Une artiste éclectique et protéiforme

Le périple en terre björkienne se clôt sur la projection de l’ensemble des clips réalisés tout au long de sa carrière. Dommage que la salle soit si inconfortable – pas un seul fauteuil, s’asseoir par terre sans avoir de quoi s’adosser se révèle pénible et ne permet pas de rester pendant les deux heures que dure cette compilation. Car on aurait tant aimé davantage apprécier cette oeuvre titanesque qui a permis la révélation d’immenses talents, au premier rang desquels le Français Michel Gondry, passé du clip au cinéma avec notamment Eternal Sunshine of the Spotless Mind ou Soyez sympas, rembobinez. Les deux iconoclastes ont ainsi travaillé ensemble sur la mise en images de huit titres : « Human Behaviour », « Army Of Me », « Isobel », « Hyperballad », « Joga », « Bachelorette », « Declare Independence » et Crystalline ». Tout un pan de leurs carrières respectives.

En 1997 déjà, Björk évoquait dans le magnifique « Bachelorette » la dimension protéiforme de son art : « I’m a fountain of blood / In the shape of a girl » (« Je suis une fontaine de sang en forme de jeune fille »), « I’m a whisper in water » (« Je suis un murmure dans l’eau »), « I’m a tree that grows hearts » (« Je suis un arbre sur lequel poussent des coeurs »), « I’m a path of cinders / Burning under your feet » (« Je suis un chemin de cendres qui brûlent sous tes pieds »)…

Le titre de l’album dont est extrait « Bachelorette », Homogenic – sans doute un de ses plus accomplis -, est d’ailleurs un leurre : Björk a toujours été polyvalente. Eclectique. Multiple. Et inégale. En témoignent Volta (2007) et Biophilia (2011), septième et huitième albums studios, objets sonores radicaux et déroutants, mais qui sont autant de tentatives de repousser les limites de la création musicale. Avec “Björk: Digital”, elle ravira ses fans de la première heure et surprendra ses détracteurs. En étant là où on ne l’attend pas.

Alexis Duval

Visuel : affiche de l’exposition.

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Alexis Duval

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