Fictions
« Utopia Avenue » de David Mitchell : Sexe, drogue mais surtout, rock’n roll

« Utopia Avenue » de David Mitchell : Sexe, drogue mais surtout, rock’n roll

14 January 2023 | PAR Julien Coquet

L’auteur acclamé de Cartographie des nuages revient pour un roman plus réaliste mais tout aussi passionnant, une odyssée sur le rock au croisement des années 1960 et 1970 à Londres.

The Beatles, The Rolling Stones, The Who, les Sex Pistols ? Tout cela, oui bien sûr, vous les connaissez. Mais vous avez beau regarder dans votre discothèque, chercher sur Deezer ou Spotify, aucune trace d’Utopia Avenue… Ce quatuor de folk-rock psychédélique, fondé à Londres en 1967, a produit plusieurs albums selon David Mitchell. Biberonné par le manager Levon Frankland, ce groupe (imaginaire, vous l’aurez compris) connaît petit à petit le succès et amène le bassiste, la chanteuse, le batteur et le guitariste aux portes de la gloire.

Chaque chapitre portant le titre d’une chanson (« Smithereens », « Purple Flames », « Even The Bluebells »…), Utopia Avenue nous plonge la tête la première dans le Londres fourmillant de la fin des années 1960. David Mitchell a la bonne idée de maquiller habillement l’invention totale du groupe Utopia Avenue en faisant intervenir des célébrités réelles (Leonard Cohen, Janis Joplin, Frank Zappa…), comme se le permettait Paul Thomas Anderson dans son film Licorice Pizza (2021). On sent à quel point l’auteur s’est renseigné sur la période : LSD, libération sexuelle, guerre du Vietnam, hippies, revendications populaires… Parfois un peu long, l’ouvrage se lit pourtant facilement grâce au talent de conteur de David Mitchell, et notamment à sa capacité à décrire comment naît une chanson.

« Dean parle dans le micro. « On a attendu toute notre vie avant de pouvoir » – un pic de larsen couvre un instant sa voix » – « dire : « Bonsoir, New York – on est Utopia Avenue ! » ». Le public applaudit à une intensité moyenne. Griff exécute un roulement de batterie, Elfe entame la mélodie qui accompagne les paroles « Bronx is up and the Battery’s down », et Jasper pourrait aussi bien être en train d’attendre un bus. Dean et Elf échangent un regard inquiet. »

Utopia Avenue, David MITCHELL, traduit de l’anglais par Nicolas Richard, Editions de l’Olivier, 752 pages, 25 €

Visuel : Couverture du livre

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Julien Coquet

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