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“Les jouets Star Wars” au musée des Arts Décoratifs

“Les jouets Star Wars” au musée des Arts Décoratifs

05 November 2012 | PAR Bastien Stisi

Depuis le 4 octobre, le musée des Arts Décoratifs de Paris propose à ses jeunes visiteurs (à ses moins jeunes, également), une exposition rétrospective sur la production des multiples jouets émanant de la mythique franchise Star Wars. Exclusivement ludique mais trop faiblement didactique, l’exposition fait d’abord appel à une audience de fans inconditionnels de la plus célèbre saga de science-fiction du monde. Les amateurs, ainsi, seront comblés. Les autres pourront toujours, le cas échéant, faire quelques pas supplémentaires sur la rue de Rivoli et se tourner vers un univers autre et vers la satisfaisante expo Raphaël, actuellement organisée au Musée du Louvre.

Collectionneur fanatique propriétaire de plus de 2500 pièces, l’organisateur de l’exposition Arnaud Grunberg rassemble plus de 450 figurines, des prototypes, des affiches originelles, des poupées, des costumes ou des maquettes (la plupart issues de ses possessions personnelles) et propose ces produits dérivés ciglés Star Wars aux yeux d’un public jeune et moins jeune jusqu’au 17 mars au musée des Arts Déco.

Évalués à plus de 300 000 rien qu’en France par les organisateurs de l’exposition, et notamment par sa commissaire Dorothée Charles (déjà en charge de l’expo “Des Jouets et des Hommes” organisée il y a quelques mois au Grand Palais), les fans de Star Wars découvriront avec délectation ces objets de leur enfance, multipliés à foison depuis 1977 et la sortie du premier opus de la saga (Un nouvel espoir) par le fabricant Hasbro et par sa filiale Kenner. Les enfants, presque aussi nombreux que les “adultes” (appelons-les plutôt ici “les grands enfants”) sont ravis de cette rétrospective fétichiste, et  gambadent avec enjouement et curiosité dans la galerie des jouets du musée, qui abritait encore il y a quelques semaines, dans la même verve divertissante, une présentation du  parcours original du personnage de Babar et de son créateur Jean de Brunhoff. D’abord intimidés et surpris par les respirations anxiogènes et inquiétantes d’un Dark Vador, projetées dans la première salle par le biais d’une installation sonore,  les bambins surexcités s’égarent rapidement dans les travées de l’univers imaginé par George Lucas, à la recherche d’un jouet à réclamer innocemment à leurs parents, qui les accompagnent souvent avec un plaisir enfantin et naïf non dissimulé.

Les scénographies organisées dans la dernière salle, qui mettent en action deux épisodes fameux et guerriers de la seconde trilogie de la saga (la bataille de Naboo, et celle de Kashyyyk), font figure d’apogée ludique de l’exposition. Dans un large espace vitré, les figurines de la saga paraissent prendre vie, et répètent sous nos yeux interloqués et attendris les faits et gestes de La Menace fantôme et de La Revanche des Siths.

Une déception, toutefois, malheureusement inhérente à la globalité des expositions organisées dans l’enceinte du musée des Arts Déco : si l’on ressort de la galerie des jouets avec une furieuse envie de dépenser la moitié d’un salaire dans l’achat compulsif (et un peu inutile, il est vrai) de figurines à l’effigie de Chewbacca ou de Boba Fett, on peine toutefois à saisir véritablement l’intérêt et les objectifs viscéraux de l’exposition. En effet, les notices explicatives du lieu sont d’une pauvreté désolante, strictement minimales, et ne permettent pas au public de comprendre en profondeur la production impressionnante de jouets qui défilent gentiment sous leurs yeux. La boutique du musée, emplit des dites figurines présentées dans l’exposition, est d’ailleurs là pour rappeler l’essentiel du merchandising étiqueté George Lucas : si les jouets, et notamment ceux émanant de l’univers de Star Wars, permettent à l’enfant de revivre ses souvenirs cinématographiques et de se faire le créateur inventif de ses propres histoires, ils sont surtout créés et mis en valeur pour vendre et pour contenter les bourses gourmandes de ses audacieux producteurs. Une vérité tristement moderne, mais heureusement bien absente des préoccupations et des consciences des enfants, définitivement acteurs et cibles principales de l’événement mis en scène au musée des Arts Décoratifs.

Visuel : affiche de l’exposition

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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