Architecture
« L’architecture vivante », un moment de l’histoire de l’architecture à Maillot

« L’architecture vivante », un moment de l’histoire de l’architecture à Maillot

01 August 2013 | PAR Franck Jacquet

La Cité de l’architecture et du patrimoine a récemment acquis une série complète et originale de la revue d’avant-garde architecturale « L’architecture vivante ». L’institution propose pour l’occasion quelques affichages jusqu’au 4 novembre 2013. Une pièce importante pour les passionnés d’architecture.

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Une revue de l’avant-garde de l’Entre-deux-guerres
La revue est créée par le critique et architecte Jean Badovici, avec le soutien de son éditeur, Albert Morancé. De 1922 à la fin de l’année 1933, elle donne la parole par les images aux architectes européens et américains prônant le renouvellement des formes. Tous les grands noms de l’époque sont représentés dans les volumes de cette revue portfolio : A. Loos, les frères Perret, Le Corbusier, F. L. Wright Gropius et tous les tenants du Bauhaus notamment mais aussi bien d’autres. Léger y publie des études dont l’approche par masses se couple très bien avec les démarches des architectes d’alors. Ces dernières sont très différentes selon les cas, mais elles ont tout de même un point commun : elles prennent leur essence dans la fin du XIXe siècle et dans la décennie précédant la Grande Guerre, alors que ces architectes ou leurs prédécesseurs rejettent les formes ornementales d’alors, l’historicisme architectural et ses accents pompiers. A. Loos considérait bien l’ornement comme un crime ; il n’est pas le seul parmi les contributeurs. Le mouvement De Stijl prend d’ailleurs de plus en plus de place dans les pages de la revue, notamment grâce à la place centrale de Badovici qui entretenait des relations dans les différents milieux artistiques européens, sans se cantonner d’ailleurs à l’architecture : on se souvient d’Eileen Gray dont la rétrospective récente à Beaubourg (voir notre critique) rappelait leur collaboration pour la construction de la villa E-1027. A côté des designers on trouve dans la revue, parmi les contributeurs de textes ou de documents, P. Mondrian, T. Van Doesburg…
La revue reflète donc l’esprit des années folles et des avant-gardes puisque se mêlent les différentes approches artistiques. Mais elle se positionne logiquement et résolument du côté des modernes. Son texte « manifeste », reproduit dans l’affichage, proclame que « l’architecture vivante est celle qui exprime fidèlement son époque ». Le propos d’A. Perret insiste sur le fait que la beauté résulte d’un emploi judicieux des formes. L’usage prime donc, les formes linéaires et industrielles de même. La revue s’éteint malgré tout ce bouillonnement au début des années 1930 mais a ouvert la voie à plusieurs successeurs. Elle s’éteint alors que Le Corbusier considère qu’elle était « connue dans tous les milieux nationaux ; c’était « Le Document ».

L’affichage du Musée
Le Musée des monuments propose un affichage de cette revue. Quelques numéros sont exposés et des photographies extraites de ses pages sont réparties sur trois tableaux : la naissance ; les grands aspects de son contenu ; le moment des arts décoratifs et le déclin. L’exposition des arts décoratifs, les constructions américaines de buildings furent en effet des moyens importants pour exprimer ce renouvellement des formes structurales. Le visiteur minutieux pourra ainsi comparer combien les formes Bauhaus, constructivistes, fonctionnalistes et dites industrielles ont pu influencer l’ensemble de la création postérieure à la seconde guerre mondiale en comparant les travaux de l’entre-deux-guerres aux maquettes de la galerie d’architecture contemporaine dans laquelle ils sont exposés. La revue sera donc versée dans les fonds de la bibliothèque de recherche à destination des étudiants et scientifiques.

Visuel 1 : Affiche de l’exposition (pas sûr que ce soit libre de droit d’après l’attachée de presse) – Etudes de F. Léger, dessin, milieu des années 1920.

Visuel 2 : Numéro de L’architecture vivante.

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Franck Jacquet
Diplômé de Sciences Po et de l'ESCP - Enseigne en classes préparatoires publiques et privées et en école de commerce - Chercheur en théorie politique et en histoire, esthétique, notamment sur les nationalismes - Publie dans des revues scientifiques ou grand public (On the Field...), rédactions en ligne (Le nouveau cénacle...) - Se demande ce qu'il y après la Recherche (du temps perdu...)

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