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Expressionismus : Berlin VS Munich 1905-1920 à la Pinacothèque

Expressionismus : Berlin VS Munich 1905-1920 à la Pinacothèque

14 October 2011 | PAR Yaël Hirsch

La nouvelle aile de la Pinacothèque (voir notre article), accueille des toiles expressionnistes allemandes jusqu’au 11 mars 2102. Riche de tableaux peu connus de Kirchner, Mueller, Kandinsky, Heckel, Jawlensky, Schmidt-Rottluff, Nolde, et Von Werefkin, venues entre autres du Wilhelm Lehmbruck de Duisburg, du Osthaus Museum de Hagen, du Museum de Wiesbaden et du Leopold-Hoesch de Düren, ainsi que de gravures époustouflantes de la Collection Pierre Bérend, l’exposition régionalise l’expressionnisme allemand et oppose pour mieux les comparer les courants nordique (Die Brücke : Dresde et Berlin) et sudiste (Der Blaue Reiter : Munich et environs).

C’est de manière thématique que Marc Restellini, directeur de la Pinacothèque et auteur des textes de présentation de l’expo a choisi de montrer les peintures, dessins, gravures et sculptures qu’il a réunis pour cette exposition : l’on entre dans le dualisme Brücke/ Blaue Reiter par le biais des paysages, qui dans leur forme sudiste coup prennent une forme beaucoup plus bucolique que les Kirchner qui nous ont marqués. “Le début du printemps” (1911) de Karl Schmidt-Rotluff ou “Les grands pavots” de Emil Nolde exhalent un vert de caractère. parmi les paysages sont classés deux grands Kandinsky abstraits assez rares, puisque “Arabes III” vient de la Galerie Nationale d’Arménie (Erevan). Tout au long de l’exposition des panneaux didactiques nous livrent les grandes lignes des biographies des artistes. parmi la subtile sélection de l’exposition, une figure trop méconnue est mise en exergue : Marianne von Werefkin, femme de Alexi von Jawlensky, longtemps restée dans son ombre (elle a arrêté la peinture jusqu’en 1905 après s’être installé à Munich avec son époux pour animer son Salon) et passée de la Brucke au Blaue Reiter avec talent et indépendance. Les toiles venues du Museo comunale d’Arte Moderna d’Ascona où la peintre a fin ses jours révèlent une artiste surdouée de son temps et sa génération. on portrait par Jawlensky est par ailleurs également une des plus belles toiles de l’exposition.

Ensuite, l’on plonge dans le bestiaire, les animaux ayant inspiré les deux camps. Les deux grandes toiles d’Heinrich Campendonk qui révèlent des chats haut en couleurs restent les deux toiles marquantes de cette section. L’on passe ensuite justement à un pêle-mêle de tableaux illustrant l’usage de la couleur par les expressionnistes. Au milieu des Mueller, Kirchner, Schmidt-Rothluff et Jawlensky apparaissent les premières sculptures (Lehmbruck, Guttfreund, et même, Franz Marc!). En négatif, les gravures sur bois en noir et banc, représentant les auto-portraits de Schmidt-Rottluff et Heckel sont saisissants. Enfin, l’on se glisse dans les diverses manières de traiter le nu, et là, la quantité de nus sages et classiques du “sud” l’emporte sur les bas-fonds berlinois qu’on lie d’habitude avec l’expressionnisme. Presque prude, la “Femme nue allongée” de Max Pechstein (1911) évoque la sensualité fascinante mais jamais grimaçante des odalisques de Matisse.

L’organisation brouillonne de cette exposition est souvent également plaisante, car elle enjoint à flâner parmi les trésors d’expressionnisme que la Pinacothèque a su réunir. Il faut voir cette exposition à une heure creuse, pour savoir s’y perdre, de couleur criante en ligne de force.

 

Visuels :

Grand angle : Marianne von Werefkin, Le Chiffonier, 1917, tempera sur Papier, Ascona, Marianne Werefkin Foundation, Museo communale d’arte moderna © Adagp, Paris 2011.

Corps de texte :

1) Ludwig Kirchner, Groupe d’artistes, 1913, huile sur toile, Osthaus Museum Hagen © Adagp, Paris 2011.
2) Alexej von Jawlensky, Portrait de Marianne von Werefkin, c. 1906, Huile sur carton, Kunstsammlung des Museums, Wiesbaden © Adagp, Paris 2011.

 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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