Touchez, signez, roulez, écoutez, le Quai Branly est dans sa semaine d’accessibilité
Le Quai Branly propose une semaine de l’accessibilité et offre de multiples activités pour tous. Handicapés moteur, sourds, malentendants, malvoyants, aveugles, déficients intellectuels et passionnés de culture pourront tester tous les dispositifs gratuitement du 30 novembre au 7 décembre. De nombreuses propositions sont faites pour tous et seront pérennes pour enfin permettre à l’ensemble de la population de toucher la culture et de dialoguer avec elle.
Rencontres, débats, concerts, activités partages et approches multiples et gratuites des œuvres pendant une semaine montrent à quel point en France être différent ou handicapé est encore un frein social et culturel.
Sur le papier Paris est une ville accessible à tous, sa culture, ses musées, ses lieux de vie, les lois de la république offrent à tous les mêmes possibilités. Il n’en est rien dans les faits, même si beaucoup d’efforts semblent mis en place, être aveugle, malvoyant, sourd, malentendant, déficient intellectuel ou handicap moteur n’est pas simple quand il s’agit de traverser Paris seul, en transport en commun par exemple, de manger au restaurant, prendre un café, aller au musée… Comment un handicapé moteur fait-il quand les toilettes d’un lieu ne sont pas accessibles ? Comment un aveugle peut-il envisager une statue ou un tableau au delà de la description d’un guide ou d’un ami ? Comment un sourd peut-il entendre la musique ou accéder à la culture en lisant sur les lèvres ou sur le papier, deux façons de communiquer qui ne sont pas pleinement les siennes comme la LSF qui n’est pas une traduction de la langue orale mais une langue propre et unique ? Comment une famille peut-elle prendre plaisir à aller au musée quand son enfant, autiste par exemple, peut se mettre à hurler sous le regards des visiteurs ou être très angoissé par le monde et avoir un comportement différent des codes sociaux ? Sur le principe et en (belles) paroles la vie culturelle est ouverte à tous, mais en réalité peu de musées (hélas) font le travail de fond et de forme du Musée du Quai Branly.
En pratique et grâce à des mécènes comme le groupe Intégrance, Alain Mikli International, la Fondation Orange ou France télévision, pour ne citer qu’eux, de nombreuses possibilités concrètes sont proposées.
Pour l’exposition « Aux sources de la peinture aborigène », une retranscription en relief, très détaillée de quatre œuvres de l’exposition permet de toucher et appréhender différemment la peinture.
Un programme audio accompagne chaque œuvre, une musique d’ambiance, une description détaillée de l’objet puis une lecture de texte d’artistes sur leur création (textes conservés dans les archives du musée). Un outil presque indispensable car la lecture tactile est très longue et complexe.
Artesens s’est focalisée sur une œuvre du musée, la grande statue Djennenké de la collection Dogon, et l’a reproduite en deux exemplaires. Un exemplaire en taille réelle (1,90 mètre de hauteur) démontable pour permettre aux visiteurs non-voyants ou malvoyants d’apprécier chaque composant de la grande figure. Un petit exemplaire (70 centimètres de hauteur) permet d’appréhender la sculpture dans sa totalité. L’ensemble est présenté dans une pièce fermée, au décor très étudié agrémenté d’une musique d’ambiance spécialement composée pour l’occasion. Ce projet est l’un des huit modules de l’exposition itinérante « Le couloir du temps » d’Artesens, dont le parcours débutera à travers la France en 2013.
Le musée développe également des projets permanents pour ses collections et profite de l’occasion pour dévoiler en avant-première ses dernières nouveautés. Si la première édition avait permis la rénovation de la table tactile , présentation du musée à l’entrée du bâtiment située dans le jardin, cette deuxième édition permet d’annoncer l’installation d’une toute nouvelle maquette tactile et sonore dans le hall d’entrée, livrée le 7 décembre. Un ensemble de plans, de façades, vues en coupe, maquette détaillée du lieu et plans précis du hall d’accueil pour permettre désormais aux malvoyants et non-voyants une grande autonomie de visite.
Autre outil permanent, sous la forme ludique d’une tablette tactile est proposé aux enfants. « Les experts du quai Branly ». Un logiciel interactif dans lequel les jeunes visiteurs aident un ethnologue dans la réorganisation d’un dossier sur les objets du monde, entièrement visuel, sonore, en langue des signes française et adapté à plusieurs niveaux de compréhension. Déjà testé lors de la première semaine de l’accessibilité en 2010, le programme a été amélioré grâce aux commentaires du public. Deux continents sont déjà disponibles à l’essai, les deux autres s’ajouteront lors du lancement officiel de l’application dans le musée, le 15 décembre prochain.
Les dispositifs déjà présents dans le musée et intégrés à la scénographie (guides audio, fiches en braille et fiches simplifiées) ont été multipliés, pour garantir un plus grand accès aux collections. Le parcours tactile de la collection « la Rivière » créé en 2010 s’est désormais étendu à la reproduction en relief de quatorze œuvres majeures du musée. Il en va de même pour les manuels en braille, avec la production d’un nouveau carnet tactile gratuit, téléchargeable sur Internet, explorant sept œuvres de la collection.
Vous trouverez ici votre visite selon vos envies et vos particularités ou celles de vos proches.
Ces dispositifs remettent les handicapés à leur juste place humaine et donnent envie aux valides de toucher, signer et découvrir le monde et la culture autrement.
Cette semaine de l’accessibilité devrait être le quotidien de l’accessibilité, tous les musées devraient bientôt suivre le chemin défriché par celui du Quai Branly et pour fêter cela Amadou et Mariam chantent sur place le 7 décembre à 20h.
Visuel (c) Bérénice Clerc