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Le British Museum sur le point de conclure un “accord majeur” quant au retour de marbres du Parthénon

Le British Museum sur le point de conclure un “accord majeur” quant au retour de marbres du Parthénon

05 January 2023 | PAR Mai Linh Tang Stievenard

Grèce et Angleterre sont sur le point de trouver un compromis quant à la restitution de marbres du Parthénon. Un compromis qui pose question et semble déboucher sur une impasse. 

Un conflit entre loi britannique et identité culturelle grecque

Selon le quotidien national grec Ta Nea, des négociations secrètes ont lieu depuis novembre 2021 entre le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis et le directeur du musée londonien George Osborne concernant le retour de marbres grecs au Parthénon. Ce retour s’inscrit dans le cadre d’un prêt à long terme pour un échange culturel entre le British Museum et le Parthénon , rapporte The Telegraph. George Osborne est actuellement en pleine finalisation du contrat avec le Parthénon. « Nous cherchons activement un nouveau partenariat concernant le Parthénon avec nos amis en Grèce et alors que nous entrons dans une nouvelle année, des discussions sont en cours », a réagi le British Museum mercredi auprès de l’AFP. Ce partenariat prend la forme d’un « accord majeur » pour contourner une loi anglaise datant de 1963. Celle-ci interdit le musée londonien de démanteler sa collection en cédant ou en vendant ses objets, sauf conditions extrêmement limitées.

« Nous n’avons pas le projet de changer la loi, qui empêche de retirer des objets des collections du musée, sauf dans certaines circonstances. » rapporte le porte-parole du Premier ministre du Royaume-Uni Rishi Sunak à des journalistes. Toutefois, le musée se défend : « Nous agissons dans le cadre de la loi et n’allons pas démanteler notre grande collection qui raconte une histoire unique sur notre humanité commune ». Une façon diplomatique d’équilibrer la balance entre le gouvernement britannique et les revendications helléniques. De la même façon, le Premier ministre grec Mitsotakis parle davantage d’une réunification que d’un retour des marbres du Parthénon. Lundi, lors d’un événement à la London School of Economic, ce dernier a déclaré : « Il est possible qu’une solution mutuellement avantageuse soit trouvée, les sculptures du Parthénon peuvent être réunifiées en tenant compte en même temps des inquiétudes du British Museum […] Je comprends qu’il y a une dynamique, je parle sciemment de “réunification” des sculptures et non pas d’un retour. »

Querelle diplomatique et patrimoniale

Athènes demande depuis le début du XXe siècle la restitution d’une frise de 75 mètres du Parthénon ainsi que d’une cariatide du petit temple antique Erechthéion situé sur le rocher de l’Acropole. Un accord de prêt qui ne met pas fin à la querelle entre l’Angleterre et la Grèce, celle-ci réclamant une restitution totale de son patrimoine historique. L’acquisition des précieuses pièces sème la discorde entre les deux états. Londres soutient avoir acquis légalement ces sculptures en 1802 via le diplomate Lord Elgin avant qu’elles ne soient acquises par le British Museum en 1832 dont elles constituent aujourd’hui des pièces maîtresses. La Grèce, elle, affirme que les pièces ont été pillées alors que le pays était sous occupation ottomane. 

Temple construit au Ve siècle avant Jésus-Christ, le Parthénon est aujourd’hui l’un des sites historiques les plus visités au monde. Les marbres en question sont donc extrêmement anciens, exceptionnels et ont été sculptés sous la direction de Phidias, l’un des plus prestigieux sculpteurs grecs. L’Etat grec a même construit un musée tout neuf en face du Parthénon pour accueillir les pièces si longuement demandées. Actuellement, des fragments du patrimoine historique grec sont dispersés dans d’autres pays. La France, par exemple, possède une plaque sculptée et achetée en 1879 par un diplomate français. Après une demande de restitution de l’objet par les autorités grecques en 2019, Le Louvre a uniquement accepté de prêter la plaque. De son côté, en janvier dernier, l’Italie a « loué pour 8 ans » à la Grèce son seul et unique fragment. La plus belle et récente restitution reste celle du pape François qui, en décembre, a rendu sans condition trois fragments à l’Eglise orthodoxe grecque qui étaient alors conservés au musée Gregoriano Profano au Vatican, et ce « en signe de dialogue œcuménique ». La capitale britannique œuvrera-t-elle a pleinement restituer son patrimoine à la Grèce ? 

 

Visuel : Grèce Parthénon Temple / © nonbirinonko – Pixabay

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Mai Linh Tang Stievenard

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