
Bourriaud VS Pellerin : polémique après l’éviction du directeur des Beaux-Arts
L’école d’art la plus prestigieuse du monde, la ENSBA aussi appelée Beaux-Arts de Paris, est tombée dans une polémique rocambolesque. Une histoire qui refléterait à travers l’éviction de Nicolas Bourriaud, ex-directeur de l’école supérieure nationale des Beaux-Arts, les souhaits de Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication mais aussi ceux de son possible remplaçant Eric de Chassey et ceux du président François Hollande et de son entourage…
Le licenciement de Nicolas Bourriaud a été soudaine. Par le biais d’un communiqué de presse publié le 2 juillet, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, a annoncé le départ du directeur de l’Ecole supérieure nationale des Beaux-Arts pour donner un nouvel élan à l’administration de l’école. Après 50 minutes de discussion, Fleur Pellerin n’est pas revenue sur sa décision, laissant l’essayiste, critique d’art et co-directeur du nouveau Palais de Tokyo de 50 ans sans emploi.
Diverses raisons au départ de Nicolas Bourriaud ont été invoquées: « mettre en place une gouvernance plus collaborative, imaginer les dispositifs permettant d’assurer une plus grande diversité sociale des étudiants, maintenir et amplifier le rayonnement international de l’établissement, non seulement par la mobilité des étudiants et des enseignants » ou encore « faire converger le patrimoine de l’Ecole et la création contemporaine ». Autant de points qui semblaient pourtant chers au directeur tout juste limogé, précise Télérama.
Devant son éviction, Nicolas Bourriaud s’est défendu dans la presse contre cette décision qu’il juge “politique”. Pour s’exprimer, il a convié la presse le 6 juillet au cocktail de fin d’année qui réunit traditionnellement les membres du personnel dans le jardin de l’école. “C’est un coup d’arrêt à une dynamique réelle qui n’a pas eu le temps de porter ses fruits”, a-t-il affirmé (propos rapporté par L’Etudiant). Interviews, lettre ouverte, réseaux sociaux, Nicolas Bourriaud s’est saisi de tous les moyens possibles pour dénoncer la fin brutale de son mandat qui avait pourtant été renouvelé l’an dernier pour trois ans à la tête de l’ENSBA.
Quel successeur? Rumeurs de favoritisme pour De Chassey
Et parmi ce flot d’informations, deux faits intrigants sont ressortis. Le premier : la question de son remplacement. Comme l’a révélé Le Canard Enchaîné, le successeur de Nicolas Bourriaud devait être Eric de Chassey, normalien, critique d’art et ancien directeur de la Villa Médicis à Rome, et mari de l’actrice Anne Consigny, amie proche de Julie Gayet. La comédienne et compagne de François Hollande aurait-elle donc pu jouer de son influence, comme le susurre la presse people ?
Des soupçons de népotisme flottent depuis cette affaire. D’autant plus que le 15 janvier 2014, Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture, avait dû se défendre publiquement d’avoir proposé de nommer Julie Gayet membre du jury de la Villa Médicis. “La ministre de l’époque avait assuré que c’était Eric de Chassey lui-même qui avait proposé le nom de l’actrice pour cette fonction”, explique Le Figaro. Mais aujourd’hui Fleur Pellerin jure qu’il n’a jamais été question de nommer Éric de Chassey à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts, et l’a fait savoir par un Tweet.
Désinformation. J’ai déjà démenti les allégations du Canard Enchaîné sur la nomination d’Eric de Chassey à l’ENSBA… @lesRepublicains (1/2)
— Fleur Pellerin (@fleurpellerin) 4 Juillet 2015
Deuxième fait intriguant, l’appel à candidature pour choisir le remplaçant est très court. Ce dernier a été lancé pour la direction de l’École. Il y aurait déjà plusieurs candidats, affirme l’entourage de la ministre, qui prendra sa décision dans l’été, afin que l’école ait un directeur à la rentrée. Mais pour Nicolas Bourriaud, c’est une procédure bâclée. Dans un entretien accordé à Télérama, il explique : « Je me demande aussi comment la ministre a pu lancer un appel à projet ouvert le 3 juillet et clôturé le 21 ! Cela fait 15 jours pour monter un projet, tout ça n’est pas très sérieux. C’est peu pour un poste comme celui-là. » A partir de ces points, les soupçons et les doutes se font de plus en plus grands quant à la possible influence de l’Elysée sur la nomination du prochain directeur.
Le recrutement se fera de manière transparente sur la base du meilleur projet proposé @lesRepublicains http://t.co/hRdxDs2JYt (2/2)
— Fleur Pellerin (@fleurpellerin) 4 Juillet 2015
L’annonce de l’éviction de Nicolas Bourriaud a été un petit coup de tonnerre dans le monde des arts et de la culture. Divers artistes de la scène européenne ainsi que les étudiants de l’école des Beaux-Arts ont lancé des pétitions sur PetitionPublique.org ou Change.org pour « soutenir l’ex directeur » et demander « la révision de la méthode de nomination » tandis que le principal intéressé est parti à l’étranger.
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