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Nelson Mandela, mort d’un symbole

Nelson Mandela, mort d’un symbole

06 December 2013 | PAR Ines Zorgati

Le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé ce soir à 22h45 le décès de Nelson Mandela. Il avait 95 ans. Portrait.

 

 

 

Symbole d’engagement politique et de liberté autant sur la scène internationale qu’en Afrique du Sud dont il a été le président emblématique de 1994 à 1999, Nelson Mandela fait incontestablement partie des grands hommes de ce monde. Un homme dont les combats et les accomplissements ne peuvent que forcer le respect. Retour sur les différents aspects de sa personnalité et sur la vie mouvementée de celui que l’on surnomme affectueusement Madiba.

Il serait extrêmement réducteur de cantonner Nelson Mandela à son seul rôle de président, ou encore uniquement à sa période en tant que prisonnier politique. Il a comme vécu mille vies en une, et c’est précisément cet enchaînement de statuts qui fait de lui un être exceptionnel, érigé en icône dans le monde entier. Jeune enfant élevé dans un village isolé, brillant étudiant en droit, membre emblématique de l’African National Congress (ANC), prisonnier politique pendant vingt-sept ans, puis prix Nobel de la Paix et premier président de la République d’Afrique du Sud, son parcours impressionne autant qu’il confirme sa légitimité en tant qu’ “Honneur de l’Humanité”, comme l’a récemment qualifié le Maire de Paris Bertrand Delanoë lors de l’inauguration de l’exposition Mandela à l’Hôtel de Ville de Paris.

Les racines d’un engament politique fort

Après une jeune enfance passée dans le petit village traditionnel de Mvezo, né en 1918 et élevé par une mère convertie au christianisme et un père chef du village, Rolihlahla Mandela est recueilli à ses neuf ans par un autre membre de sa famille, la perte de pouvoir et la mort de son père l’ayant laissé dans une trop grande précarité. Il quitte alors la vie traditionnelle pour le système colonial et est envoyé à l’école, où une institutrice lui attribue le nom aux sonorités anglaises de Nelson, puis à la prestigieuse université de Fort Hare. Il en fut renvoyé pour avoir démissionné de son siège de représentant des élèves et s’enfuit alors à Johannesburg pour échapper à un mariage arrangé. C’est dans cette ville que son engagement politique se développe, qu’il fait des rencontres qui le mènent à entreprendre des études de droit à l’université du Witwatersrand, qu’il devient membre de l’ANC en 1944 et fonde la ligue de la Jeunesse de l’ANC avec ses amis Walter Sisulu et Olivier Tambo.

Si l’ANC, à l’époque, organise principalement des actions protestataires contre la domination des Blancs sur les Noirs mise en place par les autorités colonialistes sous forme de lettres et de pétitions, la ligue de la jeunesse évoque la nécessité d’une action plus militante et efficace. Le droit de vote étant réservé aux Blancs, la mise en place de l’apartheid par le National Party dès son élection en 1948 pousse la communauté noire et Nelson Mandela à intensifier leurs actions de résistance non violente. Mais lorsqu’en 1960 la police ouvre le feu sur des manifestants et tue 69 personnes non armées venues protester contre le “pass”, un document gouvernemental que tous les Noirs devaient porter et qui limitaient leurs déplacements, Mandela et les membres de l’ANC, devenu illégale après cet événement, commencent à envisager la lutte armée.

En 1963, il est arrêté avec plusieurs de ses camarades au cours d’une descente des services de sûreté lors d’une réunion clandestine de l’ANC et condamné à la prison à vie. Il y restera vingt-sept ans.

De prisonnier à négociateur pour la paix et l’égalité, de président à icône

image7Mandela passe la majorité de sa condamnation dans une prison située sur l’île isolée de Robben Island, au large de Cape Town. Retenu dans des conditions déjà très dures aussi bien physiquement que psychologiquement, il souffre encore davantage de la perte de sa mère, décédée en 1968, et de son fils Thembekile, emporté l’année suivante par un accident de voiture. Alors qu’il est transféré en 1982 à la prison de Pollsmoor où il connaît quelques soucis de santé, la pression de l’opinion publique s’intensifie pour réclamer sa libération et la fin de l’apartheid. Le gouvernement sud-africain prend alors peu à peu conscience que ce système racial est hautement néfaste pour l’image et l’économie du pays, et réalise l’importance que peut avoir Mandela dans le débat. Progressivement, les politiques entament des négociations avec lui, et le libère finalement le 2 février 1990.

Il est récompensé par le prix Nobel de la Paix, obtenu conjointement en 1993 avec le chef d’État appartenant au Parti National Frederik de Klerk pour leur collaboration pour mettre fin à l’apartheid. En 1994, Nelson Mandela est élu à la tête du pays avec une vaste majorité et devient alors le premier président de la République d’Afrique du Sud. Bien que parfois critiqué pour ses résultats économiques insuffisants et son côté autocratique, il a été tout de même été le président du changement en menant une politique d’égalité, en accordant une place centrale aux Droits de l’Homme et au respect de la loi, ainsi qu’en mettant en place des programmes d’aide sociale aux plus démunis.

Après son mandat de cinq ans, il quitte le pouvoir avec le but de se consacrer prioritairement à sa famille. Il reste toutefois très présent dans les esprits en tant que symbole de la lutte pour l’égalité des Droits, et s’engage dans plusieurs actions caritatives. Il crée notamment l’organisation 46664 contre le sida et met en place la Fondation Mandela et le Nelson Mandela Children’s Fund, un fonds pour l’enfance.

L’exposition Nelson Mandela, de prisonnier à président a été exposée jusqu’au 6 juillet à l’Hôtel de Ville de Paris.

Visuels : © photos de l’exposition par Inès Zorgati

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Ines Zorgati

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