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Ils ont tué l’histoire-géo… Retour sur la scène de crime.

Ils ont tué l’histoire-géo… Retour sur la scène de crime.

02 January 2013 | PAR Le Barbu

Après avoir été supprimée le 19 novembre 2009 par Luc Chatel, alors ministre de l’éducation nationale, l’histoire-géographie devrait faire son grand retour en terminale S en 2013. La suppression de la discipline d’enseignement sous l’ère Sarkozy avait suscité beaucoup d’émoi et de colère dont nous fait part Laurent Wetzel dans son ouvrage intitulé « Ils ont tué l’histoire-géo », publié aux éditions François Bourin en aout 2012. Cet ouvrage, dont il nous a été offert d’en faire la critique, ne sera finalement que le point de départ d’une réflexion menée au sein de la rédaction de ToutelaCulture.

Laurent Wetzel, agrégé d’histoire, est un homme politique français, ancien élève de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, promotion 1969 où il a eu des enseignants prestigieux (Agulhon, Duby, Le Goff, Rémond …). D’abord professeur d’histoire-géographie dans le secondaire, Laurent Wetzel est devenu Inspecteur Pédagogique Régional en 1988. En retraite depuis septembre 2011, on lui reprochera son soit disant « voyage initiatique » de quelques mois dans les années 90 au sein du Front National, dont il critique ensuite les propos tenus par Jean-Marie Le Pen sur les camps de concentration… M. Wetzel demandera par la suite la dissolution sans attendre de ce parti, nuisible, raciste, négationniste et hors-la- loi.

L’enseignement de l’histoire-géo va mal. Mais ça, ce n’est pas nouveau. Depuis des années, sous des gouvernements de gauche comme de droite, les réformes se sont succédées mais n’ont fait qu’aggraver la situation.

Qui sont les responsables de ce fiasco et que faire ?


Dans son ouvrage Laurent Wetzel dénonce avec virulence les erreurs et les aberrations contenues dans les textes ministériels, le charabia des hauts fonctionnaires ainsi que l’incompétence de nombreux responsables de l’Éducation nationale. Un livre réquisitoire sur un sujet qui nous concerne tous. Un livre sulfureux écrit par un homme tout autant sulfureux.

Mais tout n’est pas perdu. Aujourd’hui une vraie réforme est possible si l’on s’appuie sur ceux qui croient encore à l’importance de l’enseignement de l’histoire-géographie.

Ils ont tué l’histoire-géo… Qui a tué l’histoire-géo ?

Tout de suite on a envie de répondre Lorànt Deutsch. Avec son célèbre “Métronome…”, livre et documentaire à succès, truffés d’erreurs et de parti pris, Lorànt ne témoigne pas d’une grande rigueur scientifique. Il ne cite jamais ses sources : aucune note de bas de page, aucune bibliographie, et encore moins d’annexes…On peut prétendre être passionné d’histoire, on ne peut se prétendre historien.

« L’histoire et la géographie ne sont pas des disciplines distractives. Un cours d’histoire ne consiste pas à raconter des histoires, même si le récit d’anecdotes révélatrices peut être le bienvenu. Un manuel de géographie n’est pas un « Guide du routard », même si le touriste peut en tirer profit pour agrémenter ses voyages »

L’histoire-géographie est une science qui n’est pas à la portée du premier amateur venu !

Qui sont les criminels ?

L’essai que publie Laurent Wetzel, argumenté et même technique, ne fait pas de cadeau à l’Éducation nationale. En plus de la suppression de la discipline en terminale S, en 2011, poursuit-il, l’agrégation d’histoire a offert à commenter un texte médiéval qui était un faux. Les programmes élaborés depuis 2008 par le ministère, ajoute Laurent Wetzel, comportent d’inexcusables erreurs et omissions… Autant de faits qui, cumulés, donnent la tendance: l’enseignement de l’histoire, en France, court au désastre.

Dans un autre livre, Vincent Badré, un jeune professeur d’histoire-géographie, dresse le même constat. Son ouvrage aborde le sujet à travers un panorama des programmes et des manuels scolaires montrant que la façon dont ceux-ci sont conçus et rédigés, majorant telle époque ou passant telle autre sous silence, magnifiant tel personnage ou occultant tel autre, influe en profondeur sur notre représentation du passé. Ainsi les générations des années 1970 et 1980 n’ont-elles pas la même conception de l’histoire de France que leurs aînées des années 1940 et 1950, parce qu’elles n’ont pas reçu le même enseignement, ni utilisé les mêmes manuels.

Le débat sur les contenus, les méthodes, et sur les objectifs d’enseignement n’est qu’un prétexte pour nourrir des guerres entre spécialistes, écoles et politiques, qui, au final ont eux aussi oublié les enjeux réels de la discipline. Un tour rapide des différents articles publiés sur internet et traitant de la question nous présente un déballage de frustrations, d’attaques, d’égos meurtris, de carriérisme politique…
L’histoire-géographie n’est pas une discipline distractive. Ceux qui ont suivi un cursus universitaire savent combien la rigueur et l’esprit critique sont des outils d’une importance capitale pour celui qui prétend faire de l’histoire et de la géographie.

On ne dit pas n’importe quoi. On n’écrit pas n’importe quoi.

Et finalement, au delà d’une pratique à la « papa » du genre « Alain Decaux raconte… », le véritable danger est l’instrumentalisation politique de l’histoire. L’écriture de l’histoire est, et restera toujours un enjeu politique et une source de tensions politiques. C’est une réalité, et ce n’est pas nouveau.

Bien que nous pouvons considérer comme légitimes les arguments cités par Laurence de Cock dans son article-analyse de l’ouvrage du Docteur Wetzel . On ne peut s’empêcher de nous demander ce que nous apporte le fait de savoir que Wetzel ait grillé la première place en histoire à Alexandre Adler ? RIEN. Comme on se fout de connaître les détails du conflit Cock-Wetzel. L’article tourne au règlement de compte inutile…Et en définitive, peu de solutions sont proposées aux enseignants qui se sentent un peu perdus, voir pris en otage entre les directives du ministère, les inspecteurs, les parents, et les élèves.

Il est donc nécessaire de faire un peu le point sur les véritables enjeux, sur les moyens, les difficultés et les méthodes de l’historien.

Du point de vue de l’historien, est considéré comme vrai ce qui correspond le plus possible au réel existant ou ayant existé. Sauf dans le cas de l’histoire “du temps présent” ou “immédiate”, l’historien ne peut observer directement son objet : l’histoire est une connaissance par traces.

L’histoire ne peut être une résurrection ou une reconstitution du réel passé, elle en est un “arrangement” (Jacques Le Goff). Pour être nécessairement subjective, toujours incomplète, jamais définitive, cette construction se doit, du moins, d’ être honnête.

La construction qu’est l’histoire concerne d’abord les sources. Il n’y a guère de “sources brutes”, sinon les squelettes ou les cernes de croissance des arbres par exemple. Le plus modeste tesson de céramique est déjà un effet de l’art, une construction humaine, l’expression d’une intention, d’une subjectivité. Mais, surtout, parmi l’ensemble des traces du passé qui sont à sa disposition, le chercheur fait des choix : il constitue un “corpus” de sources, privilégiant tel ou tel type de traces selon ses possibilités, ses compétences, procédant par échantillons quand les documents à sa disposition sont innombrables. En outre, son choix peut être limité par les difficultés d’accès à certaines archives (loi de 1979). Même quand les traces de la période qu’il étudie sont rares, l’historien (travaillant seul ou en équipe) ne saurait être exhaustif dans leur utilisation.

Cette sélectivité se retrouve dans le traitement des faits. Lucien Febvre écrivait : “Les faits : du donné ? non du construit”. D’une part, dans la masse des actes humains dont il retrouve la trace, l’historien opère des choix : il retient, généralement, ceux qui lui paraissent porteurs de sens (par rapport à sa problématique initiale), soit par leur fréquence, soit par leur caractère novateur, soit par leur retentissement (notion d'”événement”). D’autre part, ces “faits vainqueurs” qu’il retient, il les ordonne temporellement : s’il les présente le plus souvent dans l’ordre où ils se sont produits (chrono-logique), il lui arrive de procéder autrement et, de toute façon, il découpe le temps, introduit une périodisation faisant apparaître des phases, des étapes, des cycles, distinguant des temporalités multiples…

Cette construction s’achève par la “mise en texte” (le livre, le cours, etc.) par laquelle l’historien unifie le discontinu et l’hétérogène en une “totalité signifiante” (Ricoeur), “bouchant les trous” (Veyne), utilisant, sinon pour plaire, du moins pour convaincre, les ressorts d’une rhétorique et, là aussi, faisant des choix narratifs, stylistiques…

Dans cette série de choix s’expriment d’autres enjeux que le souci de la recherche de la vérité : l’idéologie de l’historien, sa perméabilité à la “demande sociale”, sa stratégie de carrière, etc… Ces choix sont plus ou moins conscients et, en tout cas, échappent le plus souvent à ceux qui le lisent ou l’écoutent. D’où l’intérêt d’un genre émergent, l'”ego-histoire” : l’historien propose – après coup – les clés de ses choix, retrace son itinéraire (cf. l’ouvrage collectif Essais d’egohistoire où l’ouvrage de Georges Duby, L’histoire continue; cela devient aussi une habitude dans les soutenances d’habilitation à diriger des recherches)

L’idée que l’histoire puisse être “objective” – au sens de restitution totale et impartiale du passé tel qu’il fût – est donc un non-sens. Mais il y a cependant, à défaut d’objectivité, des garanties contre la fantaisie de l’historien. D’abord son professionnalisme : depuis la fin du 19e siècle, la recherche et l’enseignement de l’histoire sont des métiers qui s’apprennent. Ensuite le fait que sa production s’effectue sous le regard critique de la communauté historienne (Karl Popper parle d'”intersubjectivité” et d’objectivité fondée sur “le caractère public et compétitif de l’entreprise scientifique”). Enfin le fait qu’une production historique digne de ce nom ne saurait être autoréférentielle : le “paratexte” (notes, inventaire des sources, bibliographie) fait que le texte historique est une construction vérifiable.

Aussi passionné puisse-t-il être, M. Lorànt Deutsch n’est pas un historien. Au lieu de poser pour la photo-couverture de son ouvrage avec une pile de livres dans les bras, nous lui conseillons de les lire, et surtout, de citer ses sources.

Mais revenons à notre public, le public scolaire.

Le plus important est d’apporter des outils à nos élèves, et une base de connaissances solides. Le plus important est que nos élèves aient des repères spatiaux et des repères chronologiques. Le plus important est que nos élèves puissent comprendre les enjeux d’une vie d’Homme, de ses interactions et son impact sur l’ environnement ainsi que sur ses semblables au sein des sociétés humaines.

L’objectif des enseignants : faire de nos élèves des citoyens autonomes, capables de faire des choix cohérents, et raisonnés, de comprendre le monde dans lequel ils vivent et de faire preuve d’esprit critique. Les élèves doivent donc d’abord donner du sens à ce qu’ils étudient en classe. La connaissance pure n’est utile que pour gagner au « Trivial Poursuit ». Et on sait très bien que la majorité de nos élèves ne deviendront pas des historiens. Mais ils auront besoin de l’histoire et de la géographie pour leur métier futur, ou juste pour voter et participer à la vie civique en toute conscience.
Les médias ne remplissant plus leur mission d’information, et les institutions instrumentalisant l’histoire-géo, il est nécessaire que nos élèves puissent être de véritables acteurs de leur vie, et non pas des moutons au service de lobbies ou de propagandes.

Nous conclurons en disant que M. Laurent Wetzel, malgré la mission louable qu’il s’est fixé, participe à la mort de ce qu’il défend dans son ouvrage, par la stérilité d’un débat qui finalement n’est qu’un règlement de compte politique au sein d’une institution qui est remarquable par son incompétence.

Les seuls dont la parole est surement plus légitime, sont les enseignants qui vivent au quotidien avec vos enfants, et qui sont les véritables témoins et acteurs du futur de nos sociétés.

C’est l’ignorance qui fait que le peuple est dans l’esclavage. Alors soyez libres, cultivez vous.

Nous vous conseillons de lire l’ouvrage suivant, publié par le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH), association de chercheurs et d’enseignants d’histoire « préoccupés par l’instrumentalisation politique de l’histoire »:
Laurence De Cock, Emmanuelle Picard (dir.), La fabrique scolaire de l’histoire. Illusions et désillusions du roman national, Marseille, Agone, 2009, 212 p. ».

 

Dans cet ouvrage dix auteurs se sont interrogés sur la construction des savoirs historiques dans l’enseignement secondaire. Le livre révèle et légitime l’existence d’une histoire des pratiques scolaires. Les auteurs s’efforcent de montrer en quoi l’histoire enseignée à l’école est une « fabrique », résultat de tensions entre, d’une part, des intérêts politiques et idéologiques traversant la société et, d’autre part, l’histoire en tant que discipline scientifique soucieuse de son autonomie. Ce sont donc les modes de production et d’utilisation de l’histoire scolaire qui organisent l’ouvrage. L’angle choisi est celui d’une analyse processuelle qui permet de saisir à la fois les attentes civiques qui pèsent sur l’enseignement de l’histoire et les tentations d’instrumentalisation qui peuvent les déborder.

 

(Certains passages de cet article, notamment concernant les méthodes de l’historien, sont empruntés au rapport de stage IUFM sur “Histoire et Vérité” de Jean Leduc, Octobre 2002.)

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Le Barbu
Le Barbu voit le jour à Avignon. Après une formation d'historien-épigraphiste il devient professeur d'histoire-géogaphie. Parallèlement il professionnalise sa passion pour la musique. Il est dj-producteur-organisateur et résident permanent du Batofar et de l'Alimentation Générale. Issu de la culture "Block Party Afro Américaine", Le Barbu, sous le pseudo de Mosca Verde, a retourné les dancefloors de nombreuses salles parisiennes, ainsi qu'en France et en Europe. Il est un des spécialistes français du Moombahton et de Globalbass. Actuellement il travaille sur un projet rock-folk avec sa compagne, et poursuit quelques travaux d'écriture. Il a rejoint la rédaction de TLC à l'automne 2012 en tant que chroniqueur musique-société-littérature.

10 thoughts on “Ils ont tué l’histoire-géo… Retour sur la scène de crime.”

Commentaire(s)

  • laurence De Cock

    Monsieur,
    Il n’y a pas de conflit “Cock-Wetzel”
    Si vous aviez lu attentivement le livre de Laurent Wetzel, vous auriez vu que c’est lui qui précise “avoir grillé la place d’Adler à Normale Sup”. je suis d’accord, on s’en contrefiche, d’où mon ironie.
    Pour le reste, un livre ordurier, un règlement de compte institutionnel. Un livre ultra réactionnaire à l’image de son auteur.
    Bien cordialement
    Laurence De Cock

    January 3, 2013 at 10 h 48 min
  • le barbu

    Madame,
    le passage vous concernant dans mon article n’était pas une attaque à votre encontre, je trouvais juste inutile de reprendre à plusieurs reprises dans votre article l’argument de pseudo victoire de Wetzel sur Adler… Je n’ai surement pas compris parfois votre ironie peut-être… Comme le fait de reprendre votre échange et la pique de Wetzel: « Vous ne serez jamais Inspectrice Générale »… Bref, je trouvais ça inutile. Et au final c’est jouer son jeu. Aucun intérêt.
    Au départ je devais faire un article sur son bouquin, et après lecture et qques recherches je me suis dis qu’il était surement plus intéressant de recentrer le débat sur les vrais problêmes: ceux de l’historien, et ceux de l’enseignant. Car au final, le plus important c’est ce qu’on met dans la tête de nos enfants qui est le plus important. Je suis assez bien placé pour le savoir car moi-même enseignant en histoire.
    Cordialement.
    Bruno Carbonari (Le Barbu)

    January 3, 2013 at 14 h 21 min
  • Eric Ingouf

    Voilà un formidable article qui recadre efficacement un débat essentiel: que disons nous de notre histoire à nos enfants?
    Notre pays malmène donc et son histoire et ses historiens. Il est certainement inadmissible que l’histoire ait disparu du programme de TS en 2011. Il n’est pas inutile dans ce cas d’interroger (et de lire…) les hommes et les femmes du ‘sérail’: les enseignants, les universitaires et les hauts dirigeants de l’EN. Il est aussi, en effet, urgent de rappeler la nécessité d’honnêteté dans la démarche intellectuelle de l’historien. Je pense aussi, enfin, qu’il faut savoir, au delà de la critique, condamner les fautifs avec la vigueur dont vous faites preuve.
    Eh, oui, Lorant Deutsch contribue au désastre! Mais peut-être aussi faut il alimenter la passion des Français pour leur histoire en écrivant des ouvrages lisibles par des adultes qui ne sont pas du sérail, qui n’ont pas une culture universitaire? Une forme de haute vulgarisation historique… Ma famille vient de Ste Marie-du-Mont dans la Manche, mon grand-père en était maire, la plage de la commune est devenue Utah Beach le 6 juin 1944. La (petite) librairie du Musée du débarquement à Utah Beach reflète bien ce contraste entre des publications ultra pointues et confidentielles et des best sellers d’un niveau intellectuel hasardeux. Il a là un champ de travail pour des historiens sérieux et sachant écrire le français.(Quoique l’excellent ouvrage de Gilles Perrault sur la commune de Ste Marie n’est pas perfectible).
    Je ne trouve pas les Français incultes, loin de là. Du moins pour nos générations. Espièglement(je suis professeur d’anglais), je trouve l’Histoire de France particulièrement difficile, avec ses chapitres sombres, ses trahisons, ses renoncements. Allez ainsi expliquer à des Britanniques qu’un président français,socialiste, a pu serrer la main du collabo Pétain? Supprimer quelques heures d’histoire en Terminale, c’est aussi contribuer à taire nos petitesses, non?
    Au-delà de cette lamentation nationale sur la mesquinerie dont sont victimes l’histoire et ses serviteurs, je signale ici un article qui a fait grand bruit au Royaume-Uni, et que l’on pourra lire avec profit: ‘The English bereft of history have lost their self respect’, de Martin Kettle, publié dans The Guardian le 13/12/12.
    Le phénomène que vous dénoncez serait il plus largement répandu?
    Eric Ingouf

    February 10, 2013 at 21 h 08 min
  • Laurent Wetzel

    Je viens de prendre connaissance, avec intérêt, de l’article consacré, le 2 janvier 2013, par Bruno Carbonari (Le Barbu) à mon dernier livre “Ils ont tué l’histoire-géo”.
    J’ai également pris connaissance des commentaires ci-dessus et notamment de celui de Laurence De Cock qui a écrit le 3 janvier 2013 que mon livre était “ordurier”.
    Je souhaiterais savoir en quoi mon livre est “ordurier” et connaître les “ordures” qu’il comporte, en particulier les ordures “brunes” puisque Laurence De Cock utilise cet adjectif de façon obsessionnelle depuis plusieurs mois à chaque fois qu’elle commente mon livre sur le site http://aggiornamento.hypotheses.org/ et ailleurs.

    February 23, 2013 at 16 h 06 min
  • Laurent Wetzel

    Une semaine après mon commentaire du 23 février 2013 concernant celui de Mme De Cock en date du 3 janvier 2013, je constate que Mme De Cock a été bien incapable de dire en quoi mon livre “Ils ont tué l’histoire-géo” est “ordurier”.
    J’en déduis que mon livre ne saurait en aucun cas être qualifié d'”ordurier” par celle qui l’a prétendu, sans doute dans un moment d’égarement.

    March 2, 2013 at 15 h 41 min
  • Eric Ingouf

    Non, ce livre n’est pas ordurier.
    C’est vraiment un réquisitoire contre le charlatanisme qui préside au choix des programmes d’Histoire-géo en France. L’exercice s’apparente à un relevé des ‘perles’ de l’administration et de quelques hommes politiques; un peu comme mes profs d’histoire faisaient l’inventaire de toutes les bêtises relevées dans les copies au moment d’une correction. Ce n’est pas inintéressant, mais un peu scolaire et fastidieux. Qu’importe, finalement, de savoir que tel ou tel ministre est ignare en Histoire? Hein?
    Par contre, il importe beaucoup, aux gens qui aiment l’histoire, aux érudits, aux élèves, aux parents, aux citoyens, de savoir pourquoi on a pu saborder cet enseignement. Même s’il reste en France des écoles où exercent d’excellents professeurs d’histoire (où l’on se gausse probablement du méta-langage et du méta-crétinisme relevé par l’auteur du pamphlet), mais où l’on se demande aussi avec perplexité ou consternation pourquoi certains élèves n’ont plus accès à cette matière.
    S’attaquer à l’enseignement de l’histoire-géographie est indubitablement un crime: il faut le dénoncer avec force, surtout dans un monde de management et de managers (cf l’anecdote de la page 96 du pamphlet).
    Ce qui fâche, finalement, et suscite des réactions passionnées, c’est la coloration politique de l’auteur, qui semble avoir flirté avec le Front National. Je l’écris ici avec la sérénité et le détachement d’un enseignant qui a formé 3000 officiers, sous-officiers et matelots, dans une école militaire française: il est scandaleux et méprisable de soutenir un parti antiparlementaire, ouvertement raciste et xénophobe, fasciste, quand on est un homme aussi instruit.
    Tirer des leçons du passé est l’une des tâches de l’historien. On ne peut prétendre avoir appris quelque leçon de l’histoire européenne du XXème siècle si l’on soutient un parti négationniste. Ou alors, on n’a rien retenu…
    Bien cordialement.
    Eric Ingouf, Ste Marie-du-Mont (50).

    March 7, 2013 at 23 h 32 min
  • Laurent Wetzel

    Dont acte. Eric Ingouf ne considère pas que mon livre soit “ordurier”.
    Mais c’est Laurence De Cock qui a utilisé cet adjectif pour le caractériser et j’observe à nouveau qu’elle est incapable de faire connaître les “ordures” qu’il comporte et, en particulier, les ordures “brunes” puisqu’elle utilise cet autre adjectif de façon obsessionnelle à mon encontre, depuis plusieurs mois, à chaque fois qu’elle s’exprime à mon propos sur le site aggiornamento et ailleurs. Quand on porte des accusations aussi graves, il faut être en mesure de les justifier, même si j’ai pu écrire avec un brin d’ironie qu’elle les avait sans doute proférées dans un moment d’égarement.
    Quand à ce qu’Eric Ingouf appelle mon “flirt avec le Front National”, je le renvoie à ma déclaration du 12 décembre 1997 devant le Conseil général des Yvelines, dans laquelle j’avais demandé la dissolution du Front National à la suite des propos que Jean-Marie Le Pen avait tenus à Munich, le 5 décembre 1997, devant son “ami” Franz Schönhuber, ancien membre du parti nazi et de la Waffen SS que dirigeait Heinrich Himmler. Ce jour-là, Jean-Marie le Pen avait déclaré : “Le peuple allemand a été le peuple martyr de l’Europe durant la Seconde Guerre mondiale (…). J’ai dit et je redis (…) que les chambres à gaz sont un détail de la Seconde Guerre mondiale (…). Si vous prenez un livre de mille pages sur la Seconde Guerre mondiale, les camps de concentration occupent deux pages.” Tous propos de Jean-Marie Le Pen qui, selon moi, exaltaient a posteriori la collaboration avec l’ennemi et appelaient la dissolution de son parti en application de la loi du 10 janvier 1936, complétée par celle du 5 janvier 1951.
    J’avais transmis cette demande de dissolution à Lionel Jospin, Premier ministre, et à Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’intérieur, avec copie à Jacques Chirac, Président de la République. Jacques Chirac n’en a pas accusé réception. Lionel Jospin et Jean-Pierre Chevènement ont rejeté ma proposition en s’abstenant de commenter mon argumentation.
    Depuis, la position officielle du Front National sur ce sujet a progressivement changé.
    Le 29 mars 2009, Marine Le Pen, vice-présidente du Front National, a déclaré à France 5 : “Je ne pense pas que les chambres à gaz soient un détail de l’histoire (…). La spécificité de la Shoah en a fait un symbole de la Seconde Guerre mondiale”. Elle avait déjà affirmé en avril 2008 : “Je ne partage pas sur ces évènements la même vision que mon père.”
    Le 3 février 2011, alors qu’elle venait d’être élue présidente du Front National, Marine Le Pen a déclaré au Point : “Tout le monde sait ce qui s’est passé dans les camps et dans quelles conditions. Ce qui s’y est passé est le summum de la barbarie, et, croyez moi, cette barbarie je l’ai bien en mémoire (…). Je ne me sens aucune filiation avec ce que fut l’armée allemande. Je n’ai aucune fascination vis-à-vis d’elle. Cette armée a assassiné nos pères et nos frères, je ne l’oublie pas. Et tous ceux qui font preuve d’ambiguïté sur le sujet m’agacent au plus haut point.” Et à la question du journaliste du Point : “Comme ceux qui font preuve d’ambiguïté sur la Shoah ?”, elle a répondu : “Oui, ils m’agacent de la même manière, c’est absurde.” Il y a là une évolution évidente.
    A propos du mot même de “Shoah”, je constate que Marine Le Pen n’a pas hésité à l’utiliser publiquement pour désigner le massacre des Juifs européens durant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il est banni des programmes d’histoire du primaire et du secondaire, aussi bien de celui des classes de CE2 – CM1 – CM2 de juin 2008 signé pour Xavier Darcos par l’actuel recteur Jean-Louis Nenbrini, que de celui de troisième signé par les mêmes et de celui de première L – ES – S signé en septembre 2010 pour Luc Chatel par l’ancien recteur Jean-Michel Blanquer. Xavier Darcos et Luc Chatel exerçaient alors leurs fonctions de ministres de l’Education nationale sous l’autorité de Nicolas Sarkozy et François Fillon qui n’ont rien trouvé à y redire, pas plus d’ailleurs que leurs collègues au gouvernement ou les dirigeants de l’UMP, du PS et du PCF. Je raconte et j’explique tout cela dans les pages 40, 41 et 42 de mon livre.

    March 10, 2013 at 19 h 38 min
  • Samedi 14 février 2015 – Café N°34 – « Désenseigner l’Histoire ? Oublier la France ! Oublier la Nation ! » Invité exceptionnel : Laurent Wetzel
    A PARIS Place de la Bastille – 16h00 !

    February 3, 2015 at 12 h 24 min

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