Le journaliste et écrivain, Gilles Lapouge, est décédé
Gilles Lapouge, écrivain et journaliste fasciné par le Brésil, s’en est allé vendredi 31 juillet à l’âge de 96 ans.
L’homme se définissait avec une maxime pleine d’humour, d’humilité, de curiosité et de malice : “Je suis plutôt un voyageur étonné qu’un étonnant voyageur“, confie l’un de ses fils, Jérôme, à nos confrères du Journal du Dimanche. Cette maxime se voulait être aussi une référence indirecte au fait qu’il participait très souvent au festival annuel de Saint-Malo “Etonnants voyageurs”.
Gilles Lapouge était l’auteur d’une vingtaine de romans, d’essais et de recueils. Son itinéraire de vie était particulier, et l’itinérance de ses études l’aura emmené à jeter un dévolu passionné sur le territoire du Brésil qui le marquera à jamais.
Un parcours de vie riche et aventureux
C’est en novembre 1923 qu’il naît à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence). Il passe toute son enfance en Algérie, en compagnie d’un père militaire. Ce sont ses études d’histoire et de géographie qui lui donneront l’occasion de se rende Outre-Atlantique. Là-bas, il croisera la route de Fernand Braudel, un grand nom de la recherche en histoire, prônant dans ses travaux “une histoire globale”. Grâce à lui, Gilles Lapouge rentre en tant que journaliste au quotidien brésilien O Estado de Sao Paulo. Durant trois ans, il s’installe au Brésil, et ce alors-même qu’il ne parlait pas un mot de portugais
Cette aventure aura été fructueuse. À tel point que dès qu’il retourne s’installer en France, il est nommé correspondant par le journal brésilien qui lui a permis de faire ses premières marques en Amérique latine. Jusqu’à la fin de sa vie, il signe des articles pour le O Estato de Sao Paulo, une collaboration s’étendant en tout sur soixante-dix ans. Le Figaro littéraire, Combat et Le Monde sont des titres de presses qui lui ont également ouvert leurs colonnes.
Il était également reconnu dans domaine audiovisuel. Gilles Lapouge aura été au côté de Bernard Pivot pour ses premières émission d’Apostrophes en 1975. France Culture lui ouvrait aussi ses portes avec l’émission “En étrange pays” qu’il produisait.
Mort à 97 ans d’un grand journaliste et d’un grand écrivain: Gilles Lapouge. J’ai dit, répété que j’aurais voulu écrire avec sa grâce, son humour, sa culture immense et originale, sa manière d’allier des mots qui ne se sont jamais rencontrés. Modeste jusqu’à partir un 31 juillet!
— bernard pivot (@bernardpivot1) July 31, 2020
Un homme de lettres reconnu et maintes fois récompensé
C’est en 1963 que Gilles Lapouge publie aux éditions Balland Un soldat en déroute, son premier roman. Par la suite, suivront vingt-cinq autres écrits couronnés par de nombreux et prestigieux prix littéraires. Ainsi, il remporte le prix des Deux Magots en 1986 pour le roman historique La Bataille de Wagram (Flammarion). En 2007, il rafle le prix Femina de l’essai pour L’Encre du voyageur en 2007 (Albin Michel) et, en 2014, le prix France Télévision lui revient pour l’essai intitulé L’Âne et l’Abeille (Albin Michel). Gilles Lapouge comptait également parmi les membres du jury du Prix Joseph Kessel, un prix qu’il avait reçu en 2002 pour son livre La Mission des frontières (Albin Michel).
Sa passion pour le Brésil – un pays qui ne l’a jamais quitté – transparaît dans son oeuvre, et l’inspirait directement. On retiendra le Dictionnaire amoureux du Brésil publié en 2011 chez Plon ansi que Nuits tranquilles à Bélem (Arthaud, 2015).
©Jérôme Garro/Wikipédia/domaine public