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L’ancien directeur de l’Institut Montaigne inculpé pour “administration de substance nuisible”

L’ancien directeur de l’Institut Montaigne inculpé pour “administration de substance nuisible”

19 November 2022 | PAR Mai Linh Tang Stievenard

L’ancien directeur de l’Institut Montaigne, Laurent Bigorgne, a comparu jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris.
Il est inculpé pour « administration de substance nuisible » à son ex belle-sœur et collaboratrice Sophie Conrad.

Un homme politique surmené

Laurent Bigorgne et Sophie Conrad se connaissent depuis qu’ils ont respectivement 18 ans et 11 ans. La grande sœur de Sophie Conrad se marie avec Laurent Bigorne mais ils finissent par divorcer. En 2020, Sophie Conrad a 41 ans et travaille à la mairie de Nancy, mais la majorité change de voie et la jeune femme est contrainte de trouver un autre emploi. Laurent Bigorgne, alors directeur de l’Institut Montaigne et considérant sa belle-sœur comme « une petite sœur », appuie sa candidature pour le poste de responsable du pôle politiques publiques du think tank libéral à l’Institut Montaigne, un laboratoire d’idées et de pistes de réflexions consacrées au service de la politique publique. L’agenda du directeur est chargé. Entre  interventions dans des colloques, déjeuners avec de grands patrons et rendez-vous avec des diplomates, les journées de Laurent Bigorgne sont harassantes. Mais personne jusque-là ne suspectait les raisons de l’agitation et du rythme effréné du directeur.

Une relation qui devient toxique

Progressivement, les relations entre Laurent Bigorgne et sa collaboratrice Sophie Conrad se délitent. Le directeur profite des liens familiaux partagés avec Sophie Conrad pour se rapprocher et émettre des propos déplacés. Si le prévenu déclare formellement qu’« il n’y a jamais eu d’ambigüités sexuelles » avec sa belle-sœur, une soirée à Marseille lors d’un déplacement professionnel remet en question ses allégations. En effet, ce soir-là, Laurent Bigorgne révèle à sa belle-sœur : « Il n’y a rien de mieux que les relations sexuelles sous l’effet de la cocaïne. » Sophie Conrad revient sur cette soirée et confie : « Il met de la musique, enlève ses chaussures… Je décide alors de retourner dans ma chambre. Laurent m’envoie un texto en me demandant s’il me fait peur, ce à quoi je réponds que je ne souhaite pas avoir de relations de travail ambiguës. » L’attitude de Laurent Bigorgne envers Sophie Conrad devient équivoque. Ce dernier adopte un comportement de plus en plus déplacé et insistant. Selon Sophie Conrad, son comportement passe de « joueur » à « intrusif ». L’aisance relationnelle dérive sur des propos de plus en plus gênants. Relations professionnelles et personnelles se mélangent.

De l’Institut Montaigne au tribunal 

Il faudra attendre la nuit du 22 au 23 février 2022 pour que les soupçons se confirment. Laurent Bigorgne avait invité sa belle-sœur à dîner dans son appartement parisien. L’homme politique souhaitait se détendre et passer une soirée au calme. Ce soir-là, Laurent Bigorgne a discrètement distillé trois cristaux de MDMA (Ecstasy, ndlr) dans la coupe de champagne de Sophie Conrad. Cette dernière avoue avoir eu des vertiges, des bouffées de chaleur et s’être empressée de quitter l’appartement malgré son état. Après des analyses de sang qui révèlent d’importantes traces de drogue dans son sang, Sophie Conrad porte plainte contre son beau-frère.

Aujourd’hui, la jeune femme confie être toujours sous anti-dépresseurs et affirme : « Je n’ai aucun doute sur le fait que son intention était de me violer. » Laurent Bigorne reconnaît les faits et admet : « Quand elle est partie, je me suis assis. Je me suis dit : avant, tu étais dangereux pour toi, maintenant tu es dangereux pour les autres. Je savais que ma vie allait changer (…) Quand les fonctionnaires de police sont entrés chez moi, c’était une forme de lâche soulagement. » 

Dans ses réquisitoires, le procureur s’est contenté de rappeler un point de droit : « La consommation de cocaïne est une circonstance aggravante, certainement pas atténuante. » Laurent Bigorgne encourt 18 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende. Le verdict du procès sera rendu le 8 décembre.

Visuel : Photo © Personne tenant un marteau / Ekaterina Bolovtsova

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Mai Linh Tang Stievenard

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