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La Kora de Ballaké Sissoko

La Kora de Ballaké Sissoko

10 February 2020 | PAR Zoé David Rigot

Le musicien virtuose Ballaké Sissoko, de retour à Paris après une tournée aux État-Unis, a retrouvé sa kora totalement mise en pièce dans son étui. Un mot des douaniers américains y était déposé, s’excusant de la gène occasionnée : il fallait vérifier les bagages.

Né à Bamako en 1968, Ballaké Sissoko commence à apprendre la kora en autodidacte : son père ne veut pas que son aîné devienne musicien. Après sa mort, il introduit tout de même l’Ensemble instrumental du Mali, alors qu’il n’a que 13 ans. Depuis, il joue de son instrument et obtient une notoriété internationale, jouant sur les grandes scènes de jazz. En 2009, il enregistre notamment le disque Chamber Music avec Vincent Segal, avec qui il est enregistré au Tiny Desk Concert en 2011.

 

Après une tournée aux États-Unis où il avait joué dans plusieurs villes, Ballaké Sissoko revient en France mardi dernier. La boîte de son instrument a été ouverte et son instrument démonté par les douanes… or, on ne démonte pas un instrument à cordes !

La polémique bat son plein, car la Transportation Security Administration (TSA) qui réalise le contrôle des bagages, nie toute l’affaire : elle n’est pas la cause du démantèlement de l’instrument, qui aurait été simplement endommagé dans les transports. Corrine Serres, sa manageuse, est outrée et déplore ce mensonge grotesque. Elle est décidée à déposer une plainte, avec l’appuie de la productrice et ethnomusicienne Lucy Duran, qui se demande avec indignation dans un communiqué sur Facebook si les douanes auraient osé démanteler un stradivarius… et puis, “auraient-elles fait une telle chose à un musicien blanc jouant d’un instrument classique ?” demande-t-elle dans le communiqué.

Le précieux instrument aura besoin de longues semaines avant de pouvoir retrouver “son état de résonnance antérieure”, déclare Ballaké Sissoko sur ce même communiqué. En effet, il faut des années pour qu’un tel instrument gagne en sonorités et acquiert une telle présence. Bien qu’aucune des parties de l’instrument n’aient été abimées, Sissoko précise que “le col a été enlevé. Les cordes, le chevalet et tout le système d’amplification du son, délicat et complexe, ont été démontés. La kora est en morceaux”. C’était un modèle sur mesure, fabriqué dans le respect de la tradition mandingue. La kora compte vingt et une cordes, et est constituée d’une calebasse recouverte de peau de vache très sensible aux altérations. Artiste très respecté de cet art, Sissoko appuie le fait qu’il ne pourra plus jouer avec cette précieuse kora.

Sissoko devait enregistrer cette semaine son prochain album, mais tout a dû être annulé. Un grand sentiment d’injustice se fait sentir de tous côtés; aussi une grande tristesse s’empare du maître qui devra attendre jusqu’au 27 février, la veille du prochain concert, pour recevoir un nouvel instrument. Ceci ne va pas être facile, car comme le précise le musicien et sa manageuse, la kora a besoin d’être beaucoup travaillée afin de d’acquérir tous ses sons et toute sa puissance… ce sera donc l’occasion d’aller le soutenir en concert, car il n’y a aucun doute que Ballaké Sissoko saura dresser l’instrument ancestral.

Il reprendra donc une tournée avec son album At Peace, à partir du 28 février 2020 où il se présentera au Comptoir – Halle Roublot, à Fontenay Sous Bois.

 

 

Visuels : ©All creative commons.

 

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