
Kirill Serebrennikov condamné au terme de son procès en Russie
S’il écope de trois ans de prison avec sursis, le réalisateur et metteur en scène de théâtre, acclamé à Cannes et à Avignon, n’échappe pas à l’amende et à l’interdiction de diriger tout organisme culturel.
Révélé sur le plan de la mise en scène de théâtre au Festival d’Avignon 2015, avec Les Idiots, adaptation du film de Lars von Trier, transposé dans la Russie actuelle, et très provocatrice – avec notamment des scènes traitant de corruption ou d’homophobie – puis confirmé avec son adaptation des Âmes mortes, et avec Outside (pièce distinguée en France en tant que Meilleur spectacle étranger, par les Prix du Syndicat de la Critique 2020), Kirill Serebrennikov a vu également ses talents de réalisateurs être salués au Festival de Cannes, d’abord avec Le Disciple, puis avec Leto, en Compétition pour la Palme d’or en 2018. Guère apprécié par le gouvernement russe de par les thèmes qu’il aborde, et la manière dont il les traite, entre autres, et déjà condamné entre 2017 et 2019 à une assignation à résidence, il a vu le verdict de son procès être rendu le 26 juin. Accusé de détournement de fonds quant à des subventions publiques, au cours de sa direction du Théâtre Centre Gogol à Moscou, il s’est vu infliger, par le tribunal Mechtchanski de Moscou, trois ans de prison avec sursis, ainsi qu’une amende de 800 000 roubles (10 000 euros environ), trois années de mise à l’épreuve, et une interdiction de diriger toute structure culturelle.
Au cours des trois années qu’aura duré le procès, Kirill Serebrennikov s’est toujours déclaré innocent, et ses partisans ont considéré cette affaire comme politique avant tout, et liée aux questions quant à la liberté d’expression en Russie, actuellement. La juge Olessya Mendeleïeva a estimé que “la réhabilitation de Serebrennikov [était] possible sans peine réelle” de prison. Trois personnes – ses adjoints dans ses activités théâtrales – à ses côtés sur le banc des accusés ont également été condamnées à de la prison avec sursis et à des amendes (dont une couverte par la prescription, pour l’une de ces accusées).
Le lundi précédent, le parquet avait demandé une peine de six ans fermes de prison contre Serebrennikov. Ce sont donc des applaudissements, émanant de quelques centaines de personnes rassemblées devant le tribunal, qui ont donc accueilli la sortie du réalisateur et metteur en scène. Celui-ci a déclaré qu’il allait faire appel – ainsi que ses coaccusés – et a salué ceux qui le soutiennent.