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Cannes 2018 : “Leto” de Kirill Serebrennikov, plonge la Compétition dans la musique de l’URSS des années 1980

Cannes 2018 : “Leto” de Kirill Serebrennikov, plonge la Compétition dans la musique de l’URSS des années 1980

10 May 2018 | PAR Yaël Hirsch

Accusé de « corruption massive » par le Comité d’enquête russe, Kirill Serebrennikov est assigné à résidence depuis août 2017. Il est absent de la Croisette mais pas son nouveau film, Leto, une ode en noir et blanc au rock des années 1980 à Leningrad. Une oeuvre onirique plus que politique.

[rating=3]

Tout commence dans une salle de concert remplie de jeunes aussi en colère contre l’autorité qu’à l’Ouest. Nous sommes à Leningrad, dans les années 1980, les coupes sont encore un peu hippie, les icônes s’appellent Lou Reed ou David Bowie et la star est Mike (Roman Bilyk). Le jeune Viktor Tsoï (Teo Yoo) va se rapprocher de ce dernier et de sa femme, la belle Macha (Irina Starshenbaum) et entamer une carrière de légende…

Filmé en noir et blanc en cercles harmonieux dans un mouvement aérien où la caméra vient balayer les corps des jeunes acteurs nus dans la nature ou en performance sur scène, Leto (“L’Eté” en français) est un bel objet esthétique. Le même riff incessant baigne le film et plonge le spectateur en apnée, les paroles sont rebelles et l’ambiance est là, tendre et nostalgique, d’une jeunesse en révolte. Ultimes fioritures, quelques graffitis blancs viennent parachever l’image comme des insignes de guerre et quelques couleurs apparaissent à l’image comme des flashs.

C’est beau donc, mais le spectateur, qui s’attendait à quelque chose de plus politique et de plus contestataire, est très surpris : l’autorité est à peine figurée par quelques policiers dans un bus et par l’appel pour servir en Afghanistan, tandis que la fête continue et que le vrai enjeu est de savoir si la disco va remplacer le rock. Une sorte de mélange entre Les Amants réguliers de Philippe Garrel et de Eden de Mia Hansen-Love, version soviétique.

Leto, film de Kirill Serebrennikov, avec Roman Bilyk (Mike), Irina Starshenbaum (Natasha), Teo Yoo (Victor), Russie, 2017, présenté au festival de Cannes, en compétition officielle. Durée : 126 minutes.

Retrouvez tous les articles de Toute La Culture sur le Festival de Cannes dans notre dossier Cannes 2018

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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