Performance
Le Kunstenfestivaldesarts invite à la dark pyjama party de Sarah Vanhee

Le Kunstenfestivaldesarts invite à la dark pyjama party de Sarah Vanhee

10 May 2018 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Alors “ça”, “ça” ne peut se voir qu’ici, au Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles, qui depuis presque trente ans assume un geste radical et fait une place immense à la performance. Ne ratez pas Unforetold, la pièce folle de Sarah Vanhee.


Le spectacle de Sarah Vanhee est programmé à Nanterre-Amandiers dans le cadre de Mondes Possibles (du 18 au 20 mai)
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[rating=5]

La très belle salle du KVS de Bruxelles est plongée dans le noir, un noir à faire enrager Joël Pommerat. Tout est voilé, même les sorties de secours. On ne voit rien sauf un texte qui commence par nous irriter. Qu’est-ce que la beauté ? Qu’est-ce que l’invisible ? Qu’est-ce que le sombre? On craint de voir se jouer ici une parodie involontaire du théâtre contemporain. Il n’en est rien.

Tout cela est une farce : un jeu d’enfant. Et ces enfants-là, comme tous les enfants, et pas mal d’adultes, ont peur du noir. Alors, ils se rassemblent, et créent un monde où les ombres sont des baleines échouées venues d’autres planètes et où la langue ne veut plus rien dire.

Luka Arlauskas, Warre Beyens, Finne Duym, Monica Keys, Sudenaz Kolukisa, Lily Van Camp & Timon Vanden Berghe campent chacun leur rôle, celui d’individus petits, posant un regard neuf sur le monde. On retrouve ici tous les gestes qui construisent l’imaginaire des enfants. Ils inventent à partir de rien. Une couverture de survie devient une planète. Enfin, on imagine, car la scénographie nous plonge elle aussi dans le noir. On ne voit presque rien, et c’est dans le presque que se niche le tout.

La boîte noire, c’est ce qui enregistre les données d’un voyage et Sarah Vanhee nous embarque très loin dans un trip interstellaire. Travailler le noir comme objet lumineux n’est pas une idée neuve (merci Soulages), mais cela est une idée brillante tout de même. Son oeuvre est à la croisée des routes tracées par Perez et Boussiron (pour les touches “kitsch”), par Philippe Quesne (pour les voyages lointains) et par Roméo Castellucci (pour la part plastique).

On sort de là apaisé. Le spectacle opère sur nous comme l’histoire lue aux enfants pour faire passer l’instant entre l’éveil et le sommeil, entre chien et loup, pour que le noir soit un allié.

Jusqu’au 13 mai au KVS Box, Quai aux Pierres de Taille 7, à Bruxelles
Infos ici.

Visuel © Sarah Vanhee – Unforetold © Doug Perrine

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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