Jack Youngerman est mort
Formé, entre autres, aux Beaux-Arts de Paris à la fin des années 1940, le peintre et sculpteur Jack Youngerman est mort ce 19 février 2020 à Stony Brook, New York, alors qu’il avait 93 ans.
He applied his exuberant palette to a series of fiberglass constructions he called relief paintings, whose whirls and whorls and candy colors suggested pinwheel lollipops or psychedelic seashells https://t.co/Vn0XZ9ZQDg
— New York Times Arts (@nytimesarts) February 21, 2020
Jack Youngerman est né le 25 mars 1926 à Saint Louis, dans le Missouri, et dès 1929 sa famille déménage dans le Kentucky. Son enfance est très vite marquée par le divorce violent de ses parents, par la mort par overdose de son frère aîné et par la dépression de son père, qui passe le reste de sa vie à l’hôpital. Dans le cadre d’un programme éducatif de la marine américaine, il reçoit une bourse qui lui permet d’étudier à l’université. C’est là qu’il participe à son premier cours d’art, et tombe amoureux de cette discipline. Démobilisé après la guerre, il perçoit une aide qui permet aux soldats de reprendre les études et décide de partir à Paris, où il est accepté aux Beaux-Arts. Il visite entre autres le studio de Jean Arp, pour qui il a des affinités, et celui de Brancusi, qui l’inspire. Il rencontre Ellsworth Kelly et Eduardo Paolozzi avec qui il se lie d’amitié et avec qui il exposera plus tard.
En 1950, il se marie à l’actrice et militante féministe Delphine Seyrig, avec qui il a un fils, Duncan. Il voyage en Europe et en Europe de l’est, portant toujours dans ses pensées les peintures et collages de Braque, Matisse et Picasso. Il peint et dessine beaucoup, tentant de se démarquer du léger impressionnisme abstrait français d’après guerre, disait-il dans une interview avec Barbara Rose au Guggenheim Museum. Ses peintures se caractérisent en effet par une recherche géométrique abstraite, une intensification des hard edge (une transition de plus en plus brusque entre les couleurs et les formes), et sont marquées par le constructivisme. Peu à peu, il assied son style. En 1951, il présente sa première exposition en solo à la Galerie Arnaud à Paris. Celle-ci le propulse dans le monde de l’art, et, à la demande de la galeriste Betty Parsons, il part et s’installe à New-York en 1956. Là-bas, il se trouve aux côtés de grands artistes contemporains tels que Jasper Johns, Kelly, et Frank Stella, avec qui il participe à l’exposition 16 Americans au Museum of Modern Art, mais desquels il se démarque de par ses travaux à plus petite échelle et ses affinités particulières pour ces formes organiques et géométriques abstraites qui lui sont propres.
Jack Youngerman, American abstract painter, 1926–2020https://t.co/fld13PNJ2K pic.twitter.com/S8OduYk2nB
— ArtReview (@ArtReview_) February 25, 2020
Jack Youngerman ne cesse d’expérimenter avec son art tout au long de sa vie, allant peu à peu au delà des oeuvres en deux dimensions (même si ses tableaux, très géométriques, en découpages colorés et profonds, semblent saisir l’espace sur plusieurs volumes). Il s’essaye à la sculpture, avec des formes noires – toujours géométriques, comme en mouvement – dressées et courbées dans l’espace, en fibre de verre, aluminium, et parfois de métal.
Peintre de la géométrie abstraite qui allait au delà des limites dimensionnelles, il a influencé le développement de l’art abstrait new-yorkais des années 1960, et en a inspiré plus d’un·e.
Visuel : Photographie d’un tableau de Jack Youngerman, Untitled, 1978 ; sculpture de Sarah Stransky; exposition du © Montclair Art Museum, 2018. All creative Commons.