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Des théâtres occupés, une culture en danger

Des théâtres occupés, une culture en danger

10 March 2021 | PAR Camille Bois Martin

Depuis une semaine, les théâtres deviennent parmi les rares scènes où la culture peut encore s’exprimer, ou du moins l’essaye : cinq théâtres sont aujourd’hui occupés. Tous revendiquent la réouverture des établissements culturels, fermés depuis fin octobre, ainsi qu’une assurance financière pour les intermittents du spectacle.

Fédérés mais angoissés : les revendications des “oubliés”

De Paris à Strasbourg, en passant par Nantes et Pau, les théâtres, bien qu’obligés de rester fermés, sont aujourd’hui habités par une nouvelle foule qui, fatiguée d’être délaissée et oubliée n’a d’autre choix que de manifester. 

L’occupation du Théâtre de l’Odéon qui a débuté le jeudi 4 mars à l’initiative de la CGT-Spectacle, a rapidement été suivie par celle du Théâtre de Saragosse à Pau dès la nuit du 9 au 10 mars. Depuis hier, le Théâtre de la Colline à Paris et le Théâtre national de Strasbourg ont également pris la même décision ;  aujourd’hui, c’est au tour du Théâtre Graslin de Nantes. Plus d’une cinquantaine de personnes sont présentes sur chaque manifestation, parmi lesquelles des étudiants comme des professionnels du monde du spectacle. 

Face à l’angoisse de cette dernière “année blanche”, les revendications sont partout les mêmes : la réouverture des lieux de cultures dans le respect des consignes sanitaires, une aide financière pour le secteur culturel et ses acteurs les plus fragilisés. Mais le Théâtre national de Strasbourg ainsi que le Théâtre de la Colline, occupés majoritairement par des étudiants, demandent aussi des aménagements pour ces derniers, en situation de grande difficulté et à qui, au théâtre comme à la fac, on ne laisse que très rarement l’occasion de s’exprimer.

« Bachelot, si t’ouvres pas, on vient jouer chez toi ! »

Les vagues de spectateur qui envahissent habituellement les rangs des salles de théâtres sont remplacés par une vague de colère générale face à cet abandon de la culture. Si la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot s’est rendue au Théâtre de l’Odéon samedi 6 mars, celle-ci n’en a conclu aucune décision. Elle « comprend » (comme elle l’écrit sur twitter) ; mais elle ne semble pas entendre.

Certains slogans, au pied du Théâtre de la Colline lui crient alors « Bachelot, si t’ouvres pas, on vient jouer chez toi ! » ; d’autres, sur la façade de du Théâtre de l’Odéon, s’adressent au Premier Ministre, Jean Castex, sur une large affiche d’un rouge aussi intense que la colère et l’urgence de la situation : « REND L’ART, J€AN ! ». 

Ce mercredi 10 mars, cinq théâtres semblent reprendre vie ou, tout du moins, sont en situation de survie. Plus forte que la pandémie, la culture propage sa « rage », cherche à se faire entendre et comprendre par un mouvement qui appelle les autre théâtres français à le rejoindre. C’est d’ailleurs ce que confie sur un ton presque menaçant l’acteur Samuel Churin, présent à l’Odéon, au magazine Les Inrockuptibles dans une interview publiée aujourd’hui : “Nous occuperons tous les théâtres de France”.

Si une réouverture des lieux culturels n’est toujours pas annoncée, la culture, elle, n’a pas l’intention de renoncer. 

©Visuel d’en-tête : Pierre Lou Quillard 

©Deuxième visuel : Anaëlle Padé

L’agenda classique et lyrique de la semaine du 9 mars 2021
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Camille Bois Martin
Étudiante en Master de Journalisme Culturel (Sorbonne Nouvelle)

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