
Crise aux César : dernier acte avec la démission collective de l’Académie ?
Après moult remous et polémiques, l’Académie des César annonce sa « démission collective », juste deux semaines avant la prochaine cérémonie.
Coup(s) de théâtre aux César
L’ensemble de la direction de l’Académie, accusée d’opacité et de dysfonctionnements, a démissionné ce jeudi 13 février, au soir, à seulement deux semaines de la grand-messe annuelle du cinéma. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le contexte est assez explosif, entre l’affaire Polanski, la nomination de Ladj Ly, les soutiens d’Adèle Haenel et la pétition … L’édition 2020 promet d’être historique.
Une pétition qui fait couler beaucoup d’encre
Début février, le journal Le Monde a dévoilé l’existence d’un manifeste signé par quatre cents personnalités du monde du cinéma dont Bertrand Tavernier, Jacques Audiard, Céline Sciamma, Marina Foïs et Agnès Jaoui. Ces derniers réclament « réforme en profondeur ». Parmi leurs griefs, ils mettent en cause une « opacité des comptes » et des statuts qui sont d’un autre temps et qui reposent encore sur la « cooptation ». Le producteur Vincent Maraval résume ainsi la situation sur Twitter :
Une poignée d homme pose problème dans le cinema français en se co-optant mutuellement depuis 30 ans a la tete de toutes les commissions, toutes les organisations alors qu ils n ont rien produit depuis ces memes 30 ans. Outre d être illégitime, ils empêchent le renouvellement https://t.co/OEi5qiNlTB
— VINCENT MARAVAL ?? (@MARAVALV) February 11, 2020
La crise couve ainsi depuis des mois au sein de l’institution créée en 1975, cette pétition n’en est que la manifestation. Il faut rappeler qu’actuellement toutes (ou presque) les institutions récompensant le cinéma sont critiquées et les Oscars ou les BAFTA ne font pas exception.
En réponse à tout ce mécontentement ambiant, l’Académie a sans doute pensé qu’elle n’avait pas d’autre choix que celui de démissionner.
Il faut rappeler qu’avant de prendre cette mesure radicale, elle avait annoncé vouloir mettre en place des mesures en vue d’instaurer la parité au sein du collège des votants. Cette proposition a été immédiatement jugée insuffisante par ceux qui ont paraphé la missive contestataire.
Une démission multiple
La 45e cérémonie des César qui se tient le vendredi 28 février prochain ne devrait pas être impactée car l’Académie ne démissionnera qu’au lendemain de la soirée en l’honneur du cinéma.
« Pour honorer celles et ceux qui ont fait le cinéma en 2019, pour retrouver la sérénité et faire que la fête du cinéma reste une fête, le conseil d’administration de l’Association pour la promotion du cinéma (Académie des arts et technique du cinéma) a pris la décision à l’unanimité de démissionner. Cette démission collective permettra de procéder au renouvellement complet de la direction. »
Alain Terzian était président de l’Académie depuis 2003.
Des réactions
L’une des signataires, Marina Foïs a commenté sur Franceinfo : « C’est très agréable d’être entendu et puis c’est assez inédit une réponse aussi rapide ». Elle a également loué leur sagesse : « C’est notre sens de la responsabilité qui nous a fait nous exprimer, c’est le leur qui les a fait démissionner ».
Le cinéaste Michel Hazanavicius, un autre pétitionnaire, de son côté, assure au micro d‘Europe 1 qu’il n’y a aucun lien entre la polémique Polanski et la démission d’Alain Terzian : « Je crois que les deux événements n’ont pas grand-chose à voir en réalité. ». Et il salue « une très bonne décision » car pour lui, « la cérémonie n’était pas la vitrine souhaitée du cinéma français ».
Le ministre de la Culture, Franck Riester a, quant à lui, longuement expliqué son point de vue sur quatre gazouillis, sur le réseau social à l’oiseau bleu :
L’Académie des #César est une institution de droit privé qui n’est pas financée par des fonds publics et qui bénéficie d’une indépendance qui doit être préservée. 1/4
— Franck Riester (@franckriester) February 13, 2020
Sa gouvernance doit être guidée par un fonctionnement démocratique et des exigences d’ouverture, de transparence, de parité et de diversité. 2/4
— Franck Riester (@franckriester) February 13, 2020
Cette gouvernance renouvelée doit permettre de représenter le cinéma français dans toute ses esthétiques et sa diversité afin de permettre à l’Académie de continuer à incarner son rayonnement. 3/4
— Franck Riester (@franckriester) February 13, 2020
Dans cette période de transition, j’ai demandé au Centre national du cinéma d’accompagner l’Académie pour la rédaction des nouveaux statuts de l’association, en concertation avec les professionnels concernés et dans le respect de ces principes. 4/4
— Franck Riester (@franckriester) February 13, 2020
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